26 avr. 2008

OVNI : LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT NICOLAS SARKOZY

Claude Lavat - Contre-Amiral Gilles Pinon - Jacques Costagliola
Copyright Radio ICI ET MAINTENANT


Le principe de précaution appliqué au phénomène ovnien

Préambule

On ne subit pas l’avenir, on le fait. (Georges Bernanos)
En l’absence même de toute intention hostile, l’intrusion d’une civilisation extraterrestre pourrait porter atteinte à notre environnement compris comme l’ensemble des conditions naturelles, sociales et culturelles constituant le théâtre des activités humaines.

La Charte de l’environnement, qui a valeur constitutionnelle, prévoit que lorsque la réalisation d’un dommage, bien qu’incertaine en l’état des connaissances scientifiques, pourrait affecter de manière grave et irréversible l’environnement, les autorités publiques veillent, par application du principe de précaution [ ], à la mise en oeuvre de procédures d’évaluation des risques [ ].

Le phénomène ovnien
Des phénomènes aérospatiaux insolites se montrent régulièrement dans notre espace aérien. On les appelle communément OVNI. Le CNES (Centre national d’études spatiales) préfère leur donner le nom de PAN (phénomène aérospatial non identifié).

Avant que de chercher à leur donner une interprétation, il nous faut reconnaitre une évidence toute simple : ils existent. Certes une grande partie relève de méprises, de fantasmes ou d’hallucinations, mais une part irréductible et significative semble témoigner de lois physiques inconnues et participer d’un principe intelligent.

Ils ont donné naissance à une discipline, l’ufologie, qui comprend deux activités bien distinctes : en premier lieu la collecte des données, en second leur interprétation. Par convention, nous désignerons, dans la suite de cette lettre, par le terme générique « phénomène ovnien » l’ensemble des pans qui, après examen, n’ont reçu aucune explication rationnelle au regard de nos connaissances scientifiques.

Les données
Un groupe d’études émanant du CNES, le GEIPAN (groupe d’études et d’information des phénomènes aérospatiaux non identifiés), a reçu en France la mission officielle de recueillir, d’analyser et d’archiver les données relatives aux pans. Grâce à cet organisme et au travail obstiné d’enquêteurs indépendants, nous disposons aujourd’hui de banques de données comportant plusieurs milliers d’observations. Leur étude statistique met en évidence la complexité et l’incongruité du phénomène qui recouvre des dizaines de types d’évènements, allant du plus banal, simple lumière anormale dans le ciel, au plus surprenant, enregistrement radar d’objets aux performances cinématiques inexplicables. Mais elle fait aussi apparaitre une cohérence interne et des caractéristiques générales, relativement stables et rarement démenties, de réalité physique et de comportement intelligent, non hostile, discret, furtif et brouillé.

L’interprétation

L’interprétation la plus répandue parmi les ufologues soutient que le phénomène ovnien est gouverné par une (ou plusieurs) intelligence non terrestre. Dans cette hypothèse, il faut accepter l’idée qu’il cache un dessein potentiellement hostile, un programme soutenu par une stratégie. Quel est ce programme ? Qui en sont les auteurs ? Quelle est leur stratégie ? Telles sont les questions que nous sommes amenés à nous poser face à une activité inconnue. Partant, l’étude du phénomène ovnien ressortit aux méthodes d’appréciation des situations complexes mettant en jeu des intelligences aux desseins équivoques et des informations rares, sporadiques et brouillées.

Des méthodes hypothéticodéductives, itératives et adaptatives
Quelles sont ces méthodes ? De conception militaire, elles sont apparues durant le dernier conflit mondial, en même temps que la recherche opérationnelle. Elles sont enseignées dans les écoles supérieures de guerre (en France, le Collège interarmées de défense) et sont employées par les états-majors des grandes puissances. Les grandes entreprises, exposées aux contraintes économico-politiques et devant affronter une concurrence où la désinformation est couramment pratiquée, les ont adoptées et adaptées à leurs besoins propres. Cela explique la présence de la métaphore et de la terminologie militaires dans le discours des dirigeants de société.

Ainsi que la recherche opérationnelle, elles ont pour objet de pallier l’insuffisance de l’intuition et du bon sens devant des situations confuses dépendant de paramètres multiples, relevant de facteurs objectifs et soumises à des évènements naturels aléatoires. Mais contrairement à la recherche opérationnelle, elles tiennent compte de l’immixtion d’une intelligence extérieure douée de volonté et capable de brouillage et de comportements arbitraires apparemment irrationnels. Elles sont particulièrement pertinentes en présence de désinformation et dans des conflits asymétriques opposant des adversaires aux logiques différentes, aux éthiques divergentes et aux modes de pensée dissemblables, comme la lutte contre le terrorisme ou, le cas échéant, une intrusion extraterrestre.

De quelle sorte de raisonnement ces méthodes participent-elles ? Elles sont de type hypothéticodéductif. Elles consistent à formuler des présuppositions, préalablement passées au crible des vraisemblances éthique, technique, économique et opérationnelle, dont sont déduites des conséquences, passées et futures, susceptibles d’être vérifiées par l’observation et le renseignement. Si elles trouvent une vérification expérimentale, elles sont validées. Sinon, elles sont soit réfutées soit révisées afin de les rendre compatibles avec l’expérience. Elles sont par construction itératives et adaptatives. Elles astreignent à une pensée formalisée et rigoureuse. Tout bien considéré, elles sont une application assez fidèle de la méthode scientifique de Karl Popper.

