29 juin 2008

BD : INTERVIEW DE PIERRE TARANZANO, CYRIL ROMANO et AXEL MAZUER - LES AUTEURS DE LA SERIE "LES PORTES DE SHAMBALLAH"

La superbe couverture du premier tome de la série " Les Portes de Shamballah - L'Aube dorée"

Vous êtes les auteurs de la nouvelle série BD « les portes de Shamballah », qui mêle récit d’aventures en Chine, occultisme et sociétés secrètes œuvrant en coulisses aux destinées du monde. Pouvez-vous nous dire comment est née cette nouvelle Bd et qu’est-ce qui vous prédestinai(en)t dans votre parcours personnel ou professionnel à écrire ce type d’histoire ?

Pierre Taranzano - Le dessinateur et un des co-scénaristes de la série " Les Portes de Shamballah - T 1 - L'Aube dorée"


P.T : Il y a quelques années, j’avais lu « Dossiers sur un Gouvernement Mondial », d’Anne Givaudan. C’était mon premier contact avec ce qu’on appelle le « conspirationnisme » et ça a été un choc, la mise en lumière de quelque chose que je soupçonnais déjà de manière confuse, mais qui prenait là une dimension beaucoup plus précise et documentée, à savoir qu’il existait une face cachée de l’Histoire et de l’Actualité, où les sociétés secrètes tiennent un rôle important. Comme je me destinais à être auteur de Bd, j’avais trouvé là un sujet passionnant à explorer, il ne restait plus qu’à écrire une histoire… Mais le sujet est tellement vaste, il a tellement d’aspects intéressants que je ne savais pas par quel bout le prendre. Par la suite, j’ai rencontré Axel par le biais de notre intérêt commun pour ces questions (en particulier pour l’ufologie), et je lui ai donc proposé de travailler avec moi sur le scénario. Il se trouve qu’il avait déjà un point de départ, une histoire qui lui trottait dans la tête, qui nous a permis de poser les premières bases ; très vite, nous avons proposé à Cyril de se joindre à nous, et il a apporté toute la dimension orientale de l’histoire. On peut dire qu’à nous trois, on a réussi à constituer un cerveau à peu près opérationnel.


Cyril Romano - co-scénariste de la série " Les Portes de Shamballah - T 1 - L'Aube dorée"

C.R : Tout au long de mon adolescence, j’ai été fasciné par les origines de l’humanité, les sciences, l’Asie et sa façon de penser. Voilà les conditions qui m’ont fait connaître Axel et Pierre vers 1997, puis les points communs de nos recherches ont été le monde du paranormal et les sciences occultes. Ce qui m’a énormément troublé au fil de nos années d’enquêtes sur le sujet, c’est le nombre de vies bouleversées, frappées par des phénomènes complètement rejetés par la conscience de masse (surtout occidentale) et pas du tout pris en compte, ni par le système judiciaire, ni par le milieu scientifique qui préfèrent les cataloguer comme des cas psychiatriques, ça arrange tout le monde. « Les portes de Shamballah » est pour moi l’un des moyens d’exprimer ces sujets sensibles et nous voulons absolument mettre en lumière l’existence de plusieurs facettes de l’histoire occultées par l’uniformisation des informations et la conspiration des puissants de ce monde.

Axel Mazuer - co-scénariste de la série " Les Portes de Shamballah - T 1 - L'Aube dorée"

A.M : Rien ne me « prédestinait » à proprement parler dans mon parcours à écrire une histoire de ce type, si ce n’est le fait de vivre comme vous dans ce monde, et de l’avoir beaucoup observé.

Lorsque j’ai rencontré Pierre et Cyril aux alentours de 1997, je m’intéressais depuis déjà longtemps à tous ces sujets (paranormal, sociétés secrètes, OVNI, etc…) mais je ne pensais pas en faire une BD.

J’avais bien l’idée d’une histoire de type « docu-drama » sur le thème de la face cachée de l’histoire, mais je ne savais pas comment la concrétiser. Je pensai au début à une courte nouvelle ou au scénario d’un court-métrage amateur. Finalement, Pierre m’a proposé de faire une BD, un projet qui lui tenait à cœur. Je me suis dit « Pourquoi pas ? », car après tout, une BD touche un large public par rapport aux romans, et plus encore par rapport aux livres documentaires sur le sujet.

