25 nov. 2007

DECOUVERTES HORS NORMES : INTERVIEW DU CRYPTOZOOLOGUE JEAN-LUC DREVILLON

Jean-Luc Drevillon, vous êtes un chercheur indépendant en Cryptozoologie. Pouvez-vous nous dire qu’est-ce qui vous prédestinait dans votre parcours personnel ou professionnel à faire ce type de recherches ?

J.L.D : J’ai commencé à m’intéresser aux homins vers l’âge de 10 ans au début des années 1980 avec d’abord la venue au cinéma du film « L’empire contre attaque ». J’ai aimé tout de suite ce wookiee nommé Chewbacca et j’ai été attiré par ces créatures bipèdes au corps couvert de poils qui se distinguent de nous par leur pilosité. Ensuite, sont venues les informations aux sujets de l’homme sauvage de Chine et j’ai vu que les créatures de mes rêves existaient vraiment. J’aimais aussi les gorilles et j’étais subjugué par l’un d’eux, Copito de Nieve, le gorille albinos du zoo de Barcelone. Il n’y a qu’à partir du début des années 1990 que je me suis vraiment lancé dans l’hominologie car durant toute mon enfance et mon adolescence j’avais été étouffé par mes parents et mes passions étaient réprimées. J’ai constaté que la grande majorité des publications consacrées à la cryptozoologie étaient en Anglais, et j’étais nul en anglais. Je me suis mis sérieusement à cette langue et progressivement je me suis spécialisé dans la traduction de l’anglais vers le français. Pendant plusieurs années j’ai traduit pour mon compte en manuscrit des textes tirés d’internet et j’ai rempli des classeurs de milliers de pages écrites au stylo. Et j’étais toujours isolé pourtant. Au début des années 2000 j’ai connu Christian le Noël de l’AFRC et par son entremise j’ai connu d’autres cryptozoologistes, François de Sarre, Jean Roche, Philippe Bloch, Axel Mazuer. J’ai alors travaillé pour le compte de l’AFRC en fournissant des traductions pour Christian et pour l’association. Autour de 2003 Jean Roche et Olivier Décobert ont créé le premier forum francophone d’hominologie. Je m’y suis inscrit et progressivement je me suis mis à mettre ma traduction au service des membres du forum. En 2005 le forum est transféré sur Google et j’en deviens le gestionnaire. Depuis je suis toujours le gestionnaire de ce groupe et je mets mes traductions au service de tous : Forum Homonologie

Il y a deux ans à la demande de Christian j’ai ouvert le site internet de l’association


Je ne suis pas un traducteur professionnel, je fais cela gratuitement en tant que bénévole. Je n’ai pas d’autre chose à faire. Je ne travaille pas, étant handicapé je vis d’une AAH.

Vous êtes notamment le responsable du site Internet de l’AFRC (Association Française de Recherches Cryptozoologiques), mais vous collaborez également avec d’autres chercheurs, quels sont ceux qui vous paraissent les plus intéressants ?

J.L.D : Oui, Je collabore d’abord avec Christian, c’est d’ailleurs le seul cryptozoologiste qui habite Toulon. Chaque semaine je vais chez lui et je lui apporte mes traductions et toute l’iconographie que je trouve sur internet. Dans l’AFRC la personne la plus intéressant à mon avis est François de Sarre, zoologiste, il a élaboré la théorie de la bipédie initiale et fait partie de ces chercheurs qui considèrent que l’évolution humaine est passé par une phase aquatique à partir d’un homoncule primordial. Ses sites sont ceux du CERBI ou SITE MIROIR.

Un autre chercheur intéressant est Axel Mazuer, cryptozoologiste et bibliothécaire archiviste il s’intéresse à notre domaine mais se spécialise aussi dans l’ufologie et le paranormal. Il a collaboré récemment avec un dessinateur pour créer un album de BD intitulé Les Portes de Shamballah.

Meet the Sasquatch par Christopher L. Murphy

Pour vous, quelles sont les dernières grandes avancées en matière de Cryptozoologie ? En matière notamment de découvertes de nouvelles espèces ?

