13 déc. 2007

OVNI : INTERVIEW DE THIBAUT CANUTI POUR SON LIVRE : UN FAIT MAUDIT - HISTOIRE ORIGINALE ET PHENOMENOLOGIQUE DU FAIT OVNI

THIBAUT CANUTI, vous êtes l'auteur d'un ouvrage intitulé Un fait Maudit Histoire originale et phénoménologique du fait OVNI, paru en 2007 chez JMG Editions. Pouvez-vous nous dire quel est le but d'un tel livre et qu'est-ce qui vous prédestinait dans votre parcours personnel et professionnel à faire ce type de recherches ?

T.C : Ce livre est un concours de circonstances, comme souvent le sont les rencontres déterminantes. Lorsque j'ai découvert l'existence du phénomène, j'ai commencé par dévorer toute la documentation que j'ai pu réunir en français et en anglais essentiellement. Il m'est apparu qu'en langue française, les ouvrages mettant en perspective l'histoire du phénomène (on ne peut saisir la controverse autour des Etats-Unis et en France aussi d'ailleurs, quoique dans une moindre mesure, qu'à l'aune de l'Histoire me semble-t-il) étaient anciens et qu'il convenait de refaire le point. Car enfin la question de l'Histoire est essentielle, c'est un point que les premiers ufologues avaient d'ailleurs très bien compris, même si cette étude des permanences entre faits anciens et modernes a donné lieu à des livres quelque peu abusifs d'un point de vue intellectuels, (cf. la théorie des « anciens astronautes »).

Mais des ouvrages fondateurs avaient ouvert la voie. C'est ainsi que Jacques Vallée notamment tache de démontrer dans « Passport to Magonia » que de nombreux signes indiquent que le phénomène accompagne l'homme tout au long de son évolution, des temps historiques, subit des inflexions, de fond comme de forme, tout en gardant un socle commun. Les perspectives ouvertes alors par cet aspect sont énormes. Il y a bien évidemment une différence énorme selon que l'on affirme, comme certains, que les soucoupes datent de 1947 ou de bien avant. Voilà pourquoi, je m'intéresse tout particulièrement à l'histoire du phénomène ovni, un peu comme Jérome Clark aux Etats-Unis, toutes proportions gardées bien sûr, je ne me compare pas à lui…

Vous êtes l’auteur également de nombreux articles sur l’histoire de l’Ufologie et du phénomène OVNI comme celui qui est relatif à la vague Scandinave de 1946, pouvez-vous nous en dire plus ?

T.C : Oui j'ai l'habitude de travailler sur des points isolés qui sont parfois publiés dans des revues ou donnent lieu à des conférences quelque fois. Ce sont ces points qui forment une large partie du corps de mon livre. On trouve sur mon site les textes de ces articles et interventions. C'est une bonne habitude quand cela est possible de rendre disponible pour le plus grand nombre toutes les données relatives à l'étude des ovnis. Le public a besoin de savoir que des travaux perdurent et qu'on peut envisager cette étude de façon sereine et surtout, sous des angles très divers.

Pour ce qui est de la vague scandinave, je n'ai rien de plus à rajouter que mon article, si ce n'est qu'on retrouve dans ce dossier les militaires américains et l'incertitude inhérente et irréductible au phénomène OVNI.

Quelle fût votre réaction à cette fameuse mise sur Internet d'une partie des archives officielles françaises, d'observations sur les OVNI entre 1988 et 2006 ?