Elles s’opposent au processus inductif de pensée qui va du particulier au général, qui prétend à un énoncé général à partir d’un nombre limité d’observations. S’agissant de l’ufologie, la méthode inductive est inappropriée en raison d’une information fortement dépréciée. Elle a malheureusement conduit à deux écueils : d’une part au scepticisme ou au refus de toute tentative d’interprétation car les visages polymorphe et absurde que revêtent les manifestations des pans depuis soixante années ne permettent pas de justifier un énoncé général ; d’autre part, par extrapolations abusives, à l’élaboration d’interprétations hasardeuses et au développement de thèses conspirationnistes.

Une possible intrusion extraterrestre
Si nous écartons a priori l’hypothèse non scientifiquement réfutable d’une intelligence transcendant le monde sensible, il faut bien admettre que nous avons possiblement affaire à une intrusion extraterrestre, c’est-à-dire à la présence non désirée d’êtres intelligents appartenant à une ou plusieurs planètes de la Voie lactée ou d’une autre galaxie.

Pour que les méthodes hypothéticodéductives lui soient applicables, encore faut-il vérifier que ces êtres peuvent raisonnablement faire l’objet de présuppositions. La difficulté vient alors, entre leurs civilisations et la nôtre, des écarts des connaissances et des évolutions : écart certain pour ce qui est des sciences et des technologies ; écart vraisemblable des évolutions biologiques et sociales et des éthiques.

Une nouvelle forme d’incommensurabilité ?
Tout revient à la question de savoir si des êtres intelligents aux niveaux de connaissances inégaux et aux développements psychique et biologique éloignés seraient capables de se comprendre. A cette condition seulement, les présuppositions auront un sens et pourront être admises comme hypothèses heuristiques.

Une position est aujourd’hui en faveur chez certains ufologues qui prétendent, après Carl Sagan, que les différences de connaissance et d’évolution seraient en réalité des obstacles insurmontables rendant impossible notre compréhension, voire notre perception, d’une intrusion.
S’il est vrai que le fossé du langage est à jamais infranchissable entre l’homme et l’animal, il ne serait pas en revanche un empêchement dirimant entre notre civilisation et celles des autres mondes technologiquement, et peut-être psychiquement, supérieurs. En effet l’exobiologie tient pour probable que tous les êtres intelligents de l’univers sont dotés de capacités d’inférence et de gestion du temps et que leurs schémas mentaux sont, selon toute vraisemblance, analogues sinon identiques.

Il vient qu’il est légitime d’appliquer les méthodes hypothéticodéductives au phénomène ovnien et, par conséquent, de chercher à découvrir, au-delà de leurs modes de déplacement dans l’espace, les intentions à notre égard des éventuels intrus.

Présuppositions
Elles doivent porter sur la nature de ces êtres, sur leur libre ou serf arbitre, sur leur organisation sociale et politique, leur éthique collective, leurs intentions et leurs activités. La vie revêt-elle ailleurs des formes radicalement différentes ? Les êtres biologiques extraterrestres doués d’intelligence ont-ils une physiologie semblable à celle de l’homme ? Erigent-ils leurs sociétés en civilisations ? Dans l’hypothèse où certains auraient acquis la maîtrise de l’espace, de quelle organisation sociale et politique se seraient-ils dotés pour atteindre un tel niveau de connaissances ? Quelle serait leur éthique ? Reconnaîtrait-elle une vérité morale ? Quelle stratégie adopteraient-ils vis-à-vis des civilisations visitées ? Au service de quelle mission ? Obéiraient-ils à un principe de précaution ? Quelles procédures d’approche appliqueraient-ils ? Des signes de leur présence seraient-ils perceptibles ?

Désinformation et brouillage
Dès lors que l’on tient pour plausible une intrusion extraterrestre, il convient de s’interroger sur son origine, son mobile et sa dangerosité :

- Sommes-nous en présence d’une seule civilisation ou de plusieurs civilisations opérant de concert ou de manières indépendantes ?
- S’agit-il d’une simple surveillance à distance, d’une intervention ponctuelle ou d’une tentative d’influence ou de prise de contrôle ?
Il est vain d’espérer que d’une démonstration ovnienne ostensible et non brouillée surgiront un jour prochain les réponses à ces graves questions parce que le phénomène est discret, furtif et brouillé et ne semble pas disposé à se dévoiler. Elles ne viendront pas davantage d’une étude reposant sur l’induction car il est de mieux en mieux établi qu’il est depuis son origine l’objet d’opérations de travestissement et de déformation de la vérité :

- la désinformation mise en œuvre par des fabulateurs aux intérêts obscurs et par des agences gouvernementales motivées par l’enjeu stratégique et la nécessité du secret ;
- l’amplification, plus ou moins volontaire, de certains des témoins et enquêteurs ;
- le brouillage et le camouflage par les intrus eux-mêmes.
Désinformation et brouillage sont si présents qu’il devient difficile de faire la part entre la réalité et la fiction, de restituer une information fiable et crédible à partir des seuls récits des témoins.
Les méthodes hypothéticodéductives sont censées lever ces difficultés.

Un risque d’ethnocide planétaire
Quand bien même elle ne montrerait aucune intention hostile, une intrusion extraterrestre présenterait un danger de chaos pouvant conduire à un ethnocide si, par accident, elle se montrait au grand jour sans laisser aucun doute sur son origine. A défaut d’une action psychologique préalable, les hommes pourraient perdre confiance dans leur capacité de maîtriser leur avenir. L’équilibre du monde en serait bouleversé.