Des ouvrages documentaires intéressants, il y en a aujourd’hui beaucoup sur tout ces thèmes, et il est de fait que cela barbe souvent les gens, ce n’était donc pas la peine d’en produire encore un de plus.

Alors que la BD nous permettait de faire une œuvre dotée de plusieurs niveaux de lecture, à la fois divertissante et didactique.

Après tout, depuis Lafontaine, Molière et Montesquieu, on n’a finalement jamais fait mieux que la fiction pour contourner la censure des bien-pensants, et faire passer des infos réelles, des messages, sous couvert de divertissement !

Donc, comme l’a dit Cyril, c’est aussi pour nous un bon moyen d’expression…

Et nous avons pu constater que nos lecteurs, d’ailleurs, ne s’y sont pas trompés et l’ont très bien compris !

Pensez-vous vraiment que des sociétés secrètes occultes influencent en coulisses (d’une manière positive ou négative d’ailleurs), les destinées du monde depuis toujours ?

A.M : Oui, bien sûr !

D’ailleurs, si vous y réfléchissez bien, des organisations bien connues de tout un chacun, légales ou illégales, telles que la Mafia ou les services secrets, sont déjà des formes de sociétés occultes (par définition, on ne se vante pas d’appartenir à la Mafia ou d’être agent secret) qui ont, chacune à leur façon, pour but d’agir sur le monde qui nous entourent de façon clandestine.

Et pourtant, ceux qui cherchent à enquêter sur la Mafia ou les services secrets ne sont pas pour autant taxés de donner dans l’ « ésotérisme » (au sens péjoratif du terme) ou la parano…

Mes amis et moi procédons de même.

Ensuite, bien sûr, il y a des sociétés secrètes ou des organisations occultes plus discrètes que d’autres.

Mais prenons plutôt un exemple concret : connaissez-vous les « Skulls & Bones » ?

C’est une société secrète dont l’existence remonte à 1830. Plus spécialement américaine, elle est implantée à la prestigieuse université de Yale.

Elle recrute parmi les étudiants, qui sont alors intronisés et initiés suivant une série de rituels à connotation fortement ésotérique ou occultiste. Tout ces membres sont destinés à faire partie de l’élite du pays, et une fois qu’ils ont quitté l’université, ils restent en contact les uns avec les autres, se revoient régulièrement, et se « serrent les coudes » dans le but de servir leurs propres intérêts.

La célèbre CIA a ainsi été créé et dirigée à l’instigation d’anciens membres des Skulls. D’autres contrôlent certains médias, ou donnent dans la haute finance. Enfin, plusieurs conseiller de l’entourage de Georges Bush, et Georges Bush lui-même, sont des membres des Skulls.

(A propos, regardez aussi cette vidéo édifiante, où un étudiant en journalisme se fait littéralement expulser d’une conférence de John Kerry à l’instant où il pose une question sur les Skulls and Bones.

Naturellement, d’autres vidéos, dont l’interview intégrale de l’étudiant en question, sont aussi dispos sur Youtube.)

Donc, l’existence des Skulls est bien établie, et si vous posez des questions à leur sujet, il vous sera probablement répondu qu’il ne s’agit que d’une association d’anciens étudiants, et que les rituels d’intronisation auxquels ils se livrent ne sont qu’une forme comme une autre de bizutage.

Mais au bout du compte, qu’avons-nous là ?

Un réseau d’influence fonctionnant de façon initiatique et structurée par des rituels ésotériques, qui exerce son pouvoir sur les services de renseignement, la finance, les médias et même les hautes sphères de la politique américaine jusqu’à la présidence, pour le profit exclusifs de ses membres, et le tout hors de contrôle de tout organisme démocratique.

En bref : la définition exacte d’une société occulte agissant derrière le paravent d’institutions officielles, et qui influe sur la destinée du monde, lorsqu’on sait à quel point les USA pèse lourd sur la géopolitique.

Combien de fois en avons-nous entendu parler ?