T.C : On ne peut que se féliciter de la mise en ligne de ces documents mais les ufologues bien informés n'y apprendront rien. Les profanes risquent également de trouver les données un rien abruptes. Ce qui est gênant, mais ce n'est que mon humble avis, c'est lorsque l'équipe du nouveau GEIPAN confesse qu'il s'agit d'intéresser les scientifiques, comme si, en présentant le dossier OVNI sous un jour favorable, les scientifiques y verraient enfin un sujet valable. Dès les origines contemporaines de l'ufologie, on trouve des scientifiques assez curieux pour s'intéresser au phénomène. Le traitement réservé à ces martyrs de l'ufologie, Petit, Guérin, McDonald, Mack n'a guère incité à rejoindre les rangs des ufologues. Le bilan du GEPAN/SEPRA/GEIPAN est loin d'être nul, mais ne nous racontons pas d'histoires, les moyens sont à ce point limités, à tous les niveaux, et les objectifs si minimaux, qu'on a peine à croire que cet organisme soit la réponse à un sujet si important, si complexe et si sensible. Il faudrait voir les choses en beaucoup plus grand et le réseau existe déjà, au travers des associations ufologiques. La grande faillite du GEPAN / SEPRA, fut dans le refus de ses animateurs (et sans doute plus encore, celui de son autorité de tutelle, le CNES) de voir cet organisme fédérer les efforts des ufologues. Incapable de prendre en charge le phénomène avec ses ressources propres, même du temps d'un conseil scientifique actif et de collaborateurs extérieurs, cette fin de non recevoir a limité, isolé le GEPAN / SEPRA et l'a finalement coupé d'apports extérieurs qui auraient pu être déterminants. De par sa légitimité scientifique, son caractère public, le GEPAN / SEPRA aurait pu susciter ce réseau national qui lui a tant manqué. Avec des critères exigeants, une coordination nationale, des actions de formation, cette initiative auraient sans nul doute légitimé une ufologie privée livré à elle-même, rehaussé son niveau général et les capacités de ses acteurs, assuré une cohérence d'ensemble des recherches et des initiatives, une communication plus juste et plus efficace et offert enfin une vitrine pour ses investigations. Au lieu de cela, chacun travaille dans son coin. Des efforts louables sont bien entrepris par des associations pour fédérer les mouvements, adopter des règles communes, mais l'impulsion ne peut venir que des pouvoirs publics.

En matière d'humanitaire, de social, même dans la Recherche, le partenariat existe entre public et privé / associatif, mais pas en ufologie. C'est bien dommage car c'est à cette seule condition que l'on pourra dépasser l'état présent, suivre des recherches, mener des expériences, les organiser, labelliser un réseau d'enquêteurs, ne plus attendre les observations mais mettre en place le système qui permettra d'être l'observateur le plus armé lorsque le phénomène se produit.

Depuis la parution de votre ouvrage où en sont vos travaux sur l’étude des OVNI ?

T.C : Je me consacre essentiellement à l'étude de l'ufologie française. J'ai travaillé récemment sur les rapports entre la science et l'ufologie et donné quelques conférences sur cette question qui est très importante pour comprendre la réception par le public d'un tel sujet. J'ai travaillé aussi sur la recherche officielle et les liens avec l'armée, dont il est évident qu'elle a très largement investigué le sujet, en France comme ailleurs.

Vous abordez le fait OVNI à travers la mythologie d’ancienne civilisation comme celle des sumériens par exemple, pouvez-vous nous en dire plus ?

T.C : Oui, c'est un sujet délicat que j'aborde avec d'infinies précautions. D'abord parce que c'est la caractéristique de toutes les religions, mythologies et cosmogonies que de mettre en scène des visiteurs mystérieux venus du ciel, souvent à bord d'engins, et s'il est permis de s'interroger sur cette permanence, il ne s'agit pas d'une preuve en soit. L'archéo-astrologie comme on l'a appelé un temps a été l'essentiel des travaux d'auteurs à succès comme Charroux ou Von Daniken qui ont certes fait avancer la connaissance sur ce sujet et compilé un grand nombre de faits, mais qui ont également dévoyé cette idée en la surexploitant. Cette question occupe donc volontairement une place assez négligeable de mon livre même si j'ai tenu à évoquer l'essentiel de ces idées, qu'il s'agisse d'épisodes bibliques ou des croyances Dogons qui continuent de nourrir une polémique intacte, plus de 60 ans après la parution du « Renard pâle » de Griaule et Dieterlen qui est à l'origine de cette question des connaissances astronomiques incompréhensibles des Dogons du Mali. Pour certains, il ne s'agit que d'un simple phénomène d'acculturation et d'intégration de connaissances occidentales au savoir oral et ancestral Dogon (cf. Luxorion), mais cette théorie ne me paraît pas satisfaisante, elle n'a que le mérite d'être normative.

Contrairement à ce dont on m'a parfois accusé dans certains mails pas toujours sympathiques, je me garde bien de conclure, faute de preuves plus déterminantes. Il reste qu'il n'est pas interdit de s'interroger sur ce fait et beaucoup d'autres, surtout lorsque l'on constate avec des époques plus modernes que les observations d'ovnis postérieures à 1947 n'ont rien de très original. L'essentiel de la geste ovnienne est déjà présent des siècles avant l'ère Roswell.

Concernant le phénomène OVNI, est-ce que vous avez constaté ces dernières années une évolution des mentalités, notamment dans la communauté scientifique ?

