13 nov. 2007

DECOUVERTES HORS NORMES : INTERVIEW DE FRANCOIS DE SARRE - CENTRE DE RECHERCHE SUR LA BIPEDIE INITIALE

François de Sarre, vous êtes un des animateurs du CERBI (Centre de Recherche sur la Bipédie Initiale). Pouvez-vous nous dire quel est le but d’une telle structure et qu’est-ce qui vous prédestinait dans votre parcours personnel ou professionnel à faire ce type de recherches ?

F.D.S : Avec quelques amis, j'ai fondé en 1988 le CERBI (Centre d'Etudes et de Recherches sur la Bipédie Initiale) dans le but de promouvoir la théorie de la Bipédie Initiale, un peu tombée dans l'oubli depuis les années 1950 et les publications dans Sciences et Avenir de Bernard Heuvelmans, lui-même élève de Serge Frechkop, mammalogiste à l'Institut des Sciences de Bruxelles.
Cette théorie stipule que les premiers mammifères étaient bipèdes, et non quadrupèdes comme le voudrait la théorie conventionnelle, dite de la "savane africaine".
Le CERBI fonctionnait à Nice comme un institut public, où les chercheurs pouvaient venir sur invitation, consulter sur place livres et archives. Parallèlement, le Centre éditait un magazine scientifique, Bipedia, paraissant une ou deux fois l'an. Actuellement, cette revue est publiée on line sur le site Web du CERBI ou le site miroir

Tous les anciens numéros de Bipedia (depuis 1988) sont également disponibles sur ces deux sites.
Qu'est-ce qui dans mon parcours personnel me prédestinait à de telles recherches ? Je suis ichtyologiste (spécialiste des Poissons) et j'ai également étudié la Paléontologie, à l'Université de Saarbrücken (Allemagne). Je me suis toujours posé des questions sur la "faisabilité" du fameux poisson sortant des eaux à l'ère Primaire, pour donner naissance aux Vertébrés terrestres. À mes yeux, c'était absurde. Un tel animal ne pouvait qu'évoluer vers des formes serpentiformes. L'origine des Reptiles, Oiseaux et Mammifères, était ailleurs. À ce point de mes réflexions, j'ai fait la connaissance de Bernard Heuvelmans. Nous étions d'accord pour penser que l'ancêtre des formes actuelles de vertébrés terrestres était déjà bipède quand il a quitté les océans. Restait à définir son apparence. Je développai alors mon hypothèse de l'homoncule marin, premier mammifère.

FIGURATION D'HOMME SAUVAGE - ( déshominisation )

Le penis rectus dessiné ici et le nez retroussé sont des caractères anatomiques décrits par les témoins lors de rencontres avec des " hommes sauvages ".

[ Représentation artistique de Robert Dumont ]

Vous publiez, via Internet entre autres, BIPEDIA, la revue du C.E.R.B.I, quel est le sommaire du dernier numéro ?

F.D.S : Le dernier numéro (n°26, 2007) n'est pas encore bouclé. Au sommaire, il y a notamment le texte de ma conférence "La théorie de la bipédie initiale : avancées récentes et perspectives", tenue à Paris en octobre 2006, à l'occasion du Congrès Fortéen organisé par les éditions Oeil du Sphinx et Jean-Luc Rivera. Dans le même numéro de Bipedia, on trouve aussi les excellents articles de deux naturalistes de terrain, Olivier Décobert et Sandro d'Alessandro, respectivement sur l'évolution des scarabées carabes et sur la distribution des chênes dans le sud de l'Italie. Ces sujets paraissent sortir du sujet de la "Bipédie Initiale", mais j'ai eu à coeur de les publier, car ils permettent des avancées significatives dans notre perception du phénomène évolutif. Dans un contexte un peu différent, j'ai publié un texte sur le Manuscrit de Voynich, du linguiste allemand Erhard Landmann. Ces recherches controversées sur la langue - et sur l'authenticité - du manuscrit m'ont paru dignes d'intérêt, d'autant que l'auteur s'est également attelé à l'étude des hiéroglyphes mayas. Enfin, pour terminer le numéro 26 de Bipedia, je vais prochainement mettre en ligne le texte d'une conférence que je viens de tenir à Ascona (Suisse) : "Die Bipedie des Menschen als ursprüngliches Merkmal' [La bipédie de l'homme en tant que caractère ancestral]. Comme toujours dans Bipedia, les articles paraissent en version originale. On y trouve ainsi des textes en français, allemand, anglais, italien et espagnol...