Un article pas bien long en 2004 dans le journal « L’Express », une allusion de deux minutes dans un reportage de M6 sur la politique pétrolière de l’Amérique diffusé un dimanche soir à 22 h 30 et quelques références, plus ou moins sérieuses, plus ou moins documentées, dans des films de fiction (par ailleurs assez récents). J’en oublie peut-être, mais le moins que l’on puisse dire, c’est qu’un fait aussi important est assez curieusement passé sous silence.

Le sujet ne date pourtant pas d’hier, il est d’envergure, et pourrait donner lieu à des reportages consistants, diffusés en prime time ! Il est possible d’enquêter là-dessus. Or, qui l’a vraiment fait parmi nos grands médias français ?

De même, faîtes donc l’expérience suivante :

tapez sur votre moteur de recherche Internet, en mot-clé « Scrolls and Keys », « Bilderberg(er) » ou « Trilatérale », et faîtes une recherche fouillée à partir de là.

Le résultat vous surprendra peut-être… Lisez un maximum de rubriques, de points de vue différents. Ensuite, dans votre vie quotidienne, questionnez vos parents, amis, relations de travail, professeurs, etc. sur le sujet et comptez combien de personnes dans votre entourage savent exactement de quoi il retourne.

Alors demandez vous simplement, en repensant à ces exemples (Skulls, Bilderberg, etc…) : « Comment se fait-il qu’il y ait si peu de reportages sur ces questions ? Pourquoi n’en ai-je pas entendu parler plus tôt ? »

P.T. : Les gens ont pris l’habitude de rejeter la « Théorie du complot » sans y penser, de la même manière qu’on se moque des « petits hommes verts ». Pourtant, l’alternative à cette théorie serait celle du « non-complot », à savoir que les gouvernements nous disent toujours la vérité, que les médias sont complètement libres et intègres, et que les gens les plus riches de la planète sont des philanthropes soucieux du bonheur de l’humanité ; ce qui relèverait d’une certaine naïveté, tout de même ! Quiconque suit un peu l’actualité sait que ce sont les banques mondiales et les multinationales qui dirigent le monde, c’est un secret de polichinelle ! Certaines sociétés secrètes semblent être un moyen de contrôle de plus, une façon de tisser des réseaux d’influence. Pour ma part, si je voulais dominer le monde et que j’avais les moyens nécessaires à ma disposition, je commencerais par fonder une société secrète, ou plus simplement par noyauter celles qui existent déjà ; l’Histoire abonde d’exemples où des sociétés secrètes (ou du moins certains membres de celles-ci), ont joué un rôle important : la révolution Française, la création des Etats Unis, la montée du nazisme…

L’erreur de certains théoriciens du complot, à mon avis, est d’assimiler le pouvoir occulte (dans le sens de caché) à une certaine catégorie de population (ça a été, selon les époques, les Jésuites, les protestants, les communistes, les Francs-maçons, les néo-nazis, les Juifs…) alors qu’il s’agit plutôt d’une nébuleuse assez disparate. Cela dit, j’ai la conviction que la grande majorité des membres de sociétés secrètes (ou discrètes) sont des gens bien intentionnés et sincères ; c’est l’opacité des plus hauts grades qui ouvre la voie aux suppositions…

C.R. : Le fonctionnement de nos sociétés est là pour le bon équilibre civique de la population, mais la société est scindée en différentes classes sociales ou raciales. La fâcheuse habitude de l’humain est que les différences, quelles qu’elles soient, suscitent automatiquement chez certains un sentiment de supériorité et une volonté de pouvoir avide envers son prochain. Si vous subissez ou infligez dans votre entourage cette guerre psychologique, avec sa principale arme, l’égocentrisme, très récurrente et subtile, cette guerre rentre dans nos petites habitudes.

Alors pensez bien que ceux qui détiennent ce monde ne sont ni des grands maître éveillés ni des saints dotés d’une sagesse immuable, nous en verrions sinon les effets depuis longtemps.

Je pense vraiment que les informations officielles concernant les sujets dits sensibles ne sont que de la poudre aux yeux. Cela nous montre que la démocratie a un effet à double tranchant, elle est ce que l’on a de plus cher pour nos protections individuelles, mais nous aveugle et nous rassure dans un conformisme individuel et dans une liberté naïve et tronquée.

Selon moi, les sociétés secrètes sont une dérive de cette volonté de pouvoir propre à l’être humain et la démocratie ne nous en préserve pas.

(Axel) En ce qui te concerne, tu fais partie également de l’association française de recherches cryptozoologiques. Peux-tu nous parler de tes travaux dans ce domaine ?

A.M. : Oui, je suis effectivement à l’AFRC, mais ce n’est pas exclusif.

Je m’intéresse depuis longtemps à la cryptozoologie, et j’entretiens de bons rapports avec plusieurs associations cryptozoologiques différentes.

J’ai fait partie de l’expédition hominologique de Christian Le Noël dans le Valgaudemar, et j’ai accompagné Eric Joye et feu Bertrand Cèbe dans leur voyage au loch Ness.

Je suis parti moi-même dans les jungles d’Amérique du Sud, en Equateur, avec Pierre et sa femme, d’où nous avons pu ramener des infos sur les HSV locaux et les anacondas géants.

Concernant les HSV sud-américains, j’ai également écrit un article-fleuve sur l’Ucumar (non-encore publié), le « Yéti » de la Cordillière des Andes.

Enfin, j’ai fait un stage de plusieurs semaines au musée zoologique du Palais Rumine, en Suisse, au cours de l’été 2001, où j’ai contribué à la gestion et la mise en valeur du fonds Bernard Heuvelmans, au département de cryptozoologie. Assurément une de mes meilleures expériences professionnelles, dans laquelle je me suis beaucoup donné !

En ce moment précis, je suis en train de peaufiner une traduction française (avec annexes documentaires) d’un des deux ouvrages historiques fondateurs de la cryptozoologie : « Von neuen und unentdeckten Tierarten » d’Ingo Krumbiegel.

L’étude du « phénomène OVNI » vous intéresse également, quel fût votre réaction à cette fameuse mise sur Internet d’une partie des «archives officielles» françaises, d’observations sur les OVNI entre 1988 et 2006 ?

A.M. : Reste encore à ouvrir et à mettre en ligne toutes les archives « officieuses », celles que les armées et les services secrets possèdent sur le sujet ! (Rires…)

Bon, par rapport à la mise en ligne des « archives officielles », ma réaction est positive mais mitigée.

Positive tout d’abord, et d’autant plus positive qu’avec mes amis, j’ai participé et contribué à organiser les premières « Opération droit de savoir » à la française pour réclamer la création d’une loi similaire à la FOIA américaine, et que j’ai toujours fait partie des partisans de l’ouverture des archives officielles concernant les OVNI.

Les OVNI et leurs manifestations dans notre environnement immédiat constituent une affaire dont les implications concernent directement tous les citoyens que nous sommes, et face à ça, il n’y a aucune « raison d’Etat » ou « raison de sécurité nationale » qui tienne.

L’information appartient à tous, et elle se doit d’être librement à la portée du grand public, de n’importe qui.

C’est donc un tout petit pas de la part des autorités, mais un pas en avant tout de même, et dans la bonne direction.

Après l’affaire de la diffusion du rapport COMETA, peut-être est-ce là les prémices d’un vrai changement d’attitude de nos dirigeants face au public, en matière d’ufologie ?

D’un autre côté, on a l’impression d’avoir à faire à un effet d’annonce, une opération de communication destinée non pas tant à ouvrir effectivement ces archives au grand public que de « faire taire les rumeurs de black-out » (c’est un des buts reconnus de l’opération par le CNES).

Il faut dire que cette volonté d’ouverture affichée par le CNES arrive bien tardivement par rapport aux critiques formulées à l’encontre du GEPAN puis du SEPRA, il y a déjà plusieurs dizaines d’années. Il aurait été beaucoup plus judicieux de faire preuve d’une telle transparence dès cette époque !

Il y a eu aussi beaucoup d’exagération lorsqu’il a été annoncé que la France était le premier pays au monde à ouvrir ainsi publiquement ses archives.

La déclassification de documents issus d’archives officielles, et leur mise à disposition du grand public, ont été depuis très longtemps effectué aux USA par des organismes officiels comme le FBI, pour prendre un exemple classique. Et ne parlons même pas de la position officielle de pays comme le Chili ou le Japon, bien différente de celle de la France !

De même, en France, l’action des associations ufologiques privées est très en retard par rapport à l’existence d’associations américaines particulièrement actives, comme le CAUS (Citizens Against UFO Secrecy) ou la réalisation du « projet Disclosure » par le Dr. Greer, en 2001.

Alors, cette mise en ligne des « archives officielles », signe de bonne volonté des autorités augurant un changement de cap positif dans sa politique de gestion du « dossier OVNI », ou nouvelle manœuvre pour endormir l’opinion publique en lui donnant un (petit) os à ronger ?

Dans l’expectative, je maintiendrai ma réponse initiale concernant ma réaction : mitigée, mais positive !

P.T. : pas grand chose à ajouter, je suis du même avis qu’Axel. Après avoir milité pour le « droit à l’information », on ne peut que considérer cette ouverture comme une avancée positive dans ce domaine. On peut regretter cependant que cela se soit accompagné des habituelles critiques envers les chercheurs indépendants ; on a dit que le but était de faire taire les rumeurs sur des « secrets » détenus par les gouvernements ; or, si on ouvre des archives, c’est qu’elles étaient auparavant fermées, il y avait donc bien un secret ! Et rien ne prouve que TOUT a été dévoilé…

Bref, je suis moi aussi dans le doute : est-ce que cela fait partie d’un mouvement progressif vers la « révélation » au grand public du phénomène OVNI, ou n’est-ce que de la poudre aux yeux pour noyer le poisson ? (je sais, l’expression est alambiquée, mais ça résume assez bien ma pensée !)

Que pensez-vous de l’affaire de Roswell ?

A.M. : C’est une des affaires majeures de l’ufologie !

Même s’il s’est produit de nombreux autres crashes d’OVNI de par le monde qui méritent notre attention, le crash de Roswell a constitué un véritable tournant dans l’histoire humaine, aux implications aussi multiples qu’importantes.

Par exemple, ainsi que l’a démontré Jean Sider, cela a visiblement été un des principaux facteurs de déclenchement de cette situation internationale que nos manuels scolaires nomment « Guerre froide ».

Il a apparemment aussi été la source d’inspirations de découvertes scientifiques et de retombées technologiques sur lesquelles nous vivons aujourd’hui.

Or, ce fait historique de premier ordre continue d’être bien souvent nié, quand il n’est pas purement et simplement ignoré, occulté et ridiculisé !

Ceci dit, comme ce sujet précis a déjà fait couler beaucoup d’encre, je ne pense pas qu’il soit nécessaire d’ajouter quoique ce soit ici. D’autant plus que nous avons déjà en France un expert chevronné de premier ordre sur ce cas, auteur d’ouvrages et d’articles incontournables : Gildas Bourdais (Voir « Roswell : enquêtes, secret et désinformation », ou « Roswell et la rumeur de Roswell » paru dans LDLN N° 356).

Mais peut-être puis-je par contre vous raconter une anecdote personnelle qui vous amusera un peu ?

Je me souviens que dans les années 80, je m’intéressais déjà de près aux OVNI. Le crash de Roswell était déjà connu, mais quand j’en parlais au collège (puis au lycée) à mes camarades, ils béaient, personne ne connaissant même ce nom, et me répondait ironiquement, comme on le fait encore bien souvent : « C’est pas possible ; si c’était vrai, on en parlerait… ».

Or, j’ai revu, par hasard, bien des années après, une de mes anciennes connaissance de collège. Une des premières choses qu’elle m’ait dit, c’est : « Tu as vu ; c’est fou ! Maintenant, il parle de Roswell à la télé, et il en font même des films… ». Et elle n’était plus du tout ironique.