J.L.D : Pour moi la dernière grande avancée en matière d’hominologie ne concerne pas la discipline elle-même mais se trouve en paléanthropologie, c’est la découverte de l’Homo Floresiensis, vulgairement nommé le « Hobbit » par les médias. En septembre 2003 dans l’île indonésienne de Flores, un minuscule squelette d’hominidé était découvert, il semblait être dérivé de l’Homo habilis ou de l’Homo erectus, mais en plus de sa taille la grande surprise vint de la datation de ses os qui le fixait à 18 000 ans, une date tout à fait récente en paléanthopologie et bien sûr plus récente que n’importe quel autre hominidé fossile Non-Homo sapiens. L’autre surprise est venue de la révélation publique de récits datés de la colonisation néerlandaise du XVIe siècle au sujet de la présence contemporaine à cette époque d’un homoncule chevelu dans l’île de Flores nommé Ebu Gogo. Selon les indigènes c’était de petits êtres de 1 mètre de haut, avec de longs cheveux, un ventre rond, des oreilles décollées, marchant maladroitement, capables de grimper aux arbres à la vitesse de l’éclair, qui se murmuraient des choses et étaient capables de répéter les mots à la manière des perroquets. Ils auraient été exterminés par les indigènes. La relation avec l’Homo Floresiensis fut tout de suite établie et pour la première fois, la « science officielle » prenait conscience qu’il avait pu exister jusqu’à une époque toute récente une autre forme d’humanité en dehors de l’Homo sapiens. Dans la même région plus en nord dans l’état du Johore en Malaisie s’est passé plus récemment une affaire qui n’est pas tellement une découverte zoologique mais plutôt la découverte d’un canular de forte ampleur. C’est l’affaire du Bigfoot du Johore. Depuis le mois de décembre 2005, une effervescence agitait le petit état de Malaisie. L’observation d’une famille d’hominoïdes velus par des ouvriers bâtissant une mare à poissons avait enclenché une passion médiatique après ce qu’on appelait le bigfoot du Johore. Vincent Chow, chercheur en biodiversité et ensuite Sean Ang, paléoanthropologiste étaient entrés en scène et avaient réussi à s’attirer les faveurs du gouvernement du Johore sur le sujet. Un groupe nommé « société de protection de la faune sauvage du Johore » s’est présenté en février 2006 en déclarant qu’ils avaient étudié la créature nommée Orang Lengor depuis des années et qu’ils étaient en possession de 14 photos de celles-ci. Des copies de ces photos furent confiées à Vincent Chow avec la consigne de ne pas les diffuser dans les médias où sur internet car on prévoyait de publier dans quelques mois un livre destiné au grand public avec les photos. Vincent Chow et Sean Ang avaient néanmoins l’autorisation de publier des dessins de parties de ces photos. Les deux chercheurs ouvrirent il y a un mois un site où trois dessins ont été montrés. On a d’abord diffusé le dessin de la main tenant une pierre d‘un mâle, ensuite le dessin du visage de ce mâle, enfin le dessin de la paire d’yeux d’une femelle devait être montré.

Sasquatch the Apes among us par John Green

Devant l’insistance de la communauté hominologique et le scepticisme grandissant, Le groupe a consenti que Vincent Chow diffuse la photo réelle de la paire d’yeux de la femelle, et là surprise.

J’ai reconnu les yeux d’un australopithèque femelle bien connue en image de synthèse vue dans un documentaire célèbre de France-Télévision sur l’évolution de l’homme : L’Odyssée de l’espèce.

Munissez-vous de ce livre : « L’Odyssée de l’espèce », Yves Coppens, 2003, éditions Epa et ouvrez-le. Le mâle tenant une pierre dans sa main est en fait l’Homo habilis de la photo de la page 56 du livre ; le regard du soi-disant bigfoot femelle est celui de Lucy à la page 45 et l'on pourrait dire la même chose de nombreuses autres photos du livre. Semble-t’il des personnes au sein de la société de protection de la faune sauvage du Johore se sont procuré un exemplaire du livre et auraient scanné diverses images d’Australopithèque et surtout d’Homo habilis pour les faire passer pour des photos de bigfoot du Johore. Ces images se seraient retrouvées dans le livre que l'on comptait publier sur la créature en infraction avec les lois sur le copyright et les droits d’auteurs. Heureusement cela n’arrivera pas car j‘ai dévoilé le canular.

North America's Great Ape the Sasquatch par John A. Bindernagel

Concernant maintenant les témoignages de rencontres entre des hommes sauvages et les Homos Sapiens que nous sommes. Quels sont ceux qui vous paraissent les plus troublants ?

