10 oct. 2007

OVNI : LA « X CONFERENCE » DE SEPTEMBRE 2007 A WASHINGTON - Par GILDAS BOURDAIS

Voici un bref compte-rendu de la « X Conference », à laquelle j’ai participé, organisée cette année encore par Stephen Bassett et son « Paradigm Research Group » (PRG), près de Washington, du 14 au 16 septembre 2007. De quoi s’agit-il ? Stephen Bassett est ce qu’on appelle un « lobbyist », officiellement enregistré comme tel, à Washington. Son objectif affiché est d’obtenir la levée du secret sur les ovnis aux Etats-Unis, en s’adressant au monde politique, principalement aux membres du Congrès. C’est la raison pour laquelle Bassett a clôturé la conférence, comme les années précédentes, avec une conférence de presse qui s’est tenu le lundi 17 dans une salle du National Press Club, en plein centre de la capitale. Cette année, la conférence de presse s’est efforcée d’attirer l’attention des candidats à la prochaine élection présidentielle, en leur offrant notamment un DVD sur les ovnis intitulé Fastwalkers (c’est le surnom donné, paraît-il, au NORAD, aux ovnis repérés assez fréquemment, dans l’espace proche ou la haute atmosphère de notre planète).

Disons-le tout de suite, il y a eu peu de réactions dans les médias, et cette action n’a donc pas répondu aux attentes de Stephen Bassett et des ses invités. Pourquoi cela ? Sans doute pour deux raisons. D’abord, l’heure des grandes révélations n’est pas encore venue dans la capitale de la première puissance mondiale, laquelle a, comme chacun sait, des affaires plus urgentes à traiter. Mais une autre raison de l’apparent manque de réaction médiatique était, à mon avis, la part trop importante faite à une vision assez « conspirationniste », que les grands médias ne sont pas prêts à prendre au sérieux. C’était le cas, visiblement, du Washington Post. Nous avons remarqué, Antonio Huneeus et moi, à la sortie de la conférence de presse, que le journaliste du Washington Post, Dana Milbank, interviewait l’un des participants les plus « avancés » de la conférence (Robert Miles, producteur du DVD Fastwalkers), et nous avons craint le pire. Mais le journaliste s’est contenté de faire le lendemain un article assez ironique. Surtout, il a fait un petit tour de table des candidats à la présidence et a constaté qu’ils ne semblent pas intéressés par cette question du secret sur les ovnis. Ce serait une erreur, cependant, d’en conclure que celle-ci reste au point mort dans la grande presse américaine. Il y a eu malgré tout, ces derniers temps, des signes de regain d’intérêt. Même le festival de Roswell, début juillet, a bénéficié d’un bon dossier de presse, avec un article assez ouvert dans le Washington Post, justement, et un reportage positif sur la chaîne Fox TV, connue pourtant pour sa ligne politique très à droite.

Conférence de presse au National Press Club à Washington. De gauche à droite : Michael Salla, Nick Pope, Richard Dolan, Stephen Bassett, Alfred Webre, Paola Harris, Antonio Huneeus, Jaime Maussan, Gildas Bourdais.

Quels ont été les sujets abordés à cette « X Conference » ? Citons le communiqué de presse final, reproduit intégralement en Annexe :

« Les sujets traités comprenaient l’embargo imposé par le gouvernement sur la vérité (truth embargo), le rapport français du Cometa et la divulgation des archives françaises du CNES, la divulgation de documents britanniques, les nouveaux témoins de Roswell, les études ET en liaison avec la présidence de Jimmy Carter, le second volume en préparation du livre de Richard Dolan sur « l’état et la sécurité nationale » (« National Security State »), l’Initiative Rockefeller pour inciter l’administration Clinton à mettre fin à l’embargo concernant la vérité sur les ET, l’affidavit de Walter Haut annoncé récemment, le « budget noir », l’incident de 1967 sur la base de l’Air Force de Malmstrom, le passé et l’avenir de l’ « Exopolitics » (« Exopolitique », dont je vais parler brièvement), et autres sujets. »

Ces conférenciers sont présentés, biographie, sur la page www.x-conference.com Remarquons tout de suite que le Rapport du Cometa continue à être cité comme document de référence, et que la divulgation des archives du CNES, qui était le sujet de mon exposé, est considérée comme une avancée significative. J’ai pu le vérifier personnellement, ayant été fort bien accueilli, à Washington comme à Roswell deux mois plus tôt.