Comme quoi, il y a quand même eu là aussi un léger progrès dans les mentalités. Les gens connaissent Roswell au moins vaguement de nom. C’est toujours ça…

P.T. : D’accord avec Axel, c’est bien sûr une affaire extrêmement importante. Ce qui résume assez bien cette histoire, à mon avis, c’est le rôle qu’y a joué l’armée américaine: c’est en effet l’armée qui a tout d’abord annoncé la récupération d’une « soucoupe volante » (quand on parle de rumeur infondée, il y a de quoi se poser des questions !). Ensuite, les nombreuses contre-théories que l’armée a avancé pour justifier cette affaire, toutes plus absurdes et contradictoires les unes que les autres, sont une excellente illustration de la désinformation, et démontrent par là même qu’il y avait bien quelque chose à cacher !

C.R : Je rajouterais qu’à la suite du crash en juillet 1947, l’affaire ufologique liée à Roswell est devenue la plus secrète des USA. De gros moyens financiers ont été mis en œuvre pour la compréhension de la technologie E.B.E. Pour moi, la découverte majeure se trouve dans nos vies de tous les jours : John Bardeen et Walter Brattain qui découvrent le transistor le 23 décembre 1947 (quelques mois après le crash), dans les laboratoires de la compagnie Bell Téléphone laquelle est intimement liée avec la base de Roswell. En Mai 1954, Texas Instruments annonce le début de la production commerciale des transistors de silicium. Première découverte officielle dont les résultats pratiques sont apparus avant la théorie. Bizarre !

Quelles sont vos conclusions sur le phénomène OVNI ?

A.M. : D’une façon globale, je pense qu’il s’agit d’un phénomène objectivement réel, produit et contrôlé par une intelligence non-humaine, qui interagit de façon sensible avec (et/ou sur) l’humanité depuis déjà bien longtemps, et qu’il y a une conspiration du silence entretenue par nos autorités (politiques comme intellectuelles) pour dissimuler cet état de fait.

S’il fallait me montrer plus précis, je pense que le phénomène OVNI est un phénomène essentiellement matériel, avec des vaisseaux « tôles et boulons » pilotés par des extraterrestres « en chair et en os ».

Quoique je ne préjuge pas de l’origine des dits extraterrestres, qui peuvent être multiples et très diverses : « extra-solaires » comme « extra-dimensionnels » (et peut-être même « temporels » ?).

Je ne suis pas très favorable au courant qui s’est développé ces dernières années en ufologie, voulant que le phénomène OVNI prenne forme en fonction des époques et de l’univers conceptuel des témoins. Par exemple, on observe en bon nombre ces dernières années des OVNI aux formes triangulaires. C’est souvent un argument mis en avant pour affirmer que les OVNI se sont calqués par mimétisme sur nos avions aux formes anguleuses, ayant évincé le modèle « soucoupe ». Pourtant, on continue aussi d’observer des « soucoupes volantes » à notre époque, et vice-versa, on trouve déjà des observations d’OVNI triangulaires dans le passé, même lointain.

Chaque civilisation a conceptualisé et exprimé dans son langage, avec ses propres mots, les observations d’OVNI et d’humanoïdes associés, mais je ne pense pas qu’il faille en conclure qu’il s’agisse de transformation physique du phénomène.

Et encore moins en arriver à la thèse qui consiste à mettre dans le même sac OVNI, poltergeist et créatures mystérieuses, comme manifestations de formes multiples d’une même intelligence.

Il y a peut-être des rapports indirects entre ces phénomènes, et il y a un vrai rapport d’unité dans le profil argumentaire que l’on oppose aux recherches dans ces différents domaines, mais cela ne va pas plus loin.

Enfin, je suis en désaccord complet avec l’hypothèse socio-psychologique et celle de l’influence de la science-fiction.

Par exemple, les récits concernant les abductions doivent être pris au pied de la lettre : si des milliers de personnes se plaignent actuellement d’avoir été enlevés par des créatures non-humaines, stigmates physiques à l’appui, c’est le plus simplement du monde et très logiquement parce que des extraterrestres pratiquent des enlèvements d’humains par milliers !

Ce qui fait que, pour l’heure, je me range du côté de « l’horrible vérité », façon John Lear.

Un statut de conspirationniste que j’assume pleinement, même si ce n’est pas une mince affaire quand on constate à quel point cette position est mal vue en France, y compris aux yeux de certains ufologues !