J.L.D : Je pense qu’à l’heure actuelle les rapports les plus troublants sont venus d’Angleterre jusqu’à il y a quelques années. Le Royaume-Uni était pourtant l’endroit le moins probable et approprié pour la survie d’homins. Durant des décennies en divers points de la Grande Bretagne on a eu des observations sporadiques d'homins de préférence dans les quelques superficies de forêts survivantes que compte encore l'île. Les témoignages par la description des créatures et de leurs comportements ressemblent beaucoup à ce qu'on trouve en Amérique du Nord avec le sasquatch. Deux points chauds se sont présenté dans la première partie des années 2000, le lac de Bolam dans le Northumberland a été le siège d'une série de témoignages depuis 1999 en rapport avec une créature bipède sombre aux yeux rougeoyants qui hantait le parc urbain autour du lac ; en janvier 2003 une équipe d'enquête du CFZ (centre for fortean zoology) sur le terrain aurait vu la créature en question pendant un bref instant. Dans la région de Longridge Fell dans le Lancashire depuis novembre 2002 on a eu des rapports plus confidentiels sur la présence d'homins ressemblant à des sasquatches. D'autres régions de l'île ont leurs témoignages, le Cumbria, le Somerset, le Sussex. Dans l'ensemble de ces témoignages, deux se sont révélé être des canulars, une partie donne à la créature une certaine inconsistance spectrale, mais le reste est tout à fait prosaïque et digne des témoignages nord-américains, et c'est là le plus curieux de l'affaire : Les créatures décrites sont en majorité plus de l'ordre de l'homin nord-américain ou sibérien que de l'homme sauvage médiéval européen dont ont sait qu'il a disparu durant le XVIIIe ou XIXe siècle. Ces créatures ne sont pas de type néanderthaloïde et ne viennent pas d'Europe, et de plus il semble que l'Angleterre ne constitue qu'un habitat de passage et non permanent. La théorie émise par les tenants de la théorie de la bipédie initiale et des hominidés aquatiques serait que ces créatures viendraient effectivement d'Amérique du nord ou de Scandinavie par la voie maritime et utiliseraient l'Angleterre comme lieu provisoire de vie (à sec) quand elles ne nagent pas en mer.

Représentation traditionnelle Chinoise du YEREN

Pouvez-vous faire un rapide tour d’horizon des différentes sortes d’hominoïdes que l’on signale sur les cinq continents ?

J.L.D : On rencontre des homins un peu partout dans le monde, on peut les classer en fonction de leur taille ou de leur nature, il existe plusieurs classifications d’homins mis au point par les hominologistes, je me contenterais de les présenter selon leur nature probable.

On a les néandertaliens qui ont pu donner l’homme sauvage d’Europe (aujourd’hui disparu), le barmanu du Pakistan, l'almas de Mongolie, le ksyi-giik d‘Asie centrale, le nguoiring, l'Homo pongoides d‘Indochine, l'ucumar zupai d'Argentine.

L’Homo georgicus du Caucase est peut-être à l’origine de l’Almasty, mais ce n’est pas sûr, ça pourrait bien être aussi bien des néandertaliens.

Illustration de l'ORANG PENDEK (par Jean-Luc Drevillon)

Vient ensuite l’Homo Eidelbergensis à l’origine du groupe controversé des hominoïdes marqués, appelés ainsi à cause d’un piébaldisme anecdotique observés chez eux. (Ce sont mes préférés). On aurait le bigfoot de l'est des USA, le wendigo du Canada, les Tornit du Groenland aujourd‘hui disparus, les trolls de Scandinavie, le bigfoot d'Angleterre, le grand homme gris d'Ecosse, les homins de Russie d'Europe, mirygdy et tchoutchouna, zemlemer de Sibérie.

Après on a le groupe des érectinés qui constituerait la masse la plus importante des homins et la plus largement distribuée.

L’Homo erectus classique ou Pithécanthrope peut-être à l’origine du yowie d'australie et du moehau de Nouvelle Zélande.

Le Sinanthrope serait à l’origine de certaines observations d’hommes sauvages de Chine.

Un Homo floresiensis est sûrement à l’origine de l’Ebu Gogo de Flores mais aussi du Menehune d'Océanie, des junjadee et jongari d'Australie et du nittaewo de Ceylan.

Un Homo erectus gracile de grande taille serait peut-être à l’origine de la tjangara d'Australie, du matau de Nouvelle Zélande, des géants de Guadalcanal à l’existence discutable.