Le panel (vue partielle), avec, de gauche à droite, Richard Farley, Gildas Bourdais, Donald Schmitt, Nick Pope, Paul Kimball, Rob Simone, Jaime Maussan et Antonio Huneeus.

Je renvoie le lecteur au communiqué annexé pour la liste complète des participants. Je voudrais seulement souligner que ce groupe représentait un large éventail d’opinions, allant d’une ufologie « raisonnable », avec des noms comme Nick Pope, Antonio Huneeus, voire assez conservateurs comme Paul Kimball et Rob Simone, ainsi que le journaliste Richard Farley qui a participé (bruyamment, je vais y revenir) au débat final ; des gens que l’on pourrait situer au milieu de l’échiquier, tels le physicien Bruce Maccabee, l’ancien capitaine de l’Air Force Robert Salas, et moi-même ; enfin des représentants de l’« exopolitique », tels que Alfred Webre (fondateur de ce mouvement), Michael Salla et le Dr Steven Greer, que l’on peut situer nettement à l’ « avant-garde ». Mais on peut dire qu’il y avait un consensus assez général, à la suite de l’organisateur Stephen Bassett, en faveur de la levée du secret sur les ovnis, qui était bien le thème majeur de cette conférence.

Pour ma part, j’ai particulièrement apprécié trois communications. D’abord celle de Tom Carey et Donald Schmitt qui ont à nouveau présenté, comme au festival de Roswell, leur livre Witness to Roswell (1), à mon avis une étape importante sur la longue route de la levée du secret. J’en ai déjà parlé en détail dans un article, paru dans la revue LDLN (2), et sur ce site

Ensuite, le témoignage, manifestement très crédible, de l’ancien capitaine Robert Salas, qui fut témoin en première ligne d’un grave incident sur la base de Malmstrom, le 24 mars 1967. Un ovni, survolant à basse altitude des silos de missiles Minuteman à tête nucléaire, en mit une dizaine hors service. En fait, c’était le second incident en peu de temps : une première dizaine de missiles avaient été également mise hors service (« No Go ») le 16 mars. Robert Salas a pu reconstituer progressivement ces événements, avec l’enquêteur James Klotz, et ils les ont racontés dans leur livre Faded Giant (BookSurge, 2005). Rappelons que ces deux incidents s’inscrivent dans une longue liste d’incidents analogues qui se sont produits tout au long des années 60 et 70. Il est piquant de souligner que l’un des plus spectaculaires, avec de nombreux témoins, eut lieu sur la base de Minot, en octobre 1968, trois mois seulement avant la publication du fameux Rapport Condon, qui tenta, avec un succès très provisoire, de fermer le dossier ovni, en déclarant qu’il n’y avait pas de menace sur la sécurité des Etats-Unis. Ces incidents répétés, qui se sont produits également dans d’autres pays, notamment en URSS, suggèrent très fortement que les ovnis, ou tout au moins certains d’entre eux, surveillent de près les installations nucléaires militaires, qu’elle qu’en soit la signification. Je suis tenté de croire, comme d’autres, qu’il y a là une sorte d’avertissement, qui pourrait être du genre : « Faites bien attention à vos armes nucléaires, c’est dangereux, et nous ne vous laisserons pas abîmer votre planète… ». Notons au passage que Jean-Jacques Velasco a mis l’accent avec raison sur cet aspect important du dossier ovni, dans son livre Troubles dans le ciel (Presses du Châtelet, 2007).

La troisième conférence qui mérite, à mon avis, d’être mise en avant, était celle du jeune historien Richard Dolan. Il avait déjà attiré l’attention lors de la publication en 2000 de son premier livre, intitulé UFOs and the National Security State (3), qui est une histoire des ovnis de 1941 à 1973, mettant l’accent sur le lourd problème du secret. Il prépare actuellement l’édition du second tome, qui amènera le lecteur jusqu’à la situation d’aujourd’hui. Avec cette conférence, il nous a livré les conclusions de son livre, dont la parution pourrait avoir lieu vers la fin de l’année. Ses conclusions sont, il faut l’avouer, impressionnantes et inquiétantes, car Dolan brosse le tableau d’un véritable pouvoir parallèle, disposant de budgets noirs considérables, pour des activités clandestines allant sans doute de l’étude secrète des ovnis accidentés, à la construction d’engins de plus en plus exotiques, et peut-être même jusqu’à un véritable programme spatial clandestin. Ce qui frappe chez Dolan, c’est le sérieux avec lequel il rassemble et articule ses arguments. Il présente aussi des réflexions intéressantes sur les conséquences possibles d’une éventuelle divulgation des secrets ovnis, qui ne seraient pas forcément bénéfiques. Il y a des raisons, en effet, de craindre des effets très négatifs, ce qui l’amène à supposer que le processus de levée du secret, s’il est inéluctable, n’est pas pour tout de suite. Dolan propose une fourchette entre cinq ans et vingt-cinq ans.

Ce tableau assez pessimiste de Richard Dolan n’est pas très éloigné de certaines thèses « conspirationnistes ». Disons qu’il y a, tout au moins, un « tronc commun » entre elles, même si certaines thèses s’aventurent beaucoup plus loin encore. Il y a aussi un tronc commun avec l’ « exopolitique », mais avec une différence non négligeable, car cette approche est globalement plus optimiste. Le mot « exopolitique », apparu il y a déjà quelques années, désigne la réflexion, dans un esprit positif et pacifique, sur les relations entre l’humanité et des civilisations extraterrestres.

L’un des pionniers de cette approche est le Dr Alfred Webre, un Canadien qui se présente lui-même comme un « futuriste, un avocat de la paix et un activiste environnemental ». Il est le directeur international de l’Institut pour la Coopération dans l’Espace. Sa conférence se terminait sur une « Déclaration », que j’ai trouvée sympathique, revendiquant pour l’humanité le droit de négocier directement avec d’autres civilisations. Une « déclaration des droits cosmiques » de l’humanité, en quelque sorte ! Cette vision très optimiste, voire utopiste, d’une future collaboration pacifique avec d’autres mondes, était partagée par un autre conférencier fort intéressant, Daniel Sheehan, chrétien de gauche, fondateur du Christic Institute qui est depuis deux décennies un cabinet d’avocats réputé dans la capitale, notamment pour la défense des droits civiques. C’est lui qui avait défendu, incidemment, le Dr John Mack lorsqu’il avait été mis en question par l’université de Harvard. Il serait trop long ici d’expliquer comment Sheehan a eu brièvement accès, à l’époque de l’administration Clinton, à des archives très secrètes sur des ovnis accidentés. Du moins est-ce ce qu’il affirme, et que mettent en doute, il va se soi, les sceptiques, mais il n’en a cure, visiblement. Quoi qu’il en soit, Daniel Sheehan a fait un exposé brillant sur les perspectives de déblocage de la question du secret, si toutefois le balancier politique américain se porte de nouveau à gauche au cours des prochaines années. Nous allons, dit-il, vers un nouveau paradigme, le huitième paradigme de la pensée politique, et il sera … « extraterrestre » !

Je n’ai pas envie de m’étendre sur d’autres conférenciers de cette tendance « exopolitique », dont certaines vues sont vraiment aventureuses, sans bases suffisamment solides, je le crains. Je pense notamment à Michael Salla et au Dr Steven Greer. Ce dernier a même fait une « révélation » qui paraît trop belle pour être crédible. Il a affirmé que son groupe « Disclosure Project » coopère actuellement avec un gouvernement européen pour préparer un contact « officiel » avec des extraterrestres. Et cela devrait des produire prochainement ! S’il dit vrai, nous n’avons plus très longtemps à attendre…

Il faut mentionner pour terminer un incident déplaisant qui s’est produit lors du panel final de la conférence. L’un des participants, le journaliste Richard Farley, s’est emparé du micro pour apostropher violemment plusieurs autres conférenciers, les accusant en substance de ne pas savoir de quoi ils parlent, que les ovnis sont un sujet très grave, et qu’ils se mêlent de choses qui ne les regardent pas. Evoquant Roswell, il a invité les journalistes à enquêter sur d’horribles expériences qui se cacheraient derrière tout cela. À ce point, j’ai échangé un petit sourire en coin avec Donald Schmitt qui se trouvait à côté de moi. Sa diatribe ressemblait, tout d’un coup, à la thèse hautement contestable de Nick Redfern dans son livre Body Snatchers in the Desert, selon laquelle les « aliens » trouvés à Roswell étaient en fait des prisonniers chinois handicapés récupérés à la fin de la guerre dans un camp japonais de Mandchourie pour poursuivre aux Etats-Unis les horribles expériences que les Japonais y avaient pratiqué. En l’occurrence, de procéder à des expériences d’irradiation en vol de ces malheureux à bord d’une aile volante de type Horten qui se serait écrasée près de Roswell ! C’est sans doute l’hypothèse la plus extravagante que l’on ait avancée pour expliquer Roswell.

Farley était invité pour évoquer le rôle qu’il avait joué en 1993-94 dans l’initiative de Laurence Rockefeller pour intéresser le Président Bill Clinton aux ovnis, à travers son conseiller scientifique, le Dr Gibbons. Or on sait aujourd’hui que Farley, de même que Jacques Vallée, avait tenté de court-circuiter Rockefeller pour se désolidariser de son soutien aux enquêtes sur Roswell, auxquelles il essayait d’intéresser Gibbons. Cet épisode a été relaté par François Parmentier dans son livre OVNI : 60 ans de désinformation (4). Cette fausse note de Farley a été pratiquement la seule à déplorer au cours de cette conférence qui, en dépit de son impact médiatique limité, a été globalement de bonne qualité.

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(1) Thomas Carey et Donald Schmitt, Witness to Roswell. Unmasking the 60-Year Cover-Up (New Page Book, 2007).
(2) LDLN, numéro 397, septembre 2007 (BP3, 86800, Saint-Julien-l’Ars).
(3) Richard Dolan, UFOs and the National Security State (Keyhole Publishing Company, 2000).
(4) François Parmentier, OVNI : 60 ans de désinformation, pp. 200, 201 (Editions du Rocher, 2004)
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Annexe

PRG

Paradigm Research Group

September 19, 2007

Press Release

Re: X-Conferences 2007, Gaithersburg Hilton, September 14-16

Washington, DC - X-Conference 2007, the third produced by

Paradigm Research Group, completed its program on Sunday,

September 16 at the Hilton Hotel in Gaithersburg, MD outside of

Washington, DC. The conference was written up in the Washington

Post at:

http://tinyurl.com/yvh6cr

The X-Conference focuses on the political, governmental and

social aspects relating to extraterrestrial phenomena. It is

part of an ongoing activist effort seeking to end a government

imposed truth embargo on formal acknowledgement of an

extraterrestrial presence engaging the human race.

Topics included the government imposed truth embargo, the French

COMETA report and the French CNES records release, UK documents

release, new Roswell witnesses, the Jimmy Carter ET studies, the

coming second volume of UFOs and the National Security State by

Richard Dolan, the Rockefeller Initiative toward the Clinton

administration to end the ET truth embargo, the recently

announced Walter Haut Affidavit, the Black Budget, the 1967

Malmstrom Air Force Base incident, the past and future of

exopolitics and more.

PRG Awards were presented to: Major Donald Keyhoe (lifetime

achievement - posthumous), Alfred L. Webre (lifetime

achievement), Frances Emma Barwood (political courage), Antonio

Huneeus (courage in journalism), Captain Robert Salas (USAF

ret.) (Disclosure Award).

The full international list of speakers and panelists included:

Stephen Bassett (Panel Moderator, Keynote Speaker); Gildas

Bourdais (France); Thomas Carey; Paul Davids; Richard Dolan;

Richard Farley; Steven M. Greer, MD; Paola Harris (Italy);

Antonio Huneeus (Chile); Paul Kimball (Canada); Bruce Maccabee,

PhD; Jaime Maussan (Mexico); Robert Miles; Nick Pope (United

Kingdom); Capt. Robert Salas (USAF ret.); Michael Salla, PhD

(Australia); Donald Schmitt; Daniel Sheehan, JD; Rob Simone;

Alfred L. Webre, JD. (Canada).

Full information can be found at the conference website:

www.x-conference.com

PRG Website: www.paradigmresearchgroup.org

Contact: Stephen Bassett, Executive Director

202-215-8344

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GILDAS BOURDAIS - Octobre 2007

Pour plus de renseignements : PRG ou LE BLOG UFOLOGIQUE DE GILDAS BOURDAIS

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5 oct. 2007

OVNI : INTERVIEW DE DANIEL BENAROYA - GROUPE DE RECHERCHE ET D'ETUDE DES PHENOMENES INSOLITES - COINTRIN - SUISSE

DANIEL BENAROYA, vous êtes le responsable du GREPI (GROUPE DE RECHERCHE ET D’ETUDE DES PHENOMENES INSOLITES) qui se trouve à Cointrin en Suisse. Pouvez-vous nous dire en quelques mots quel est le but d’une telle structure ? Et qu’est-ce qui vous prédestinez dans votre parcours personnel et professionnel à faire ce type de recherches ?

D.B : Tout d'abord, je ne suis pas LE responsable du GREPI, nous sommes trois "secrétaires perpétuels adjoints" (Nathalie Stotzer, Alain Stauffer et moi-même), et nous bénéficions de l'aide de quelques "honorables correspondants".Je ne sais pas si quelque chose me "prédestinait" à m'intéresser au phénomène OVNI. Alain Stauffer et moi sommes tombés dans la marmite de potion ufologique à l'adolescence, vers 1966 et avons été membres de plusieurs groupes de recherche, à commencer par le GEOS suisse créé par Roger Perrinjaquet, alias R. Jack Perrin. Le but du GREPI est sans doute le même que pour tous les autres chercheurs : s'informer sur le phénomène, tenter d'y comprendre quelque chose, et publier nos réflexions sur notre site web. Nous mettons également à la disposition de nos visiteurs une rubrique "témoignages" qui leur permet de faire part de leurs expériences (largement plus de 1000 en ligne à ce jour). Lorsque les observations sont signalées dans notre région, nous rencontrons les témoins sur le lieu de l'événement et cherchons ainsi à obtenir le plus de détails possible (rubrique "enquête").

De droite à gauche : Alain Stauffer, Nathalie Stotzer et Daniel Benaroya

Quelle est votre réaction à cette fameuse mise sur Internet d’une partie des « archives officielles » françaises, d’observations sur les OVNI entre 1988 et 2006 ?

D.B : Plutôt favorable, mais réservée. Depuis 60 ans, l'histoire de l'ufologie a connu un certain nombre d'avancées et de reculs des instances officielles, et sans provoquer de grands changements jusqu'ici, alors "wait and see"...

Sur votre site Internet est fait mention d’une RR3 en plein Genève, pouvez-vous nous en dire un peu plus ?

D.B : A part les noms des témoins, que nous ne communiquons jamais sans leur autorisation formelle, tout est sur le site. Cette observation est particulièrement intéressante car elle regroupe plusieurs "impossibilités" chères au phénomène, comme la "lumière solide" et "l'intérieur de l'objet apparemment plus grand que l'extérieur".

Concernant les Crops Circles, pouvez-vous dire s’il y a eu de nouveau agroglyphes dans votre pays cette année ?

D.B : Il y a eu quatre Crops Circles cet été en Suisse romande. Je ne suis pas un spécialiste de ce sujet, mais mon opinion est qu'ils sont d'origine humaine.

En ce qui vous concerne, quelles sont vos conclusions sur le phénomène OVNI ?

D.B : Je n'ai aucune conclusion. Si j'en avais une, je passerais sans doute à la cueillette des champignons. Ce dont je suis sûr, c'est que le phénomène existe, la plupart des témoins sont crédibles, les "preuves" physiques sont là, les confusions avec des phénomènes banals ne peuvent expliquer qu'une petite partie des observations. Aucune des tentatives d'explication ne m'a convaincu jusqu'à présent, ni aucune hypothèse sur l'origine du phénomène, pas même l'hypothèse extraterrestre... qui reste malgré tout une des moins absurdes.

Pouvez-vous nous dire s’il y a eu des livres qui soient sortis sur le phénomène OVNI ou les phénomènes paranormaux ces derniers mois en Suisse ?

D.B : A ma connaissance, le seul livre paru en Suisse relativement récemment est celui de Luc Bürgin "OVNI sur la Suisse - Les dossiers de l'armée de l'air" que nous avons publié nous-mêmes (Les Éditions Aldane sont issues du GREPI. Nous allons publier très prochainement aux Éditions Aldane deux gros ouvrages de textes d'Aimé Michel, dont beaucoup d'inédits. Je profite de l'occasion pour signaler l'existence de notre nouvelle boutique en ligne, avec possibilité de payement en ligne par PayPal ou/et cartes de crédit, déjà plus de 1000 titres proposés sur les OVNI et le "paranormal" en général à l'adresse www.ovnilivres.com

Souhaiteriez-vous dire quelque chose aux chercheurs Français sur les OVNI ?

D.B : Courage !

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Interview faite par Internet en Octobre 2007

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Pour plus de renseignements : GREPI

27 sept. 2007

DECOUVERTES HORS NORMES : INTERVIEW DE MICHEL RAYNAL - RESPONSABLE DE L'INSTITUT VIRTUEL DE CRYPTOZOOLOGIE

MICHEL RAYNAL, vous êtes le responsable du site Internet de l’Institut virtuel de Cryptozoologie. Pouvez-vous nous dire en quelques mots quel est son but et depuis combien de temps existe-t-il ?

M.R : J'ai créé ce site Internet en avril 1997, et j'écrivais à l'époque de cette "naissance" (la page est toujours en ligne) :

Encore un site Internet sur la cryptozoologie, dira-t-on (du moins pour les habitués des sites anglophones consacrés au sujet, qui se comptent en effet par centaines)... En fait, l'Institut Virtuel de Cryptozoologie se veut beaucoup plus que cela.

yeti

"Homme-des-Neiges"...

Comme son nom l'indique, l'Institut Virtuel de Cryptozoologie a une existence virtuelle (comme les animaux auxquels nous nous consacrons, diront nos détracteurs...), puisque limité à Internet. Le nom même d'Institut, à lui seul, résume son ambition : nous voulons être un véritable espace de recherche, mettre en ligne des informations précises et vérifiables, des "cyber-articles" de haute tenue scientifique, permettre de fructueux échanges d'informations, mettre à disposition des bibliographies ou des documents, organiser des débats, voire conseiller des expéditions cryptozoologiques -- tels sont quelques-uns de nos projets, que la révolution Internet nous permet de mener à bien pour un coût très raisonnable.