Par contre, je pense qu’il y a aussi des abus dans ce domaine et que certains auteurs, comme David Icke, vont un peu trop loin (ce qui ne dispense pas de lire pour autant ses ouvrages).

P .T. : Là encore, pas grand chose à ajouter ! D’une part, la réalité matérielle du phénomène et le fait qu’il soit la manifestation d’une intelligence inconnue ne me laissent aucun doute ; et d’autre part, l’hypothèse E.T. me paraît la plus probable, même si elle n’exclut pas d’autres hypothèses. Je pense aussi que le cas des abductions est un problème majeur et indubitable, qui devrait entrer dans le débat public, ne serait-ce que pour aider ceux qui en sont « victimes » ! Maintenant, il est probable aussi que ce qu’on regroupe sous le terme « phénomène OVNI » recouvre plusieurs réalités : des objets « tôles et boulons » qui ne datent pas des années 40 mais semblent nous visiter depuis la préhistoire, ainsi que des phénomènes d’ordre plus « psychiques » ou « surnaturels ».

C.R. : Peu importe les théories, les faits sont là depuis des siècles, du paysan japonais au pilote de chasse américain en passant par la petite famille installée dans son jardin dans le sud de la France expérimentant une rencontre du premier type ou du quatrième type, tous sont affectés ou étudiés de la même façon.

Cela dépasse l’entendement, le fait d’aborder le sujet chez les individus remet en cause tout le fondement logique de leur vie. Alors que la civilisation toute entière aurait sûrement tout à gagner si les officiels informaient la population de l’existence de la vie extraterrestre car les preuves sont bien là. Peut-être que de grand désordres dureraient un moment, mais à long terme, l’humanité regarderait moins son nombril, enfin je l’espère !

Parmi les parutions récentes en cryptozoologie, en ufologie et concernant les sociétés occultes (en français et dans d’autres langues), quelles sont celles qui vous paraissent les plus importantes ?

A.M. : En cryptozoologie, l’événement majeur en matière de publication, c’est bien sûr la sortie des livres inédits de Bernard Heuvelmans (ainsi que la réimpression des anciens devenus introuvables), dont « Les félins encore inconnus d’Afrique ».

En ufologie, le livre de François Parmentier « OVNI : 60 ans de désinformation » serait celui que je conseillerai de lire de préférence à un débutant… et à bien des membres des grands médias !

Je ne suis pas d’accord sur tous les détails, mais dans les grandes lignes, c’est un des meilleurs livres parus sur la question ces dernières années.

Il analyse minutieusement et avec une grande justesse les mécanismes de la conspiration du silence qui s’exerce sur l’ufologie, et remet en place les sociologues et universitaires qui ont une influence néfaste sur la communauté intellectuelle française, ainsi que la coupable complaisance de nombreux journalistes.

Concernant les publications anglophones, il y a tous les très bons travaux sur les abductions du Dr. Roger K. LeirOVNI et implants ») et de David JacobsSecret life » / « Les kidnappeurs d’un autre monde », « The Threat »).

Sur les OVNI en général, il y a eu aussi « Missing times » de Terry Hansen et j’apprécie assez les ouvrages de Timothy Good.

(A ce propos, il est incroyable de constater à quel point les rayons des librairies françaises sont pauvres par rapport à la masse des ouvrages intéressants qui sortent en Angleterre ou aux USA sur la question des OVNI !)

Enfin, il faut impérativement mentionner la très récente sortie surprise (diffusion libre sur le Web) du livre jusque-là inédit du grand vétéran de l’ufologie française, Jimmy Guieu : « OVNI. ET : la vérité cachée ».

