13 févr. 2009

OVNI : INTERVIEW DE MICHEL GRANGER

Michel GRANGER, vous êtes l’auteur d’une douzaines de livres (et une demi-douzaine non publiés) traitant du mystère et de l’inexpliqué comme, Mutilations de Bétail (version revue et augmentée) JMG Editions, 2006 ; Coïncidences. Hasard ou destin ? 590 Histoires Insolites, Editions Trajectoire - 2003 ; L’héritage des extra-terrestres ou panorama de la médiumnité moderne - Albin Michel, 1977 ou Cela peut vous arriver demain (en collaboration avec Jean Moisset), JMG Editions, 2005, ainsi qu’un nombre considérable d’articles et de chroniques dans des revues spécialisées (1403 très exactement au 31/12/2008). Pouvez-vous nous dire qu’est-ce qui vous prédestinait dans votre parcours personnel ou professionnel à faire ce type de recherches ?

M.G : Fils d’institutrice, la bibliothèque familiale ne comptait que des classiques et des policiers (je garde pour ce genre de littérature une grande passion). Je suis de formation scientifique, licencié ès sciences physiques (1966), ingénieur chimiste (Chimie de Montpellier, 1967), docteur ès sciences physiques (Montréal, 1971) ; carrière professionnelle dans l’industrie chimique privée : recherche, production, qualité ; en retraite depuis 2005. Donc aucune prédestination aux mystères et à l’inexpliqué.

Sauf que… au cours de ma thèse j’ai découvert avec surprise les anomalies scientifiques sous la forme de « points aberrants » récurrents c'est-à-dire de résultats qui ne « collent pas » et viennent mettre la pagaille dans les théories laborieusement élaborées; des résultats d’une série qui ne se relient pas aux autres : ces anomalies sont généralement ignorées – voire occultées - par la science officielle qui a édifié toute sa réputation de science exacte sur le sacro-saint principe de reproductibilité. Celui-ci se trouve bafoué tous les jours mais personne ne le signale ni ne s’en soucie (au contraire, on s’en sert doctement pour ostraciser certains domaines de la réalité disons encore plus aléatoires)… sauf ceux, justement, qui s’intéressent aux énigmes et à l’inexpliqué.

Je suis de ceux-là.

Dans votre ouvrage sur les mutilations de bétail, vous faites le point sur ce phénomène inquiétant qui débuta dans le Middle-West Américain en 1967. A votre connaissance, est-ce que des mutilations semblables ont eu lieu beaucoup plus récemment et ailleurs dans le monde ?

M.G : Je tiens à jour une banque de données sur les mutilations de bétail en Amérique du Nord, année par année. Je pense que celles qui ont été constatées ailleurs ne sont que des simulacres, de pâles « copies » sporadiques, des contrefaçons fabriquées selon les circonstances (naturelles [prédateurs, chiens courants etc.] ou sociales [crise de la viande, zoophilie]) qui n’ont pas du tout la même cause incertaine.

Voici l’évolution des 2242 cas américains et canadiens sur lesquels j’ai pu rassembler des informations et des documents :

l’année 2008 a été la plus pauvre depuis 1973, avec un seul cas signalé porté à ma connaissance!

Selon vous, quel est votre conclusion à ce phénomène ?

M.G : Ma conclusion fut, à l’époque de l’écriture de mes livres (jusqu’en 2003), qu’aucune des causes rationnelles alléguées pourtant nombreuses – dont celle des prédateurs - ne pouvait s’appliquer au phénomène (un facteur artificiel y était patent); d’où le recours à une hypothétique intervention des extraterrestres dont la motivation nous reste obscure quant à leur présence ici sur Terre. Quant à s’attaquer à nos débonnaires bovins…

Depuis, un des enquêteurs du Nouveau Mexique – c’est lui qui a investigué le plus grand nombre de cas de mutilations sur le terrain – a donné une explication beaucoup plus triviale. Je crois qu’elle demanderait à être mieux approfondie pour voir si elle lève tout le voile sur le mystère (notamment sur la vague de 1975-78. Ce n’est d’ailleurs pas impossible.


Vous êtes également un des spécialistes mondiaux de l’Ectoplasmie, pouvez-vous nous définir cette spécialité ?