Cependant que le génocide est l’extermination d’un groupe ethnique ou religieux, l’ethnocide est la destruction de sa culture. Le chaos n’est pas propre aux systèmes physiques. Des évolutions chaotiques se rencontrent aussi bien dans d’autres systèmes naturels complexes, composés de plusieurs sous-systèmes interagissant fortement. Des événements extérieurs, que les économistes appellent « chocs », pourraient jouer un rôle déterminant dans le déclenchement des involutions irréversibles. Or peut-on concevoir un choc culturel plus violent, plus déstabilisateur, que le contact impromptu avec des êtres extraterrestres qui ont mis la terre sous observation ?
Le risque d’ethnocide ne peut être négligé. Il doit être pris en considération au plus haut niveau de l’État. Là encore, seules les méthodes hypothéticodéductives sont susceptibles d’apporter une aide précieuse à la décision.

Compte tenu des réflexions d’ordre général qui précèdent et considérant

▪ que la France s’est dotée d’un organe officiel de collecte et d’analyse des données des pans, le GEIPAN,
▪ que le GEIPAN et son comité de pilotage n’ont pas reçu pour mission d’interpréter le phénomène ovnien,
▪ que, seraient-ils chargés de cette mission, ils ne détiendraient pour la mener à bien ni la compétence ni les moyens ni la méthode,
▪ que le phénomène ovnien est possiblement la manifestation de l’intrusion d’une ou de plusieurs civilisations extraterrestres,
▪ que, si l’intrusion n’est pas prouvée scientifiquement, il existe en sa faveur de fortes présomptions, comme l’a écrit en son nom propre dans un livre récent M. Yves Sillard, président du comité de pilotage du GEIPAN, ancien directeur général du CNES et ancien délégué général pour l’armement,
▪ qu’une intrusion extraterrestre procède nécessairement d’une politique respectant une éthique et implique un programme servi par une stratégie,
▪ qu’une stratégie relevant d’une intelligence étrangère aux motifs incertains pourrait porter atteinte à notre environnement compris comme l’ensemble des conditions naturelles, sociales et culturelles constituant le théâtre des activités humaines,
▪ qu’elle doit donc faire l’objet, selon une méthode appropriée, d’une étude d’évaluation des risques, notamment le risque ethnocidaire, par application du principe de précaution conformément à l’article 5 de la Charte de l’environnement,
▪ que la seule méthode appropriée face à une menace imprécise est la méthode d’appréciation des situations complexes mise au point par les grands états-majors,
▪ que le phénomène ovnien est une affaire trop grave pour être abandonnée aux seuls GEIPAN, ufologues et associations ufologiques, à la rumeur publique,
▪ que - pour ce que l’on en sait - aucune étude officielle portant sur l’interprétation du phénomène ovnien n’a été conduite à ce jour en France,
▪ qu’à la suite de la publication du rapport Condon, une telle étude a vraisemblablement été menée aux États-Unis en toute confidentialité et que ses conclusions suffiraient à expliquer la désinformation que ce pays semble avoir mise en place pour préserver sa situation dominante et, peut-être, écarter le risque ethnocidaire,

les soussignés ont l’honneur de demander à Monsieur le Président de la République de bien vouloir ordonner une étude exhaustive du phénomène ovnien en application d’une méthode hypothéticodéductive empruntée aux états-majors. Cette étude devrait réunir de hautes compétences dans les disciplines directement concernées : politique, militaire, scientifique, sociologique, philosophique et ufologique. Elle recevrait pour objet d’infirmer ou de valider l’interprétation extraterrestre et, le cas échéant, de mettre en évidence la stratégie poursuivie par l’intrusion et, si possible, ses moyens. Ainsi le gouvernement de la France serait-il en mesure de mettre sur pied, à des fins de vérification, des actions spécifiques d’investigation scientifique et de renseignement, puis de construire sa propre stratégie, enfin d’arrêter la politique nationale qu’il conviendrait d’appliquer en matière de défense, de sécurité, de recherche, de santé et de maîtrise de l’information. Il disposerait en outre d’éléments pertinents pour décider de la position à tenir sur la scène internationale et de l’information qu’il serait éventuellement nécessaire de porter à la connaissance des institutions et de l’opinion publique.

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A Versailles, le 14 avril 2008

Gilles Pinon, Contre-amiral (2S)

Jacques Costagliola, Docteur en médecine

Claude Lavat, Ingénieur ESME

Francis Collot, Chirurgien

Alain Labèque, Ingénieur CNRS

Vincent Morin, MCU docteur en électronique

Rémi Saumont, Ancien directeur de recherches à l’INSERM

20 avr. 2008

LIVRES : INTERVIEW DE JOCELYN MORISSON

JOCELYN MORISSON, vous êtes journaliste scientifique et collaborez à des magazines comme le Monde des Religions et Nouvelles Clés. Vous êtes l’auteur également d’ouvrages comme La Voyante et les scientifiques (2005 – Editions Les 3 Orangers), Les Enigmes de L’Etrange (co-signé avec Yves Lignon et Richard D.Nolane – 2005 – Editions First - ressorti récemment chez France Loisirs) et Parapsychologie : Le dossier - les acteurs, la science, la recherche (co-signé avec Yves Lignon – Préface de Stéphane Allix – Postface de Rémy Chauvin – 2007 - Editions Les 3 Orangers). Pouvez-vous nous dire qu’est-ce qui vous prédestinait dans votre parcours personnel ou professionnel à écrire ce type d’ouvrages ?