T.C : Je ne saurais le dire. Fondamentalement, je pense que le problème reste intact car les causes sont les mêmes, ce sujet vient heurter profondément les paradigmes scientifiques dominants et une certaine théologie d'une science finie ou assise sur des bases immuables. On en est toujours là. Même dans les sciences sociales et humaines qui ont traditionnellement beaucoup investigué le sujet, les ouvrages ne sont pas si nombreux qui abordent le phénomène ovni avec ouverture d'esprit. Dans les années 90, le psychiatre John Mack dut se heurter aux mêmes préventions que l'astrophysicien Pierre Guérin ou l'informaticien Jacques Vallée décrivaient dans les années 50 /60. Peut-être des disciplines montantes comme l'exobiologie ou certaines théories en astrophysique préparent insensiblement les mentalités, mais je ne crois pas que celles-ci aient notablement changé. Il est toujours aussi suicidaire de s'intéresser au phénomène ovni si l'on est un chercheur ou un universitaire singulièrement.

Une des perspectives qui, sans doute, fera avancer les consciences à moyen terme, est l'exploration spatiale. Mais nous sommes loin, en tant qu'espèce, de réunir les conditions pour avancer en ce domaine.

En ce qui vous concerne, quelles sont vos conclusions sur le phénomène OVNI ?

T.C : Et bien comme je réponds invariablement à cette question ou à ses variantes, je n'en ai qu'une. Il existe indubitablement un reliquat de cas d'observations d'ovnis (vraisemblablement très faible, de 1 à 5 % selon les estimations des uns et des autres, peut-être beaucoup moins), qui renvoie à une réalité complètement exotique et étrangère à notre environnement humain. Quant au reste, je suis toujours étonné par celles et ceux qui prétendent détenir la réponse. Il y a assez de données en ufologie pour défendre brillamment toutes les thèses, y compris celle qui postule de la non-existence du phénomène. Plus j'avance sur ce sujet, moins je sais. Cela ne veut pas dire que l'étude des ovnis ne débouchera pas sur des découvertes scientifiques importantes ni même qu'il ne faille pas continuer à recueillir patiemment les faits et les données pour peut-être un jour, leur conférer un entendement global, y déceler un sens.

En attendant, les ufologues sont d'abord ceux qui prennent en charge, par leurs enquêtes, par leurs écrits, une communauté de témoins qui serait complètement livrée à elle-même sans cela. On ne dit jamais assez l'utilité sociale des ufologues. Mais leur position est inconfortable. Le phénomène reste pour le moment rétif à toute explication globalisante. C'est sans doute la preuve que les réponses à ce mystère sont multiples et c'est aussi ce qui rend ce sujet si intéressant en cette période positiviste et matérialiste.

Parmi les parutions récentes (en Français et en Anglais), quelles sont celles qui vous paraissent les plus importantes ?

T.C : Cette question est un vrai piège, les parutions de livres en ufologie sont encore nombreuses et beaucoup d'ouvrages très intéressants continuent de sortir. On pourrait cependant citer, pour les plus récentes d'entre elles :

  • P. LagrangeOvnis : ce qu'ils ne veulent pas que vous sachiezPresses du Chatelet, que je « critique » sur mon site.
  • Phénomènes aérospatiaux non identifiés, un défi à la Science par Yves Sillard, Jacques Arnoult, Francois Parmentier, et Jacques Patenet - Cherche Midi.
  • Ovnis, le secret des secrets par Fabrice BonvinJMG (même si je ne partage pas ses certitudes sur la matrice gaïenne).
  • Contact et impact par Christel Seval – JMG
  • The UFO Evidence - Volume 2 : À Thirty Year Report par Richard Hall est une bible en la matière, de même que…
  • UFOs and the National Security State: Chronology of a Coverup, 1941-1973, de Richard Dolan.

Préparez-vous un nouvel ouvrage ?

T.C : Oui, je m'efforce de réunir la documentation et conduire certains entretiens relatifs à un livre sur l'histoire de l'ufologie française qui présente l'intérêt d'être parmi les plus anciennes, avec des particularités très fortes liées au contexte socio-culturel et à des vagues d'ovnis très importantes. C'est un travail de longue haleine qui va me demander beaucoup de temps.

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Interview faite par Internet en Décembre 2007

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Pour plus de renseignements : THIBAUT CANUTI

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Je pense que la pus belle preuve des ovni sont les crops circles, vous pouves voirs pleins de photos ici :
http://www.cropcirclesdatabase.org/
Sinon ce site recences tous les corp circles apparues depuis le début :
http://www.cropcircle-archive.com/