M.G : Spécialiste ! C’est me faire un grand honneur. L’ectoplasmie, en tant qu’aptitude humaine extraordinaire, m’a toujours fasciné si bien que j’ai accumulé sur le sujet une bibliographie complète et une connaissance approfondie par un suivi régulier depuis ma découverte du phénomène dans le TRAITE DE METAPSYCHIQUE du Professeur Charles Richet et mes premiers écrits sur la question (Extraterrestres en Exil, ALBIN MICHEL, Collection Les Chemins de l’Impossible, 1975) ; cela m’a permis de constater que cette capacité paranormale, contrairement aux dires des parapsychologues en France qui l’a dis(ai)ent disparue, ne l’est nullement ; discréditée par les tricheurs et, de ce fait, ostracisée par les chercheurs en sciences psychiques et autres parapsychologues, elle s’est réfugiée dans les « cercles spirites » (« home circles »), notamment au Royaume Uni, où elle s’exprime en toute liberté (et impunité ?), car il s’y mélange parfois la fraude comme on a pu le déplorer à plusieurs reprises au cours des dernières années. J’ai assisté à une telle séance spirite privée en 2006. Le « verrouillage » de l’accès à la salle et le « contrôle » des « invités » en sont si bien organisés qu’on ne peut qu’assister en spectateur aux manifestations, non en expérimentateur ; il s’y mêle les confrontations les plus dures à croire pour un non spirite (scènes parfois pathétiques, tantôt beaucoup moins) et des phénomènes de matérialisation dans la pure tradition dont la gratuité en la circonstance renforce en quelque sorte la crédibilité. J’ai ainsi serré une main matérialisée éclairée jusqu’au poignet qui m’a laissé fort perplexe quant à son authenticité paranormale (intervention d’autres membres du cercle ?). Une perplexité formulée à chaud (voir article dans Dimanche S & L du 26 mars 2006 et traduit en anglais dans THE SEARCHLIGHT, Volume 15, N°2, juin 2006) qui, après 3 ans hélas, demeure entière.

Par contre, je suis plus confiant sur l’authenticité de l’ectoplasme que j’ai entraperçu fugitivement autour du cou du médium*, un homme que je juge sincère et dont je suis si reconnaissant de m’avoir permis de vivre cette expérience rare ; il est doué d’une médiumnité puissante qui parfois le domine tant il me semble plutôt subir les phénomènes que les diriger** ; c’est une constante chez beaucoup de grands médiums : Home, Kluski, D’Espérance, Harris… Des médiums qui s’étonnent et se plaignent même parfois de la réalité de la faculté dont ils sont le siège.

Cette certitude ainsi personnellement acquise que l’ectoplasme se manifeste encore aujourd’hui à travers un petit nombre de médiums contemporains m’a conforté pour la poursuite de la longue écriture d’un gros livre sur la question (que dire de sa publication?), visant à faire l’historique de l’ectoplasme et à la réhabilitation de cette faculté médiumnique si fascinante auprès des chercheurs en sciences psychiques.

*rappelant le « tissu blanc » formé autour du cou de Willy Schneider mais en plus inerte.

** à cette séance, il a été incapable de me mettre en contact ni avec un membre disparu de ma famille, ni avec un ami défunt (pourtant nombreux), ce qui aurait été l’occasion unique de m’inciter à adhérer à la thèse spirite.

On parle souvent de ce type manifestations de manière négative. Mais est-ce que vous avez des cas ou les témoins ressentent quelque chose de positif ?

M.G : Tel que constaté in situ, je peux vous dire que les séances sont ressenties avec une grande ferveur par tous les assistants qui y retrouvent (en vrai, ou en suggestion ?) leurs proches défunts. Ces témoins dès le sortir de la salle noire n’ont de cesse de vouloir y retourner et que les voix et les matérialisations prennent leur cas particulier en considération (car ce n’est pas le cas tout le temps). Mon examen à moi fut plutôt « clinique » et rien ne s’y manifesta qui aurait pu me convaincre tant soit peu de la survie de mes chers disparus. Je continue d’y voir l’exercice d’une faculté humaine exceptionnelle à faire partager avec ceux qui y croient quelque peu (or, justement les cercles spirites fournissent un écosystème extrêmement propice, si ce n’est trop). C’est là toute l’ambigüité du phénomène qui n’est pas reproductible, lui non plus ! Quand je suis parti de Chalon pour rejoindre le nord-est de l’Angleterre, à travers les Pennines anglaises en train sous la neige, je n’étais pas sûr de voir quelque chose : ça ne marche pas toutes les fois m’avait averti le médium, lui-même n’en contrôlant pas tous les paramètres de production. J’y suis allé quand même… Et, bizarrement, mon côté inhibiteur n’a pas joué.


En Angleterre, une émission sur des chasseurs de fantômes Most Haunted, remporte un vif succès. Est-ce que vous l’avez déjà vu et si oui qu’en pensez-vous ?

M.G : NON. Je ne regarde plus aucune émission TV sur le paranormal et les ovnis depuis l’odieuse duperie de TF1 avec le film de l’autopsie de l’ET. Je ne comprends pas qu’il n’y ait pas eu des poursuites pénales contre Pradel et consorts. Au moment de l’émission, tous les éléments cachés aux téléspectateurs militaient pour la duperie. Et qu’entendions-nous de J. Pradel ? Seulement un « je suis troublé ». Lamentable ! Ainsi leurrer au pied levé et de façon à faire de l’audience et faire du fric sur le dos de ceux qui s’interrogent depuis plus de 60 ans, ce fut intolérable pour moi et je me suis juré de ne plus me laisser réembarquer, jamais.

Est-ce qu’il existe en France des lieux véritablement hantés ?

M.G : Je pense que oui ; il suffit de se référer aux livres publiés sur la question : du Guide de la France Mystérieuse, les Guides Noirs, Tchou, 1964 au « Manuel du chasseur de fantômes », par Erick Fearson, Editions JC Lattès, 2008. Ce dernier dit quels sont les principaux lieux hantés de France et à quelle date.

Le Monde de l’Inconnu n°336 de février-mars 2009 donne « le Top 10 des lieux hantés en France ».

Personnellement, je n’ai jamais visité un de ces lieux ; une malheureuse expérience de maison hantée m’a aussi appris que sous le folklore se cache souvent une grande détresse qu’il ne convient pas d’alimenter.

Les vieilles demeures ont la réputation d’être l’endroit idéal pour ce type de manifestions. Mais avez-vous connaissance d’un cas dans des sites beaucoup plus modernes ?

/ M.G : Oui. Voilà ce que j’écrivais, avec un zest d’humour car il faut en garder même en la matière, en 1991 dans « L’INCONNU » N° 178 d’avril 1991 sous le titre : Les fantômes changent de look


Faites-vous partie de ces chercheurs qui pensent que certaines personnes déclenchent (involontairement ou pas), ce type de manifestations ?

M.G : Oui : un exemple de perturbations involontaires est appelé l’effet Gremlin ; je l’ai développé dans Dimanche S & Loire du 12/01/2003 :

Gremlin : du nom de ces diablotins extraterrestres, héros turbulents d’un film américain sans prétention mais distrayant, qui semaient la perturbation au sein d’une paisible communauté yankee...

Il s’agit d’un « effet » qui s’apparente à celui dit de « poltergeist », responsable, entre autre, de hantises et autres manifestations de désordre public ou privé. Là, ce que Jules Bois appelait un « médium hanteur » (« une personne spécialement nerveuse, généralement une fille à puberté retardée ») est remplacé par quelqu’un qu’on peut qualifier de « monsieur panne ».

Et en ces jours où la fée électricité envahit nos foyers aussi sûrement que la poussière, cette faculté handicapante d’affecter involontairement l’appareillage électrique et électronique conduit à enregistrer, chez certains, un taux de dysfonctionnements apparemment sans causes qui ne peut pas être fortuit. En fait, il y a longtemps qu’on a constaté que certains sujets sont de véritables « émetteurs » d’électricité qui, comme on le sait, agit à distance (induction). Le plus illustre en fut le célèbre physicien W. Pauli (auteur du fameux principe d’exclusion qui affecte les électrons libres ou appareillés) qui ne pouvait visiter un laboratoire sans y semer une joyeuse pagaille, notamment en interférant avec les appareillages auprès desquels il avait le malheur de passer. Son collègue G. Gamov ironisait que, comme lui, beaucoup de physiciens théoriciens subissaient le même maléfice lorsqu’ils s’approchaient de tels ustensiles de laboratoire...

Selon, M. Shallis, de l’université d’Oxford, les « sensitifs électriques », comme il les appelle, sont à 80 % des femmes mariées. Il en a étudié 60 cas en Grande Bretagne ; les phénomènes - ampoules électriques explosant sans motif, interférences avec des appareils domestiques, allumages d’automobiles déficients, crashes de disques durs d’ordinateurs - s’accompagnent de maux de tête, de fatigue, d’irritation. Les effets dépendent, selon lui, de l’humeur du sujet, de sa tension émotionnelle. Certains sont littéralement allergiques à l’électricité ne pouvant séjourner longtemps devant un poste TV sans être malade. L’électricité semble affecter leur énergie, pomper leurs forces et saper leur vitalité.

Parmi eux, plusieurs peuvent développer des étincelles d’électricité statique de plus de 5 cm et celles-ci s’accompagnent parfois de flashes bleuâtres. B. Williams, en 1952, à Cardiff, arriva sous contrôle à allumer une ampoule électrique rien qu’en la frottant entre ses mains. Les cas sont spasmodiques, survenant par vagues, souvent après un traumatisme (décès, opération, etc.) et, parfois, ils sont transmissibles à un tiers.

Le Dr C. Smith a mesuré l’émission électrique de tels sujets à un niveau suffisant pour perturber les appareillages électriques sensibles. Les cas de gens qui ont détruit divers appareils électroménagers par leur seule présence à proximité ne manquent pas.

La revue britannique « Best » a présenté, en 1993, une femme, Sally W. comme le comble en la matière mais je ne doute pas que parmi vous, certain(e)s puissent rivaliser avec elle : elle avait 9 machines à laver à son passif et 8 aspirateurs. Elle avait causé l’effacement des enregistrements à sa banque rien qu’en se présentant au comptoir, avait détraqué des distributeurs de monnaie, déglingué des caisses enregistreuses et même causé des pannes de moteurs automobiles. A. Silk, une praticienne et experte en effets électromagnétiques, ayant examiné Sally, avait déclaré : « Elle est bioélectriquement sensible et son examen nous a fourni une masse d’informations utilisables ».

Au niveau des ordinateurs, certaines gens disent à juste titre : « La bécane ne m’aime pas ! ». Cela ne veut pas dire que tous les crashes d’ordinateurs auxquels vous pouvez être confrontés relèvent de cette faculté obscure ; donc n’hésitez pas à en faire part à votre marchand d’informatique si cela vous arrive. Ne mettez pas tout non plus sur le compte de votre incompétence ! Sachez que certains ouvriers de maintenance informatique sont recrutés pour leur « pouvoir guérisseur » sur le « hardware ».

Ces problèmes font que certains développent une véritable haine envers les ordinateurs, par exemple (cela se produirait même pour un fonctionnement normal, selon une étude de l’Université Stanford, les ordinateurs ayant aujourd’hui une véritable « présence sociale » auprès des usagers). D’aucuns disent qu’il peut s’installer même un véritable « conflit de personnalité » entre l’utilisateur et sa machine. Alors quand des « bugs » à répétition viennent émailler le travail informatique de certains sujets, on ne s’étonne pas que parfois ils en arrivent jusqu’aux voies de faits à l’encontre de la machine. On a vu des opérateurs tirer au fusils sur leur unité centrale ou bien balancer celle-ci par la fenêtre…

Il y a un autre effet inhibiteur que j’appellerais psi ou ovni-négatif et dont je suis le siège. Toutes les veillées ovnis auxquelles je me suis prêté n’ont rien donné. Si bien que je craignais de ne rien voir à Cober Hill. Et ce ne fut pas le cas. On peut en tirer la conclusion qu’on veut.


Concernant les OVNI, on a pu voir au mois de Mars 2008, sur Canal +, un documentaire intitulé : OVNI Quand l’armée enquête. Est-ce que vous l’avez vu et si oui, qu’en pensez-vous et notamment des commentaires des deux " journalistes " au début et à la fin de l’émission à propos des ufologues ?

M.G : Non, je ne l’ai pas vu (cf. § 6°). Les journalistes prennent en général les ufologues pour des rigolos et des demeurés : c’est bien une tendance française et on ne peut que le déplorer.

Que dire de la prestation du directeur de la rédaction de CIEL & ESPACE qui, invité à une émission sur les ovnis « C dans l’Air » sur France 5 en mars 2007, n’ayant rien à dire sur la question abordée, évoque le paradoxe de Fermi ! Ça fait savant, n’est-ce pas ? Mais cet argument anti-ovni avancé il y a près de 60 ans par le grand physicien italien n’en est plus un depuis longtemps : il a reçu des centaines de réponses. Mais cela, on l’ignore dans la première revue astronomique de France !

Certains ufologues se cantonnent, eux, dans la réciproque : ils prennent les journalistes pour des faux-culs et c’est de bonne guerre !

Je ne suis ni un ufologue ni un journaliste (contrairement à ce que certains croient : je suis un simple « pigiste » qui propose ses textes et attend qu’on veuille bien les publier).

On constate ces derniers temps, un intérêt grandissant " d’un phénomène OVNI " par plusieurs pays comme la France ou le Japon par exemple. Pensez-vous que ces déclarations soient juste des effets d’annonces (sans grand intérêt), ou est-ce qu’elles sont révélatrices d’un climat favorable pour ce type de sujet, auprès notamment des responsables politiques ? L’émergence de l’exo-politique (aux Etats-Unis), renforce-t-elle pour vous ce type d’intérêt ?

M.G : Personnellement, je pense que l’ufologie s’est égarée dans les années 1970 quand elle a pris le tournant de s’intéresser aux rencontres rapprochées. Aimé Michel porte une lourde responsabilité dans cet engagement dans une voie sans issue quand il a placé des témoignages incroyables sur ses lignes orthoténiques qu’il avait confectionnées lui-même (inconsciemment ou consciemment ?) de toutes pièces. Du coup, on s’est posé légitimement des questions sur ces droites qui ne reflétaient rien. Il en a résulté les thèses parapsychologiques, psychosociologiques, folkloriques qui ont noyé le phénomène de « visitologie spatiale » dans un imbroglio de spéculations où se mêlent les clichés de science fiction, les légendes, les contes de fées et les faux souvenirs. En psychologisant ainsi la problématique ovni, on a perdu le fil conducteur externe, à savoir des observations qui accréditent qu’une intelligence extérieure à la Terre est en phase de prospection sur Terre sans vouloir interférer de peur de provoquer chez nous autres « civilisés » l’équivalent du « culte du cargo » que notre civilisation occidentale a créé chez les peuples primitif et qui a conduit à des petits désastres ethnologiques.

Lors d’une conférence, Jean-Jacques Velasco vient de déclarer qu’il avait remis personnellement en 1999 (au Premier Ministre de l’époque, Lionel Jospin), le rapport COMETA. Qu’en pensez-vous ?

M.G : J’ai une grande estime pour J. J. Velasco : il a su se démarquer de la langue de bois imposée par le SEPRA, le GEPAN et aujourd’hui le GEIPAN. Il fallait pour ça un certain courage (qu’il n’a pas eu d’ailleurs, tout au début). Cela lui a coûté sa place. Il a été remplacé par des profanes en la matière à qui l’on offre une place tranquille pour attendre la retraite en s’amusant aux dépens des ufologues et tout est rentré dans l’ordre. On donne l’impression de s’intéresser mais il n’en sort rien (cf. l’interview de Y. Sillard, ancien directeur général du CNES, dans Science et Inexpliqué n°7, janvier-février 2009.

Vous faites partie également de ces chercheurs qui réfutent en bloc l’affaire du Crash de Roswell. Comment expliquez-vous alors le nombre très important des témoins (plus ou moins fiables), qui se manifestent encore aujourd’hui

M.G : Ah oui ? J’ai « réfuté en bloc » concernant le crash de Roswell ? C’est possible, mais où ?

Est-ce que le phénomène OVNI (selon vous), est différent de ce qu’il était (par exemple), dans les années 1970 ?

M.G : Apparemment oui si l’on s’en tient au nombre et aux modalités des observations. Mais n’est-ce pas l’outil d’observation (à savoir le témoin humain) qui a plutôt changé dans l’observation de la même chose et, l’esprit truffé par tout ce qui lui est dit, y projette en effet une partie de ses propres fantasmes ; or ceux-ci, en 2009, ne sont plus les mêmes qu’en 1954. La conquête spatiale a cessé de fasciner ; SETI commence à lasser ; le monde s’est retourné sur son nombril. C’est le symptôme d’une civilisation introspective et c’est bien décevant.