J.M :
Je ne sais pas si quelque chose me prédestinait à cet intérêt. Je suis de nature curieuse, j’ai une formation en sciences de la vie, puis j’ai bifurqué vers le journalisme. Quand j’étais étudiant j’étais un matérialiste classique, intéressé par les sciences et la philosophie, puis j’ai découvert le phénomène NDE (expériences de mort imminente) par un ouvrage collectif de Iands-France, La Mort Transfigurée. J’ai été convaincu par le sérieux de l’approche, universitaire, pluridisciplinaire, etc. À la même époque j’ai commencé à utiliser internet et j’ai consulté de nombreux sites sur les NDE, OBE, et les états modifiés de conscience en général. J’ai rencontré des témoins, et je suis devenu convaincu qu’il y avait quelque chose de très intéressant à explorer derrière tout ça, sans forcément adhérer immédiatement à l’idée de vie après la mort. Je me suis souvenu avoir vécu des sensations bizarres à l’adolescence, puis je me suis mis à faire un peu de méditation. On ressent assez facilement des choses fortes, des états nouveaux. Les mystères de la conscience et de la nature humaine sont fascinants. Et donc dans la foulée les phénomènes psi m’ont rapidement interpellé, notamment car dans les NDE il y a des aspects télépathie, perception extrasensorielle, etc. J’ai rencontré Yves Lignon à Toulouse et j’en ai appris beaucoup plus sur ces sujets.

Dans votre premier ouvrage La Voyante et les scientifiques, vous abordiez l’étude des phénomènes paranormaux sous un angle inhabituel. Pouvez-vous nous en dire plus ?

J.M : En fait la voyante de mon livre est un personnage atypique, car elle a accepté pendant de nombreuses années de participer à des expériences scientifiques, avec Yves Lignon, et elle reverse l’essentiel de ses gains à des associations. Il était donc intéressant de retracer son parcours, émaillé de nombreuses observations faites par des scientifiques, des médecins ou autres, et aussi d’anecdotes vérifiables, de prédictions précises, etc. L’enquête montre que la voyance est une réalité scientifique, mais pas une science exacte. Ses mécanismes sont incompris, c’est pourquoi les phénomènes psi pourtant avérés comme la perception extrasensorielle ne sont pas largement reconnus à l’heure actuelle. À mes yeux ces recherches forment un tout avec l’étude de la conscience, les neurosciences, et même la physique, qui fondent de toute façon la biologie. C’est pourquoi dans la deuxième partie du livre je souhaitais aborder les questions posées par les phénomènes psi en général, l’étude d’une « conscience globale », les recherches sur l’inconscient cognitif, les effets de la méditation, etc. J’évoque de nombreux travaux scientifiques sérieux qui pointent vers une conception non strictement matérialiste de la conscience. Mais encore faudrait-il savoir ce qu’est la matière. Cette question-là n’est pas figée.

Quel fût votre réaction à la lecture de Devenez sorciers, devenez savants de Henri Broch et George Charpak (2002 - Editions Odile Jacob) ?

J.M : Je ne perds pas mon temps à lire des textes qui défendent une idéologie au mépris de tout examen des faits. Je me fie aux avis de certains de mes amis sur ce genre de prose. En revanche, j’ai lu avec délectation l’excellente réponse à ce livre qu’a publiée Bertrand Méheust (Devenez savants, découvrez les sorciers). Les gens qui se cramponnent à l’idéologie matérialiste me font de la peine et me font peur à la fois. Ils me semblent aveuglés et c’est dangereux, mais je pense aussi qu’ils ont peur de perdre quelque chose si leur vision du monde s’avérait fausse. Pourtant, la science doit être la quête de la vérité, quelle qu’elle soit. Ils ont peur notamment du « retour des religions », et je les comprends, mais c’est une vision archaïque des choses. La question est bel et bien le post-religieux, la spiritualité non dogmatique, qui émerge aussi bien parmi les athées que chez les croyants classiques. Marcel Gauchet a théorisé la sortie des religions à partir du christianisme, qui a donné du sens à la notion d’individu.

En ce sens, l’individualisme forcené de nos sociétés serait le fruit de la christianisation. Aujourd’hui, il s’agit de dépasser l’individu pour réaliser le lien, naturel, qui unit les individus entre eux et à la nature. Il ne s’agit donc pas de ré-enchanter le monde, mais bien d’aller vers une meilleure compréhension du réel, ce qui est une démarche à la fois scientifique et métaphysique.

Au sein du livre Les Enigmes de L’Etrange, vous avez traité des Templiers, aujourd’hui les mouvements sectaires s’accaparent de plus en plus les symboles de cet ordre ancien, pouvez-vous nous dire pourquoi ?

J.M : Je ne sais pas si on peut dire cela. L’héritage des Templiers est revendiqué par certains de façon complètement illégitime, en effet, mais la symbolique est celle de l’engagement total au service d’une cause, la foi absolue en une transcendance, qui justifie jusqu’à l’action violente, le secret, etc. Il n’est donc pas étonnant que des mouvements sectaires s’appuient sur cette symbolique templière, mais ça n’a pas de sens aujourd’hui. D’abord toute forme de violence est à proscrire, et je suis contre tous les discours de prétendus « élus ». Comme les Cathares, les Templiers étaient sûrement plus chrétiens que ceux qui les ont jugés, et le cœur de leur message a été perpétué dans la tradition alchimique et certains courants de la franc-maçonnerie. Il faut faire confiance au travail des historiens et ne pas céder à l’irrationnel. La raison doit avoir toute sa place dans une quête spirituelle. Alors que, par définition, elle n’a pas sa place dans les sectes.

Faites-vous partie de ces chercheurs qui pensent que des sociétés secrètes, influencent (positivement ou négativement d’ailleurs), l’évolution de notre monde ?