Un Homo erectus robuste comme le méganthrope serait le candidat pour le bigfoot et le sasquatch du Nord ouest Pacifique des USA et du Canada. On le retrouverait aussi derrière le sissimite d'Amérique centrale, le gin sung du Tibet, le Kapre des Phillipines, le nyalmo de la péninsule indochinoise et le jarang-gigi ou bigfoot du Johore.

Enfin on a les singes anthropoïdes ou les hominidés les plus primitifs. L’Australopithèque gracile serait à l’origine des Séhité et des agogwés d'Afrique orientale, du Kakundakari , du Kiwu, de Monsieur X4 au Kenya.

L’Australopithèque robuste serait à l’origine du Kikomba, du Kiwu, de Monsieur X1 du Kenya et du ngoloko.

Le ramapithèque serait à l’origine de l'Orang pendek et du Batutut d'Indonésie

Enfin un orang-outan continental bipède issu de la population de l’ancienne ère de répartition de l’espèce pourrait expliquer le Yeren de Chine et le yeti classique de l’Himalaya.

Je suis désolé, pas de Gigantopithecus blacki dans la liste, on ne peut pas sérieusement mettre ce singe comme source d’un homin à cause du manque de fossiles disponibles et de l’incertitude sur sa morphologie. On en sait trop peu sur lui.

Bigfoot Sasquatch Evidence par le Dr. Grover S. Krantz

Que pensez-vous de la faculté qu’ils ont pour vivre en marge de notre propre civilisation ?

J.L.D : Les homins doivent leur élusivité à leur intelligence au moins égale à celle des singes anthropoïdes associée à des capacités sensorielles supérieures aux nôtres. Ce sont des créatures extrêmement performantes dans leur milieu naturel et elles sont les premières à trouver un moyen de ne pas se faire voir de l’homme. Elles sont en grande partie nocturnes ce qui diminue les chances de rencontres avec des humains et peuvent se déplacer avec une grande aisance et souplesse sur un terrain difficile recouvert de buissons inextricables. Si vous vous promenez dans les bois il se peut que vous n’ayez pas conscience qu’un homin se trouve à 10 mètre de vous, tout au plus percevrez-vous des petits bruits de craquements de branches sur le coté du sentier et ensuite une vague impression d’être observé. Ce sont les rois de la furtivité et de la ruse grâce à leurs sens et à leur vigueur physique. Pas besoin pour ça d’aller chercher des histoires de télépathie, de capacités paranormales ou d’implication d’aliens.

Sasquatch : Legend Meets Science par Jeff Meldrum

Parmi les parutions récentes (en Français et en Anglais), quelles sont celles qui vous paraissent les plus importantes ?

J.L.D : À l’heure actuelle les publications les plus importantes sont issues d’Amérique sur le bigfoot, on retiendra notamment le livre de Jeff Meldrum, « Sasquatch : Legende meets science », le livre de John A. Bindernagel, « North America’s Great Ape: the sasquatch », le livre de Grover Krantz, « Big Footprints ». Le livre de Chris Murphy, « Meets the sasquatch », et enfin « Raincost Sasquatch « de J. Robert Haley. Les livres que j’ai cité, bien qu’ils soient en Anglais et misent un peu trop sur le Gigantopithecus sont des références fiables et solides en hominologie, on peut considérer certains comme des manuels d’hominologie (Bindernagel) dont on peut être sûr en les lisant de ne pas rencontrer de fautes ou d’erreurs scientifiques.

The Field Guide to Bigfoot and Other Mystery Primates par Loren Coleman et Patrick Huyghe

Ensuite on a les ouvrages qu’on lit comme des livres de chevet comme « Sasquatch, the apes among us » de John Green ou « The field guide to bigfoot and other mystery primates » . En Français les publications sont plus rares, on peut compter sur « Sauvage et velu » de Jean Roche pour la fiabilité. Jean Paul Debenat a sorti récemment « Sasquatch et le mystère de l’homme sauvage » qui est le premier livre français sur le bigfoot.

Raincoast Sasquatch par J. Robert Alley

Est-ce que vous souhaiteriez faire connaître vos recherches au travers d’un ouvrage ?

J.L.D : Je n’envisage pas pour l’instant d’écrire de livres. Ma petite vie avec mes traductions pépères me suffit en ce moment. Je n’ai aucune ambition pour l’avenir.

_____________________________________________________

Interview faite par Internet en Novembre 2008

_____________________________________________________

Aucun commentaire: