C.B : Je me suis intéressé à ce type de phénomènes il y a pas mal d’années. Ils m’ont toujours fasciné parce qu’ils combinent à la fois les éléments objectifs et subjectifs. Ils combinent également la science et le mysticisme, la sociologie et la psychologie d’une manière que l’on ne retrouve dans aucune culture. En outre, je suis aussi intéressé par les personnalités du folklore ufologique, comme beaucoup, autant que par les plus censés. J’ai moi-même pu voir des OVNI à deux reprises, la première fois, cela n’a pas duré plus de deux minutes, et l’autre expérience (il y a trente ans), était beaucoup plus complexe et profonde. La première rencontre, j’ai pu voir trois globes d’un gris blanchâtre qui sortaient d’une traînée de condensation, manœuvrant pendant un moment, puis réintégrant cette traînée.
La deuxième rencontre s’est produite lorsque je sortais de chez moi en début de soirée et j’ai vu une énorme lumière brillante au-dessus du petit parc qui se trouvait devant mon appartement. La lumière s’est estompée pour révéler un authentique bombardier Lancaster de la Seconde Guerre Mondiale qui restait comme suspendu et totalement silencieux au-dessus des arbres. Il était tout noir et je ne pouvais voir aucun détail. Je ne bois pas, ne prends aucune drogue, et je n’ai aucun antécédent d’instabilité mentale.
Nous l’avons observé tous les deux, jusqu’à ce qu’il soit devenu un triangle noir énorme et se soit éloigné. Nous avons vu alors une lumière qui passait à travers le ciel et de cette lumière en est sorti une plus petite qui a exécuté trois ou quatre cycles en forme de vague sinusoïdale avant qu’elles ne s’éteignent définitivement.
Je suis alors revenu à mon appartement et ai nourri mes chats. Quand je me suis redressé après avoir mis la nourriture dans les bols, j’ai réalisé que j’avais perdu un peu de mon emploi du temps. Ne riez pas SVP ! C’était vraiment une expérience effrayante et je ne voudrais en aucun cas la revivre.
Vous avez écrit "Looking for Orthon", une biographie de George Adamski. Pourquoi pensez-vous qu’Adamski est si intéressant après tout ce temps ?
C.B : Il y avait un grand intérêt à ce livre. L’exploit visionnaire d’Adamski est important dans la mesure où sa pensée est toujours présente et suscite toujours autant de débats. Sur de tels sujets, le dénominateur commun concerne la question de notre propre définition de « la réalité » au sein d’une culture qui est objective et cartésienne. Il y en a beaucoup qui croient que la science est une tyrannie et une dictature, parce qu’elle indique que certaines expériences ne peuvent probablement pas avoir lieu selon un schéma bien défini. Qu’elles se produisent suscitent beaucoup de colère venant de la part des scientifiques conventionnels, qui souhaiteraient sans doute que l’univers soit une chose morte et tranquille tandis qu’il l’examine objectivement. C’est mon point de vue, cette science est contrôlée politiquement dans le sens existentiel.
Je pense qu’Adamski a montré qu’il y a des choses qui participent à la fois des faits et de la fiction ; ils s’imbriquent les uns dans les autres dans ce que nous appelons aujourd’hui la vue holistique. Adamski a semé des rêves, des imaginations, et des débats infinis entre notre état de divertissement et lui qui a inspiré le show business, les médias et la SF.
C’est réellement un exploit quel que soit le sentiment des scientifiques « petits-bourgeois », qui n’ont aucune idée sur ce que sont les images, les suggestions et les inspirations – au lieu des faits – qui sont maintenant les éléments fondamentaux au sein de notre monde postmoderne, et de notre psychologie générale, basé sur les médias. Je vois Orton comme une évocation issue directement du roman de John Fowles The Magus. Mon livre a d’ailleurs été félicité pour avoir souligné ce genre d’atmosphère et pour avoir suggéré une « réalité si intermédiaire ». Voici un article récent à son sujet : Dans le livre de Bennett, correctement intitulé « Un tour de force littéraire », par John Michel, (auteur de « City of Revelation »), nous avons une progression linéaire – et une régression linéaire de la réalité – qui se concentrent autour des ouvrages du contacté Adamski, « Les Soucoupes Volantes ont atterri » (1953), « A bord des Soucoupes Volantes » (1955), et « Derrière le mystère des Soucoupes Volantes », (1961). Plutôt que de raconter ces histoires plutôt juteuses, ou Adamski fait alternativement ses ascensions et ses chutes, je recommande qu’elles soient lues au travers de ce livre-là. Je peux vous assurer que c’est la trame d’un film digne d’Hollywood, avec une description fascinante des personnages, orchestrant tous les rôles dans la vie d’Adamski, l’adaptant plus tard à l’écran, avec seulement une personne qui attendra aux portes des Studio…l’auteur Colin Bennett.
« Adamski s’est déplacé à travers les dimensions psychiques de ce milieu du Xxe siècle, comme l’aurait fait un peintre en action qui jette des couleurs sur une toile, que l’on n’avait jamais vu auparavant » écrit Bennet. « Vivant toujours entre la chronique et la fable, l’expérience et le texte, la vision technologique et la foi religieuse, on doit admettre qu’il avait un certain génie. S’il suscitait inconsciemment le rire, nous devons nous rappeler également qu’il avait ce nerf Faustien qui joue à dévisager le rictus du monde et en subir les conséquences ».
Parmi vos ouvrages, on trouve une biographie de Charles Fort "Politics of the Imagination", qui a reçu le prix de la meilleure biographie en 2002. On y trouve un avant-propos, écrit par John Keel, l’auteur de "The Mothman Prophecies". Pouvez-vous nous dire pour quelle raison vous vous êtes intéressés aux idées de Charles Fort ?
C.B : Charles Fort a consacré la majeure partie de sa vie à rechercher des anomalies et des contradictions, grandes et petites, dans la nature, l’esprit, le comportement et les idées. Cette activité l’a conduit à son idée d’une « réalité intermédiaire », un monde-modèle dans lequel l’écoulement dynamique d’un état à l’autre aurait remplacé l’idée dominante du « fait objectif ». En cela, il était le tout premier philosophe postmoderne à rétablir l’idée de l’ombre de la caverne de Platon, en disant que, quelles que soient nos émotions, elles ne sont jamais qu’une approximation partielle à un certain absolu théorique. En ce sens, ce que nous appelons la « réalité » reste une chose impossible à atteindre, plutôt comme une limite dans le calcul. Charles Fort redéfinit « l’absolu des faits qui s’oppose à la fiction des éléments », traduisant tout, dans un contexte pour lequel ils ne seraient que des choses répétitives et des exécutions, d’images et de symboles, plutôt que solides et moléculaires.
En ce sens, la matière reste selon les termes de Charles Fort, instable à jamais, et est sans cesse en train de se remodeler sous de nouveaux aspects. Dans un système Fortéen, l’esprit se faufile à travers la matière dans « une participation mystique » selon le terme de Jung. Une telle idée est la base de sa théorie concernant le Paranormal dont les OVNI sont seulement une des manifestations. Il rétablit un dialogue entre l’esprit et la nature, une relation que nous avions longtemps perdu, et qui avait besoin d’être redécouverte. Ma biographie de Charles Fort, Politics of the Imagination, a été très bien accueilli, et a même reçu le prix de la meilleure biographie pour l’année 2002.
C’est une des seules études qui soit actuellement disponible concernant les théories Fortéennes, indépendamment de celle de Damon Knight qui est sorti il y a trente ans. Une seconde édition sortira cet automne chez Cosimo Books (New-York), comme cela a été déjà le cas pour Looking for Orthon.
Dans le travail Fortéen, notre psychologie devient un système de gestion en ce qui concerne nos perceptions, et pas seulement un processus industriel d’entrée et de sortie comme le veut la psychologie traditionnelle. Les OVNI et le Paranormal, étaient des choses, pour Charles Fort, que nous éprouvons quand nous soulevons le rideau et qu’ils nous laissent juste voir la bonne quantité d’expériences paranormales que nous pouvons manipuler. Soulevez le rideau trop rapidement, nous serions annihilés ; Baissez-le complètement, et il n’y aurait plus aucune chose magique et mystérieuse dans le monde, rien à y apprendre, à y voir, ou à y établir des relations fructueuses.
En utilisant des exemples qui sont issus de sujets multiples, comme la science et l’astronomie, Charles Fort montre que les explications sont structurels et sont conçues comme des expériences contrôlées. Elles vont à l’encontre de ce que nous attendons : Elles nous incitent à aller plus loin dans ces domaines de pensées et d’expériences, ce que Fort a conçu comme étant un système d’information sur des animaux vivants, une forme de vie sans précédent.
Charles Fort est mort en 1933, a laissé quatre livres, qui ne sont pas encore très bien acceptés, tant ils étaient et sont toujours révolutionnaires. Il a conçu la matière comme étant construit tels des jeux éducatifs contrôlés par les images, les symboles, les médias (il aura juste perçu le cinéma et la télévision bien trop tôt). En effet pour lui, la matière et l’expérience étaient toutes les deux faites de suggestion de masse, plutôt que des choses traitant des faits sur un mode linéaire, hiérarchique. Le raisonnement faisait partie de la manipulation de l’image dans un sens ou dans un autre. Toutes choses participaient de la publicité, de la propagande et de la persuasion des ventes. De telles idées étaient beaucoup trop en avance sur son époque. Elles se sont retrouvées bien plus tard dans celles de McLuhan, Warhol et des postmodernistes. Ses idées sont également applicables à la théorie du Web bourgeonnant. Il était dans un sens un auteur profondément politique et subversif : Il aura pressenti le développement en structure d’entreprise de la science et de la technologie, en tant que contrôles politiques au sein d’une sorte de consumérisme intellectuel. Mon livre sur Charles Fort était nécessaire dans le sens, où en Angleterre, presque rien d’important n’a été écrit à son sujet, indépendamment de quelques tentatives pour le ramener à une espèce d’oncle gai néo-Edwardien, qui suscite les plaisanteries au sujet des pluies de grenouilles. C’est pourquoi, j’ai fondé The New Fortean Times il y a quelques années déjà. Nous recevons aujourd’hui, un million de connexions par mois.
Concernant les OVNI, quelle est votre réaction à cette fameuse mise sur Internet d’une partie des « archives officielles » françaises, d’observations sur les OVNI entre 1988 et 2006 ?
C.B : Je suis désolé, car je n’ai pas encore vu ces documents.
Quelle est pour vous l’observation d’OVNI la plus importante de ces six derniers mois dans le monde ?
C.B : L’incident d’O’Hare je suppose. Le 7 novembre 2006, durant une heure de grande affluence en fin d’après-midi à l’aéroport International de Chicago, quelque chose de vraiment étonnant s’est produit. Les pilotes, les directeurs et les mécaniciens, qui se trouvaient au sol sur le terminal d’United Airlines, ont vu en levant les yeux, un objet bizarre en forme de disque, qui planait silencieusement juste au-dessous de l’horizon. C’était un véhicule sans ailes, qui a tiré tout droit à une vitesse incroyable et est parti, laissant un trou clair à travers les nuages avec le ciel bleu qui était visible au-dessus.
Un employé d’United Airlines, faisant partie de la gestion, a écrit au service d’enquêtes du NUFORC (National Unidentified Flying Object Reporting Center) : J’ai appelé immédiatement notre centre des opérations pour qu’ils confirment l’observation et la FAA (Federal Aviation Administration), était informée. Pendant ce temps-là, j’auditionnais les autres témoins éventuels.
John Hilkevitch, un journaliste du Chicago Tribune a révélé l’histoire au mois de janvier dernier, qui a ensuite été relayer sur les news des télévisions au niveau nationale. « La crédibilité des témoins est évidente », dit Hilkevitch, qui a parlé à une douzaine de témoins. La FAA et United Airlines ont nié dans premier temps être au courant de quoi que ce soit à ce sujet, mais les enregistrements sonores et les communications relevées durant la durée de l’incident ont prouvé le contraire. La FAA l'a alors attribué à une « phénomène météorologique » et United Airlines a conseillé à ses employés de ne rien dire, d’après le Chicago Tribune. C’est un exemple de ce qu’on pourrait appeler selon la structure classique Forteenne, un bond de dénégation dans l’opération, comme si cela était presque une réaction conditionnée et préétablie. Je discute de ces réactions préétablies, dans mon dernier ouvrage, An American Demonology. Finalement, pour Charles Fort, la « réalité » d’une chose ne peut pas être définie par des catégories de fait ou de fiction. Plutôt faire le mensonge de la vérité dans l’interaction dramatique entre fait et fiction.
Vous écrivez régulièrement dans l’édition américaine d’UFO MAGAZINE, quel sera votre prochain article ?