J.M : Non, mais je ne suis que journaliste et pas chercheur... J’ai écrit sur la théorie du complot dans Les Enigmes de l’étrange. Je ne crois pas à l’influence directe de sociétés secrètes mais la marche du monde telle qu’elle est engagée actuellement peut très bien être comprise comme le fruit d’un « complot » de certaines élites. Mais un complot « à ciel ouvert » et non secret. Le triomphe du cynisme, l’absence totale d’éthique dans l’usage des instruments financiers et économiques, sont désormais une évidence y comprise aux yeux de ceux qui sont acquis à la cause ultralibérale. Et les mêmes s’accorde à voir un système qui court à sa perte, rapidement. On nous promet de plus en plus d’ « émeutes de la faim » qui ressemblent fort à des émeutes de la fin. S’il n’y a pas une prise de conscience globale de la nécessité de repenser les relations entre les hommes, l’humanité va considérablement régresser. La solution ne peut être qu’une question d’éthique, de spiritualité athée ou non. Par ailleurs, je suis bien obligé de préciser que je pense que de grandes manipulations géopolitiques sont possibles, et certaines sont avérées dans l’histoire, conduites par des gouvernements ou des pouvoirs institutionnels. Malheureusement, les cyniques qui sont aux commandes estiment que la fin justifie toujours les moyens, même si la fin elle-même est injustifiable. La justification de la fin est de toute façon une question annexe, puisque la fin est présentée comme allant de soi.

Concernant maintenant l’étude des phénomènes paranormaux, pensez-vous qu’aujourd’hui la France soit en retard sur d’autres pays ?

J.M : Oui elle est en retard au plan de la recherche sur le psi mais la science est internationale et les travaux notamment américains font foi. Ils montrent que les phénomènes psi sont une réalité. La France et l’Europe peuvent contribuer à l’étape suivante, conceptuelle et théorique, pour bâtir des nouveaux modèles qui permettront de comprendre ces phénomènes. À l’heure actuelle, des physiciens travaillent d’arrache-pied sur les paradoxes centenaires de la mécanique quantique et intègrent à leurs réflexions le rôle de la conscience. Il y a un véritable bouillonnement d’où sortira une nouvelle conception de l’homme, de la matière et du réel, qui relativisera la conception précédente comme Einstein a relativisé Newton. Cette révolution est peut-être pour très bientôt.

Comme vous le montrez dans votre livre Parapsychologie : Le dossier - les acteurs, la science, la recherche, ces phénomènes ne se résument pas qu’aux charlatans et aux fraudes. Pensez-vous que nous allons vers une évolution des mentalités par rapport à ce type de phénomènes ?

J.M : Oui, l’évolution des mentalités est largement engagée. De nombreuses personnes vivent des phénomènes psi de toutes natures, du rêve prémonitoire à l’expérience de mort imminente, qui transforme la vie. Les scientifiques sont plus ouverts, car eux aussi ont des expériences, mais le poids des institutions reste important. Il faut des travaux qui répondent aux critères de validité de la science, puis que l’information redescende jusqu'au grand public. Les phénomènes de perception extrasensorielle sont relativement faciles à accepter. C’est plus difficile pour la psychokinèse, l’action sur la matière, ou pour les phénomènes liés à la question de l’autonomie ou de la survie de la conscience. Il y a des blocages forts car c’est une remise en cause de fondamentaux de la science, mais il faut bien garder à l’esprit que nous savons probablement très peu de choses, y compris sur la structure même de l’univers et de la matière. Il suffit d’évoquer la matière noire et l’énergie sombre, ou réciproquement... De plus, tout le savoir direct, immédiat, analogique, de l’intuition à l’expérience mystique, ce savoir renvoie lui aussi sans aucun doute à une réalité « objective ». Tout ce corpus de connaissances n’est pas vide de sens. Je suis convaincu qu’il nous faut conjuguer les deux approches en une raison intuitive, ou une intuition raisonnée, de même que notre cerveau réunit nos deux hémisphères dont l’un (le droit) serait plus analogique et l’autre plus analytique.

Jocelyn Morisson pendant la conférence à Martigues - Copyright Frédéric Deaudet

Préparez-vous un nouveau livre ?

J.M : Je publie un livre dans la collection « Les aventuriers de l’étrange » chez Dervy, avec Louis Benhedi. C’est le premier volume et il est consacré aux « NDE, expériences de mort imminente ». J’ai également traduit le livre du neurologue québécois Mario Beauregard (The Spiritual Brain) qui paraîtra aux éditions La Maisnie. J’ai par ailleurs finalisé un manuscrit avec Michèle Lazès, ex-danseuse danseuse étoile et chorégraphe, devenue sculptrice après une NDE. Son histoire est passionnante et nous la proposons aux éditeurs... Enfin, je collabore au projet de rédaction d’un manuel de description clinique des expériences extraordinaires avec l’Inrees.

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Interview faite par Internet en Avril 2008

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Pour plus de renseignements : EDITION LES TROIS ORANGERS

6 avr. 2008

OVNI : LE DOCUMENT DE CANAL + « OVNIS : QUAND L'ARMEE ENQUETE - DIFFUSE DU 27 MARS AU 6 AVRIL 2008 - COMMENTAIRES DE GILDAS BOURDAIS

Un événement médiatique important vient d’avoir lieu en France : le documentaire de Canal Plus : Ovnis : quand l’armée enquête, diffusée une dizaine de fois, du 27 mars au 6 avril 2008, dans le cadre du magazine « Investigation ». L’enquête a duré près d’un an, et la chaîne l’a traité comme un événement exceptionnel à ses yeux : le premier passage était programmé en première partie de soirée, et l’émission était d’une durée de 80 minutes au lieu du format habituel de 52 minutes.