SIRENES ET HOMMES MARINS - EDITIONS LES 3 SPIRALES - 2006

Vous êtes l’auteur, avec Pascal Cazottes, de Sirènes et Hommes Marins, paru en 2006 aux Editions les 3 Spirales. Pouvez-vous nous en dire plus ?

F.D.S : Mon ami Pascal Cazottes s'est chargé de la rédaction de la première partie de l'ouvrage, consacrée aux Sirènes "classiques", ces femmes à nageoire caudale de dauphin que les navigateurs de l'Antiquité - et d'autres plus récemment - ont décrit. Pour ma part, j'ai consacré mon étude aux hommes marins, physiquement très semblables à nous, mais adaptés à l'environnement océanique, susceptibles de nager très loin en mer. Je suis intimement convaincu qu'il s'agit des mêmes êtres que les Homo ergaster ou Homo erectus, que les paléoanthropologues désignent habituellement comme nos "ancêtres". En fait, c'étaient des hommes très spécialisés, adaptés à l'élément liquide, d'ailleurs leurs restes sont toujours découverts près de l'océan ou de grands lacs. Ils n'ont rien à voir avec les véritables ancêtres de l'Homo sapiens qui étaient eux "terrestres", et non spécialisés.

HOMONCULE MARIN - [ Représentation artistique de Robert Dumont ]

Pour vous, quelles sont les dernières grandes avancées en matière de Cryptozoologie ? En matière notamment de découvertes de nouvelles espèces ?

F.D.S : La Cryptozoologie est une branche controversée de la Zoologie qui a avant tout le mérite d'exister. Les zoologistes de terrain utilisent désormais des protocoles inspirés des méthodes de recherche du Père de la Cryptozoologie, Bernard Heuvelmans. Ainsi, le professeur Wolfgang Böhme de l'Université de Bonn (Allemagne) a découvert une espèce inconnue de Varan... en regardant un documentaire filmé au Yémen. Plus tard, tenant compte de témoignages oculaires, il a révélé la présence de crocodiles en Mauritanie. Pour ma part, j'ai pu observer sur une île tunisienne une espèce de serpent distincte de celle que l'on connaissait déjà... grâce aux indications des habitants. Ce sont des découvertes qui mettent en valeur la Cryptozoologie, même si on n'a pas encore trouvé le "yéti", le "monstre du Loch Ness", ou un dinosaure survivant du Congo.
Les cryptozoologues français Michel Raynal, Christian Le Noël, Jean-Luc Drévillon, Jean Roche, et quelques autres, poursuivent avec assiduité la tâche commencée par Bernard Heuvelmans. J'ai pour eux la plus grande sympathie.

LA SORTIE DES EAUX - [ Représentation artistique de Robert Dumont ]

Vous connaissiez personnellement Bernard Heuvelmans, le père de la Cryptozoologie, quel souvenir gardez-vous de lui ?

F.D.S : Bernard Heuvelmans était l'un des derniers grands scientifiques du XXe siècle, dont le savoir était véritablement universel, au même titre qu'un Pierre-Paul Grassé (zoologiste) ou qu'un Théodore Monod (naturaliste). De tels hommes n'existent plus à notre époque, ou seule la "spécialisation" est de mise...
Par ailleurs, Bernard avait une personnalité très attachante. Ses goûts étaient très éclectiques, et la tolérance était pour lui la meilleure des vertus.

On trouve notamment sur le site Internet du C.E.R.B.I., un de vos textes « Où est donc passé le Moyen-Age ? » L'invention de l'ère chrétienne. Pouvez-vous nous en dire plus ?

F.D.S : Il s'agit d'un ouvrage qui se veut polémique - mais non révisionniste. J'applique tout simplement en Histoire les mêmes méthodes qu'en Science. Il faut savoir se remettre périodiquement en question. L'archéologie dévoile en ce moment beaucoup de choses incongrues, qui ne collent pas toujours avec le schéma historique traditionnel. Par ailleurs, on sait qu'au cours des siècles, le pouvoir politico-religieux a constamment cherché à réécrire et à falsifier l'Histoire pour servir ses intérêts propres. On sait aussi que les civilisations ont toujours eu tendance à se vieillir, ce qui forcément aboutit à des chronologies trop longues. À mon avis, l'Antiquité est beaucoup plus proche de nous qu'on croit. Je pense à 7 siècles pour l'avènement du Christianisme, après une période marquée par un grand cataclysme, à l'échelle planétaire, qui mit fin à l'Empire romain.

Depuis la parution de votre livre, où en sont vos travaux sur la bipédie ?

F.D.S : Les dernières études scientifiques - notamment sur l'ADN et les génomes - viennent corroborer le modèle que je propose depuis une vingtaine d'années. Ainsi, les gènes de croissance des nageoires des Poissons montrent que des pattes pourraient très bien se développer chez eux, ainsi que des doigts au bout de celles-ci. À mon avis, cela veut dire que les Poissons dérivent d'animaux qui marchaient à 4 pattes le long des berges, avant de retourner vivre en mer... Par ailleurs, de plus en plus d'auteurs, comme la paléontologue française Yvette Deloison ou l'Américain Aaron G. Filler, insistent sur l'ancienneté de la bipédie chez les Primates. Les Grands Singes africains, notamment, pourraient avoir eu des ancêtres bipèdes, très proches de l'homme moderne, voici quelques millions d'années à peine. Même Pascal Picq, professeur au Collège de France et "dauphin" d'Yves Coppens, n'exclut plus cette possibilité.
Bien sûr - et c'est le problème auquel j'ai été confronté tout ce temps - cette façon d'interpréter l'évolution entraîne bien des bouleversements dans les mentalités. Car l'homme n'est plus le sommet désigné de la création, mais au contraire le point de départ de formes nouvelles. Tout comme jadis avec Copernic et Galilée qui ont placé la Terre dans sa véritable position astronomique, sur une orbite elliptique, et non plus au "centre" du système solaire, un changement de paradigme est en cours, mais il mettra encore quelque temps à s'imposer !

Parmi les parutions récentes (en Français et en Anglais), quelles sont celles qui vous paraissent les plus importantes ?

F.D.S : Je citerai en premier lieu les livres traitant de la bipédie originelle des Primates : "Préhistoire du Piéton" par Yvette Deloison, paru chez Plon en 2004, et "The Upright Ape" [le singe debout] par Aaron G. Filler, publié par Career Press (2007). Il y a aussi l'excellent livre d'un anthropologue berlinois "Das Geheimnis des aufrechten Gangs" [Le secret de la marche debout] paru chez Beck, Munich (2004) sur une théorie aquatique de l'évolution de l'homme. Sans oublier l'ouvrage du biophysicien français Vincent Fleury, chercheur au CNRS, "De l'oeuf à l'éternité - Le sens de l'évolution" (Flammarion, 2006), dont les idées sur l'évolution sont très semblables aux miennes.
Tous ces écrits, ainsi que ceux plus anciens de Max Westenhöfer, Serge Frechkop, Alister Hardy et Bernard Heuvelmans, concourent à nous montrer que la théorie dite "de la savane" ne... tient pas debout ! C'est un très vieux cliché ("les premiers hommes se sont relevés pour voir par-dessus les hautes herbes de la savane...") remontant au début du XIXe siècle et à Lamarck, qui prédomine en science actuellement, sous des formes comme l'East Side Story d'Yves Coppens, malgré les remises en question périodiques. On n'arrive pas à se libérer de l'idée désuette d'un "homme qui descend du singe"... Tout ce que la science peut nous dire, c'est que les lignées simiennes et humaines sont apparentées, mais cela n’implique nullement que nous descendons de quadrupèdes !

Préparez-vous un nouvel ouvrage ?

F.D.S : Je voudrais à la fois donner une suite à mon essai sur le Moyen Age, remontant le temps jusqu'aux premières civilisations "post-Cro-Magnon", et consigner le résultat de mes recherches sur l'évolution de l'homme et des vertébrés dans un grand livre "généraliste". Mais peut-être s'agira-t-il finalement d'un seul et même ouvrage ? Car les domaines de connaissance finissent par se rejoindre... des ponts sont ainsi jetés entre l'Histoire et la nouvelle Zoologie.

Et si je ne termine pas cette tâche, d'autres chercheurs la poursuivront...

Je reste en tout cas extrêmement optimiste dans le cadre du changement de paradigme qui s'amorce aujourd'hui ; je crois que la recherche scientifique s'oriente sur d'excellentes voies, loin des préjugés et erreurs d'un XXe siècle qui s'est embarqué sur des idéologies tronquées, tout en encensant Darwin. Or c'est seulement maintenant que l'on comprend l'oeuvre des grands naturalistes du XIXe siècle, Geoffroy Saint-Hilaire, Darwin et Haeckel, à la lumière des nouvelles avancées de la génétique, de la paléontologie, de l'anthropologie, mais aussi de l'éthologie et des sciences cognitives !

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Interview faite par Internet en Novembre 2007

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Pour plus de renseignements : CERBI

2 commentaires:

Anonyme a dit…

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Anonyme a dit…

Cet article est très intéressant, surtout depuis que je suis la recherche d'idées sur ce sujet jeudi dernier.