C.B : Mon prochain article (qui doit être publié dans l’édition du mois de juin prochain), traite des traînées de condensation. Voici un extrait : "Donc nous avons conclu que les traînées de condensation représentent une opération continue de magnitude incroyable, les avions impliqués montrent des caractéristiques remarquablement semblables et performantes, bien que concernant leur profil, nous devons encore faire des recherches dans des ouvrages spécialisés. En gros, ils ressemblent par leurs formes et leurs grosseurs, au Boeing 757 (du même type que celui qui s’est écrasé contre le Pentagone, le 11 septembre 2001), mais ne portent aucun marquage. C’est remarquable en soi, parce que techniquement c’est illégal. Mesuré par Théodolite et par télémètres portatifs, ils faisaient approximativement la même vitesse à la même hauteur. La vitesse était stable, maintenu avec précision, entre 1200 et 1400 KM/H. C’est un peu excessif pour ce type d’avion commercial qui est assez ancien, ce qui signifierait pour les vols intérieurs courts et à moyenne portée, une vitesse supérieure à 450 KM/H ! Ces choses sont surprenantes en elles-mêmes, mais le nombre exact de ces soi-disant 757 qui apparaissent est au-delà de nos croyances. À titre d’exemple, en un seul jour, nos enquêteurs en France, en Allemagne, en Hollande, en Espagne, en Italie et en Israel, ont rapporté à midi des traînées dans le ciel qui correspondait à pas moins de 234 de ces avions presque identiques entre 40 000 et 50 000 pieds. Puisque ce pourcentage a été le même pendant le reste de la journée, cela représente environ, 2 340 sortis en un peu plus de dix heures. Dans le monde entier, on peut raisonnablement multiplier ce chiffre par dix, ce qui donne 23 400 sortis par jour pour des avions d’une configuration qui n’est ni militaire, ni supersonique, se déplaçant à des vitesses équivalentes, à celles des avions de chasse type F-16 ou euro fighter Typhoon".
Préparez-vous un nouveau livre ?
C.B : Oui. Il sera sorti au début de l’année 2008. Son titre The Holistic Journey : The Life of Lee Harvey Oswald. Après environ cinquante ans d’examen minutieusement détaillé par les experts, pas un seul n’a été capable d’établir une journée cohérente de 24 heures dans toute l’existence d’Oswald.
Presque chaque « expert » examinant sa vie a construit tout autour de lui un véritable verbiage « scientifique », en quelque sorte, et ils en ont déduit qu’ils examinaient le cadavre de quelqu’un qui avait dû avoir une vie très ordinaire. La plupart de ces « chercheurs » étaient des gens ternes, qui passent le plus clair de leurs existences dans des rencontres sportives ou à faire de la mécanique tout en ingurgitant assez de nourriture pour devenir de véritables phacochères roulant et mourant, en étant en plus affecté de strabisme. Je souhaite que cet ouvrage soit lu avec joie, et en même temps faire comprendre que l’univers d’Oswald ne peut pas être inclus, encore moins compris, selon les techniques du rationalisme mécanique. En revanche mon livre est une analyse Fortenne.
De sa naissance jusqu’à sa mort, Oswald était un exemple vivant d’instabilité physique et psychique étonnante. Placez-le sous tous les types de microscopes culturels, et il se divise en un millier de fragments : Générateurs de fraudes, de mensonges, de cover-ups, de voyages étranges et d’intrigues superposés les unes sur les autres qui dérouteraient les meilleurs enseignants de l’histoire. Il a même produit plusieurs personnalités, qui confondent encore les enquêteurs à ce jour, y compris Norman Mailer et Anthony Summers. Il était un de ces clowns-escrocs cosmiques comme ceux de George Henson, ficelé entre Crimes et Châtiments de Dostoyevski et Illuminatus de Robert Anton Wilson. Voici un extrait tiré de mon prochain ouvrage :
« Tout comme George Adamski et ses célèbres photographies d’OVNI datant de 1953, Lee Harvey Oswald est toujours considéré comme un vecteur important, associé à des images marquantes et fascinantes, en atmosphères et en interprétations. Une telle complexité est quelque peu surprenante, de la part de quelqu’un qui a rarement produit la moindre pensée ou forme d’intelligence, sous quelques formes que ce soit. Tout comme James Dean, (à qu’il ressemble légèrement, dans un certain sens), il reste comme éternellement jeune, mais ce temps qui semble suspendu, tel un scénario de film, type Matrix, est d’un genre cinématographique extrêmement douteux. Ou peut-être devrions-nous dire maintenant, il reste assis devant l’écran et s’insinue dans un système de métaphores au-delà du soleil et de la lune. Nous supposons que c'est ce qu'il ferait maintenant ; nous pouvons le voir comme une sorte de Keanu Reeves épuisé, attendant le retour de la Trinity de The Matrix qui va débouler par la fenêtre. Avec Oswald, on est toujours près du fameux coup de minuit existentiel, et Trinity qui n'est toujours pas là, comme il jette un coup d’œil nerveusement à sa montre, le temps qui passe le préserve d'un emprisonnement pour l'éternité».
Interview faite par Internet en Juin 2007
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Pour plus de renseignements : COLIN BENNETT
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