Disons le clairement : c’est une enquête très bien faite qui présente de manière positive la question des ovnis. Malheureusement, il faut d’abord déplorer que les présentateurs aient tenu des propos désobligeants à l’encontre des ufologues, au début et à la fin de l’émission. Au début, la présentatrice souligne qu’ils ont enquêté « loin des ufologues et de leurs farfelues révélations » ; Le commentaire final souligne que « les militaires sont prudents pour ne pas alimenter les délires des ufologues et des chasseurs d’extraterrestres ». Ces deux piques sont très injustes. S’il est vrai que circulent, malheureusement, bien des propos fumeux, aventureux et irresponsables, notamment sur Internet (qui tend à devenir la référence pour enquêteurs pressés), ne voir que cela, c’est révéler une grande méconnaissance du sujet. Ces journalistes ne semblent pas se rendre compte de tout ce que l’énorme « dossier ovni » doit à plus d’un demi-siècle d’enquêtes indépendantes à travers le monde, souvent difficiles, et la plupart du temps bénévoles. Il eut été convenable de le rappeler.

Le paradoxe : une enquête favorable aux ovnis mais qui dénigre les ufologue

Pourquoi cette image si négative de l’ufologie ? Nous la devons d’abord à des « agités » brandissant diverses « théories du complot », annonçant l’arrivée prochaine des « grands frères de l’espace » qui vont nous sauver, ou au contraire d’horribles aliens qui vont nous croquer. Ces « révélations » sensationnelles se vendent bien et s’étalent sur les tables des libraires. Pour prendre la mesure de cette image négative, lisez donc La foire aux illuminés, gros pavé de l’intellectuel bien connu Pierre-André Taguieff, qui a tout lu sur ces théories extrêmes, mais rien d’autre sur les ovnis !

Mais ce n’est pas tout. Cette mauvaise image est due aussi au travail de sape réalisé depuis des décennies par une cohorte nombreuse de sceptiques, ou « faux sceptiques » comme les appelle Joël Mesnard, toujours bien accueillis dans le monde intellectuel et médiatique. Les plus agressifs sont souvent d’anciens « croyants » qui rejettent ce qu’ils ont adoré. Il n’est pas étonnant, dans ce lourd contexte, que les journalistes de Canal Plus aient trouvé opportun de se démarquer de l’ufologie.

Cela dit, cette émission a essentiellement le mérite de montrer que des représentants « officiels » de nombreux pays, dont la France, prennent le sujet au sérieux. Espérons que cela va secouer un peu un public français habitué à voir les ovnis traités avec scepticisme, comme dans la récente émission de France 3 « Pièces à conviction » de juin 2007, quand ils ne sont pas tout simplement tournés en dérision. Une partie de la presse a plutôt bien annoncé l’émission, par exemple le Nouvel Observateur (cahier Télé Obs) et Télérama, alors que ces magazines sont connus pour avoir, dans le passé, affichés un scepticisme de bon ton sur les ovnis. Par contre Le Monde n’en a pas dit un mot, alors qu’il a publié récemment une pleine page élogieuse sur l’astronome André Brahic, grand pourfendeur des ovnis (article du 21 février 2008 « Pour l’amour du ciel »). On y lit qu’il fait « le malheur des astrologues ou des ufologues qu’il pourfend toujours avec entrain dans les médias ».

Deux obstacles à surmonter : scepticisme médiatique et politique du secret.

Pour saisir l’intérêt et la portée de cette émission, en dépit de ses piques anti-ufologiques, faisons encore un petit rappel « historique » sur le traitement si souvent négatif des ovnis dans les médias français. À ce sujet, je recommande la lecture de l’excellent livre de Joël Mesnard, qui vient de paraître, Vérités et mensonges sur les OVNIS (Editions Trajectoire). Il rappelle dans son préambule l’incroyable histoire de la « fermeture du Bureau britannique des soucoupes volantes », nouvelle fracassante qui avait fait immédiatement le tour du monde, et ravi les sceptiques. En réalité, ce n’était qu’un petit groupe provincial qui avait suspendu son activité pour l’été ! Or le démenti qui avait suivi avait été pratiquement passé à la trappe.

En France, nous avons encore eu droit, en juin 2007 sur France 3, à une émission presque entièrement acquise aux sceptiques, tel le « zététicien » Henri Broch, présent sur le plateau. C’est pourtant une émission habituellement de bonne qualité, « Pièces à conviction », présentée par Elise Lucet, et ce mauvais coup n’en a été que plus dur. J’ai appris, et il me l’a confirmé, que le président du comité de pilotage du GEIPAN, Yves Sillard, ancien Directeur Général du CNES, qui avait été pressenti initialement pour cette émission, en avait été finalement écarté. Par contre, le sceptique Eric Maillot avait obtenu le dernier mot, contre un Jean-Jacques Velasco ulcéré, sur Trans-en-Provence : un canular selon lui, alors que ce cas a été remarquablement étudié par le GEPAN. Passé à la trappe à France 3 !

Pourtant, il y a eu un tournant positif, en 2006, avec la mise en ligne des archives du GEIPAN, auxquelles L’Express a alors consacré six pages positives : on n’avait pas vu cela, dans la presse française, depuis très longtemps ! Pour dire les choses clairement, il y a en France, depuis au moins deux ans, une sourde bataille dans les médias, dont l’issue est encore incertaine. Il y a des signes encourageants, depuis quelques temps, malgré le fiasco de France 3. J’ai résumé l’année dernière l’évolution de la situation en France, et tout particulièrement la réouverture du service officiel français, le GEIPAN, pour une conférence que l’on m’a invité à faire à l’étranger, car cela intéresse beaucoup les ufologues, à l’extérieur de nos frontières. On peut la lire (en anglais) sur ce site

Répétons-le, la situation semble bouger actuellement un peu partout dans le monde, en Europe, aux Etats -Unis et au Canada, en Amérique latine, voire même au Japon, et l’émission de Canal Plus reflète bien cela. On constate une certaine évolution vers une reconnaissance de la réalité des ovnis, notamment par les armées de différents pays. Pour l’Amérique latine, je rappelle mon compte-rendu sur la conférence de Curitiba, au Brésil en novembre 2007, à laquelle j’avais été invité.