P.T. : Je ne sais pas ce que vous entendez exactement par « récent » , mais je n’ai pas eu beaucoup de temps pour lire ces dernières années, la BD étant un travail très exigeant… En ce qui concerne l’ufologie, mon intérêt se porte avant tout sur les cas d’abductions et dans ce domaine, mes livres de références sont « Le voyage interrompu » sur l’affaire Betty et Barney Hill, ainsi que le livre de John Mack : « Dossier Extraterrestres (L'affaire des enlèvements) » ; je me suis aussi intéressé à l’affaire Ummite, à travers les livres de Jean-Pierre Petit et celui de Castello/Chambon/Blanc : « La conspiration des Etoiles » ; Jimmy Guieu a aussi fait un très important travail de recherche, et Geneviève Vanquelef nous a permis de découvrir des ouvrages américains grâce à son œuvre de traduction et de synthèse. Je continue à me tenir au courant grâce à l’excellente revue de Joël Mesnard, « Lumières dans la Nuit », et à certains sites internet comme « Karmapolis ».

Pour ce qui concerne les sociétés secrètes et le gouvernement occulte, outre le livre d’Anne Givaudan que j’ai cité, il y a eu « Gouvernants invisibles » de Serge Hutin, « Le dictionnaire des Sociétés Secrètes » d’un collectif d’auteur dirigé par Jacques Bergier ; « Le Matin des Magiciens » de Pauwels et Bergier a été une source d’inspiration pour notre BD, ainsi que « Le Frémissement du Voile » de Yeats, qui nous a fourni des informations de première main sur la Golden Dawn. Je considère que David Icke, malgré son côté exalté, brouillon et un peu monomaniaque, a osé dire très fort ce que peu de gens osaient penser tout bas (pardon pour le cliché), et certaines de ses enquêtes me paraissent plus judicieuses qu’on pourrait le croire ; je le classe donc parmi les auteurs importants de ces dernières années.

Pour ce qui est de la crypto-zoologie et du paranormal, je ne peux que recommander les livres passionnants de notre ami Pascal Cazottes : « Voyage au Cœur de l’Insolite », « La Bête du Gévaudan, enfin démasquée ? » ou dernièrement « Sirènes et Hommes Marins ».

D’autre part, je travaille en écoutant la radio (principalement France Inter et France Culture) et ce que je perçois dans l’actualité confirme jour après jour que ce qu’annonçaient les « conspirationnistes » il y a quelques années avance à grands pas, et de manière dramatique…

C.R : OK, tout est là ! R.A.S.

Avez-vous comme projet l’écriture sur d’autres supports que la BD ?

P.T. : Pas pour l’instant ! Nous avons chacun de notre côté d’autres projets en cours en BD ; nous envisageons aussi de publier un album hors série qui recensera nos sources d’inspiration pour « Les Portes de Shamballah », une sorte de Making of ; ce projet est en cours d’écriture, et sortira sans doute à la fin du premier cycle.

A.M. : Il y a bien un projet d’édition d’un ouvrage, d’après ma maîtrise, sur l’épistémologie et le paranormal, avec « Les éditions Universitaires du Sud », qui court depuis longtemps, mais qui semble en suspens à l’heure actuelle…

On m’a aussi souvent vivement encouragé à écrire au moins un livre documentaire sur les OVNI, et je ne compte plus le nombre de personnes qui m’ont demandé de fonder mon association ufologique, voire carrément sollicité de reprendre la leur !

Il y a quelques temps, Joël Mesnard m’a même demandé si je souhaitais reprendre la revue « Lumières Dans La Nuit ». J’aurais vraiment aimé, mais ce n’est guère réaliste pour le moment, vu mon emploi du temps et le travail considérable que représente la gestion d’une revue.

Sinon, je suis éclectique : en dehors de la BD, je suis en pourparler avec différents éditeurs pour la publication d’une traduction commentée d’un vieux traité de stratégie japonais, le « Shôninki », un des trois grands classiques de la tradition ninja.

C.R. : Je continue dans la BD sur un scénario qui s’appelle BARDO qui traite les thèmes de la mort et du karma, le tout dans un contexte d’espionnage. J’ai aussi un projet de moyen métrage dans le genre de « C’est arrivé près de chez vous » de Benoît Poelvoorde et de « The big Lebowski » des frères Coen. Pour finir et rien à voir, je suis en train de retaper une ferme en Mayenne.

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Interview faite par Internet en Septembre 2008

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La couverture du deuxième tome de la série " Les Portes de Shamballah - Ordo Templis Orientis " - Septembre 2008

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Pour plus de renseignements : Le site officiel de la série Les Portes de Shamballah

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