Voyez-vous un témoin en 2009 raconter qu’il a vu une soucoupe volante avec dôme ? Il serait la risée des médias et même des enquêteurs ufologues ! Donc, il décrit quelque chose correspondant mieux à l’air du temps puisque, de toute façon, ce qu’il a vu ne lui rappelle rien de connu.

Pensez-vous qu’il ne soit pas hostile pour l’espèce humaine ?

M.G : Je ne connais pas d’exemple d’hostilité manifeste d’un ovni envers nous. Et pourtant combien de fois des témoins ont déchargé leur carabine en direction de ce qu’ils voyaient. Certes, on trouverait des contre-exemples mais l’hostilité des ovnis s’est surtout heurtée à l’incompréhension de l’humanité. Il est loin le temps de la fascination de « Rencontre du 3ème type » ! C’est peut-être pourquoi ils délaissent notre planète. Voilà bien qu’on les assimile aux fées !!

En ce qui vous concerne, quelles sont vos conclusions sur le phénomène OVNI ?

M.G : Comme celles d’A. Michel, elles tiennent sur un timbre poste, d’autant que les timbres diminuent en taille : on n’en sait pas plus qu’il y a 50 ans et le peu qu’on a pu apprendre est maintenant englobé – englué - dans un monceau de scories.

Un de vos derniers articles s’intitule Harry Houdini s’est-il évadé de la mort ? Pouvez-vous nous en dire plus ?

M.G : Que la mort de Houdini, déclaré et vu comme très anti-spirite (en fait, il faisait la chasse aux tricheurs, ce qui doit être le souci de tout chercheur en la matière), ait pu engendrer une polémique sur l’hypothèse de la « survie » m’a semblé digne d’un intérêt certain. Surtout quand on sait que quelques-uns de ses partisans contemporains demandent son exhumation pour voir s’il est bien mort d’une péritonite consécutive à un mauvais coup reçu lors d’une bravade et non pas d’un empoisonnement orchestré par les amis de Sir Arthur Conan-Doyle !! N’y a-t-il pas dans cette histoire quelque chose de fascinant ?

Parmi les parutions récentes (en Français et en Anglais sur l’étrange et le Paranormal), quelles sont celles qui vous paraissent les plus importantes ?

M.G : Je lis rarement des livres récents : l’utilisation de bookfinder.com nous donne accès à toute la littérature du passé tellement riche et impossible à toute ingérer. C’est un avantage considérable par rapport à ce qu’il y avait il y a 20 ans encore mais ce n’est pas bon pour les auteurs et les éditeurs d’aujourd’hui.

Les livres récents que j’ai pu lire n’apportent pas grand-chose de neuf : ni en faits, ni en spéculations. Et souvent, ils ne tiennent pas compte de tout ce qui a été publié avant eux ; d’où des erreurs grossières, des affirmations obsolètes.

Préparez-vous un nouvel ouvrage ou de nouveaux articles ?

M.G : Depuis toujours, j’ai une demi-douzaine de livres en cours et je publie le plus possible dans la mesure où on accepte ce que j’ai à dire. J’ai eu beaucoup de chance de pouvoir ainsi m’exprimer malgré l’hostilité des ufologues français qui n’aiment pas voir des intrus venir piétiner leurs plates-bandes (la seule organisation qui m’a refusé un texte et n’a même pas daigné accuser réception de ma proposition est LUMIERES DANS LA NUIT : je ne pense pas qu’il y ait au monde une association ufologique plus « fermée » et jalouse de son « pré-carré ») ; et les revues scientifiques sont très tièdes à s’engager sur ces sujets. Ce que j’ai pu publier dans les années 1979-80 dans le mensuel LA RECHERCHE ne serait certainement plus possible aujourd’hui.

Un livre que j’aimerais écrire un jour, c’est une chronique de l’ufologie française vue, au fil du temps, au travers de ses ufologues vedettes tous plus préoccupés par leur propre promotion que par la solution in fine du problème ovni. On verrait quels dégâts ils ont infligé à ce sujet au point qu’il est peut-être déjà trop tard pour en extraire la substantifique moelle.


Interview faite par Internet en Janvier 2009