Il y a une exception notable, cependant : les Etats-Unis, du moins le ministère de la Défense, dont l’attitude de négation persistante devient ainsi de plus en plus insolite. C’est un autre mérite de l’émission de Canal Plus de ne pas avoir escamoté cet aspect si important du dossier Ovni : le silence officiel américain, qui confirme de plus en plus le maintien d’une politique du secret sur les ovnis dans ce pays. L’entretien avec l’avocat américain Peter Gersten est clair sur ce point. De même, le fait qu’ils n’ont eu aucune réponse du Pentagone à plusieurs demandes d’entretien.

Il est vrai, par contre, que les aspects les plus « chauds » et difficiles du dossier Ovni ont été évités dans cette enquête - par exemple la question complexe et controversée des enlèvements, l’affaire de Roswell et ses suites, la nature de ces « visiteurs » mystérieux, la dimension historique du « phénomène » mais c’était le bon choix à faire pour réussir une réouverture en souplesse du dossier vis-à-vis d’un public français sous-informé, en particulier le monde intellectuel et scientifique (du moins en public). C’est un choix que, pour ma part, je comprends, en dépit du fait que je me suis surtout intéressé à de telles questions. Ne nous leurrons pas : Il va encore falloir du temps pour reprendre tout cela sérieusement.

Quelques notes sur le contenu de l’émission.

Résumons le contenu de l’émission, avec quelques commentaires éventuels.

On assiste d’abord à une séance du comité de pilotage du GEIPAN, réunissant notamment, sous la présidence d’Yves Sillard, des représentants de la Direction Générale de l’Aviation civile, de l’armée de l’Air, de la Gendarmerie Nationale et de la Police, et bien entendu l’ingénieur du CNES en charge du GEIPAN, Jacques Patenet. Yves Sillard évoque les observations de lumières inexpliquées près de Hessdalen, en Norvège, et les analyses scientifiques qui en sont faites, une étude à laquelle il serait intéressant que se joigne le GEIPAN.

Yves Sillard, à l'époque Secrétaire général adjoint de l'OTAN.
(STRIANA Productions)

Vient ensuite une séquence sur les observations de deux pilotes britanniques aux environs de l’île de Jersey, le 23 avril 2007, avec interview du pilote Ray Bowyer qui dessine un croquis d’un très grand ovni de forme allongée. Il espère bien de jamais le revoir sur sa route ! Un aspect curieux mais classique est que l’ovni n’a pas été repéré par les radars, comme le confirme ensuite de contrôleur aérien Marc Angee, interviewé au centre de contrôle aérien de Brest, pour l’Ouest du pays. Mais Angee ne rejette pas pour autant l’observation. Il explique que ces pilotes ne plaisantent certainement pas, et que d’ailleurs il en connaît beaucoup d’autres qui ont vu des ovnis mais ne veulent pas en parler : « Qui dit ovni, dit ET, et donc c’est ridicule !!».

Une photographie de l'OVNI qu'aurait fait un passager du commandant Ray Bowyer

Après une brève présentation du GEIPAN, où l’on parle de « PAN » plutôt que d’ovni, on visite ensuite la Direction générale de la Gendarmerie à Paris, où le commandant Laurent Barrue montre une série de gros dossiers : Les archives des trois dernières années. Il confirme la statistique du Geipan : 28 % de cas non identifiés…

Ensuite, le, pilote Jack Krine, colonel de réserve, 15 000 heures de vol, ancien leader de la patrouille de France, ancien commandant de bord et instructeur sur Airbus, confirme une très belle observation, avec un autre pilote, en octobre 1975 : L’apparition et la disparition fulgurante à trois reprises d’un ovni fuselé avec des « hublots » d’où émanait une lumière blanche très intense. Les deux pilotes décidèrent à l’époque de se taire… C’est le bon moment pour signaler qu’il existe un fichier de 1 400 observations de pilotes dans le monde…


Le colonel Jack Krine.
(STRIANA Productions)

Un expert d’analyse photo, François Louange, qui coopère avec le Geipan, présente d’abord un canular, mais affirme ensuite l’authenticité de la fameuse photo nocturne d’un triangle en vol stationnaire à faible altitude, à Petit Rechain, en Belgique, le 4 avril 1990. Il a étudié la photo originale, a rencontré son auteur, et il n’y a pas de doute pour lui. L’explication par un avion américain F-117 ou autre est exclue selon lui. Il souligne, comme argument fort sur la réalité des ovnis, la similitude de milliers de témoignages à travers le monde (heureusement, il y a aussi des ufologues pour les recueillir !).

Retour au CNES à Toulouse, où Jacques Patenet donne un cours sur les ovnis aux élèves aiguilleurs du ciel de l’Ecole Nationale de l’Aviation civile : Eh oui, il faut qu’ils soient au courant !

Petite visite au général de division aérienne Denis Letty qui avait animé l’équipe du COMETA (encore des oubliés à France 3). Il confirme les opinions, exprimées à l’unanimité par le groupe dans son rapport de juillet 1999, qui avait « fait l’effet d’une bombe ». Sur l’hypothèse « très controversée », dit le journaliste, d’objets pilotés « par une intelligence », Letty confirme : « On privilégie cette hypothèse ». Notez la prudence adroite de la formule. Le mot « extraterrestre » a encore mauvaise presse… Je signale au passage que le rapport COMETA est toujours disponible en librairie (aux Editions du Rocher, et au format de poche chez J’ai Lu). Puis, le commandant Frédéric Solano, responsable du département Médias au Ministère de l’Air, confirme qu’on y prend les ovnis au sérieux : Les pilotes doivent remplir un formulaire en cas d’observation.

Nous partons ensuite à l’étranger, et j’accélère le résumé. Une séquence, longue, mais intéressante, sur les lumières de Hessdalen, en Norvège, est l’occasion de montrer un beau document vidéo, et une analyse spectrale suggérant la présence de métaux, et donc d’un objet solide, métallique. Selon le physicien Erling Strand, de l’université Ostfold, on a vu aussi une lumière clignotante doubler sa fréquence lorsqu’on y dirigeait un faisceau laser… Une longue étude en cours, à laquelle le GEIPAN envisage de participer.

L’équipe a ensuite visité le Pérou et le Chili. Au Pérou, le commandant Julio Chamorro a créé il y a six ans un organisme d’enquête officiel à la suite de nombreuses observations, explique-t-il.- Le commandant Santa Maria Huertas, également interviewé, raconte comment il avait intercepté en 1980 un ovni qui s’approchait de la base aérienne à 600 m d’altitude. Il avait tiré 64 obus mais l’ovni, au lieu d’exploser, avait fait une ascension très rapide, suivi par l’avion jusqu’au plafond de celui-ci, à 19 000 m. Le pilote avait pu ainsi observer de près une soucoupe classique, d’apparence métallique et parfaitement lisse. On a l’impression, une fois de plus, d’une « monstration », comme disent les philosophes contemporains : « « Viens donc me voir de plus près ! ».

Le commandant Santa Maria Huertas qui a tenté d'intercepter un OVNI à Arequipa (Pérou)

Au Chili, même son de cloche. La commission d’enquêtes, dirigée par Gustavo Rodriguez, confirme le grand nombre d’observations inexpliquées qui ont conduit à la création de cet organisme. Sergio Werner, instructeur de vol en 1997, a vu, avec son élève et un mécanicien, un objet blanc et jaune qui est parti à une vitesse foudroyante.

Aux Etas-Unis, c’est une autre histoire, que rappelle rapidement le documentaire, avec notamment la conférence de presse du général Samford en 1952, à la suite d’observations répétée au-dessus de la capitale. L a première (en oubliant le général Ramey en 1947, mais ne touchons pas à Roswell), et la dernière d’un général américain, sur les ovnis. Conclusion de l’époque : Probables inversions de température ! Accélérons sur cette histoire très connue : Fin des enquêtes officielles en 1969. Visite aux archives de la commission « Blue Book » qui contiennent encore pas mal de pages intéressantes, malgré les efforts de nettoyage. Visite à Peter Gersten, déjà cité, qui a obtenu, non sans peine et en faisant jouer la loi « FOIA », 900 pages, souvent très noircies, de la CIA, mais qui s’est heurté à un mur à la NSA. Puis, pas de réponse du Pentagone à plusieurs demandes d’entretien.

Vient l’affaire de Rendlesham, d’un atterrissage d’ovni avec plusieurs témoins près d’une base américaine en Angleterre, en décembre 1980. Elle est maintenant si connue que je passe vite. Voir mon article sur cette affaire.

Je redresse quand même deux erreurs de certains commentaires critiques. Nick Pope est bien présenté comme ancien cadre du Ministère de la Défense britannique dans le commentaire oral, mais le mot ancien est oublié dans la légende qui suit : passons sur cette petite omission ! L'astronome sceptique Yan Ridpath est bien interviewé, à la suite du sergent Penniston et du colonel Halt, mais ses explications sont ensuite complètement ridiculisées par Halt et Pope : la lumière d'un phare au loin fait rire Halt (" Il n'était pas là ! L'ovni était ici et le, phare là-bas ! "). Pour les trous de lapins " expliquant " trois traces au sol, l'armée en a fait des moulages et cela correspondait à un poids de plusieurs tonnes, explique Nick Pope, qui montre le moulage et s'esclaffe : " ça devait être un très gros lapin ! ".

Le colonel Chales I. Halt, ancien commandant adjoint de la base Bentwaters (Royaume-Uni)

Un des moulages d'empreintes du site de Rendlesham.

Vient ensuite un entretien avec le Dr Richard Haines, ancien de la NASA, qui a fondé le NARCAP, un organisme privé spécialisé sur les observations de pilotes et sur la sécurité aérienne. Il a questionné 3 000 pilotes et a découvert avec étonnement qu’un sur cinq avait en moyenne avait fait une observation. Et encore s’agit-il de pilotes civils, les militaires refusant de témoigner car ils craignent des répercussions pour leur carrière.

Quelques mots, pour finir, sur la dernière enquête : Les lumières de Phoenix, en Arizona, le 13 mars 1997. C’est une affaire complexe qui s’est déroulée en deux temps : Vers 20 h, un énorme ovni en forme de V renversé qui est passé au-dessus de la ville en couvrant une grande partie du ciel étoilé ; Vers 22 h, l’apparition pendant quelques minutes d’une série de lumières alignées au loin. Il y a eu de très nombreux témoins pour ces deux épisodes, mais le gouverneur de l’Arizona Symington les avait à l’époque ridiculisés. Cependant, étant maintenant à la retraite, il a avoué - et il le confirme dans ce documentaire - qu’il était au nombre des témoins de ces observations ! Cela dit, il subsiste une incertitude sur les lumières de 22 H, que les militaires ont expliquées comme étant un exercice de fusées éclairantes. Bruce Maccabee, physicien et ufologue réputé, estime que cette explication ne peut être écartée, ce que ne dit pas le film. En l’occurrence, cette affaire montre combien les enquêtes peuvent être parfois difficiles.

L'OVNI de Phoenix vu vers 20 heures, reproduit par un témoin.
(c) Ley 1997

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(Copyright Gildas Bourdais - Avril 2008)

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