10 ans plus tard, je ne changerais pas d'un iota !

Nessie

"Monstre du Loch Ness"...

À titre personnel, quel est la raison de votre intérêt pour la Cryptozoologie ?

M.R : J'ai toujours été passionné par le monde animal, j'ai une formation scientifique (biochimiste), et une curiosité naturelle pour ce qui sort des sentiers battus. La lecture des ouvrages de Bernard HEUVELMANS (considéré comme le père de la cryptozoologie) a été pour moi, comme pour bien d'autres cryptozoologues, le facteur déclenchant.

Les dernières découvertes dont notamment les restes de l’homme de Florès en 2004 prouvent bien que la Cryptozoologie est souvent plus en avance que des recherches plus académiques. Qu’en pensez-vous ?

M.R : L'existence récente d'hominidés archaïques de très petite taille avait en effet été avancée par divers chercheurs, notamment dès 1945 par William C. Osman HILL pour les nittaewo de Ceylan, qui proposait même qu'il s'agissait d'une forme naine insulaire du pithécanthrope (Homo erectus) : Force est de constater que l'on n'en est pas très loin avec la découverte de l'Homo floresiensis.

Quelles sont les dernières grandes avancées en matière de Cryptozoologie ?

M.R : On pourrait en citer des dizaines, comme la découverte du saola, un nouveau bovidé du Viet-Nam, suivant un processus typiquement cryptozoologique, en 1993; ou plus récemment la confirmation de la survivance récente (28 000 ans) des félins à dents en sabre européens, avancée par le Tchèque MAZAK en 1970.

Si vous deviez convaincre une personne qui ne connaît absolument pas ce sujet, quels ouvrages lui proposeriez-vous ?

M.R : Les livres de Bernard HEUVELMANS, hélas épuisés, mais qui sont en cours de réédition par les Editions de l'Oeil du Sphinx.

Pouvez-vous nous dire s’il y a eu des livres qui soient sortis sur le sujet ces derniers mois en France où ailleurs dans le monde ?

M.R : Aux Etats-Unis, il ne se passe pas un trimestre sans que paraisse un livre sur le fameux bigfoot (ou sasquatch).
En France, il faut saluer la récente parution d'un manuscrit inédit de Bernard HEUVELMANS sur "les félins encore inconnus d'Afrique".

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Interview faite par Internet en Septembre 2007

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Pour plus de renseignements : INSTITUT VIRTUEL DE CRYPTOZOOLOGIE

30 août 2007

OVNI : INTERVIEW D'ATTILA KALDY - UFO & PARANORMAL RESEARCH SOCIETY OF AUSTRALIA - LEUMEAH - NSW - SIDNEY - AUSTRALIE

ATTILA KALDY, vous êtes un des responsables de l’UFO – PRSA (UFO & PARANORMAL RESEARCH SOCIETY OF AUSTRALIA), qui se trouve à Sidney en Australie. Pouvez-vous nous dire en quelques mots quel est le but d’une telle structure ? Et qu’est-ce qui vous prédestinez dans votre parcours personnel et professionnel à faire ce type de recherches ?

A.K : Notre but est de mieux comprendre le phénomène OVNI, à ce titre, nous collectons des données, effectuons des mesures, rassemblons des documents et dans la mesure du possible, nous essayons d’obtenir une trace physique. Vous allez dire que nous allons au-delà de nos espérances.
En ce que qui concerne notre section Paranormale, notre objectif est similaire, enrichir nos connaissances actuelles en développant de nouvelles hypothèses. Mes qualifications professionnelles m’aident dans ces recherches. C’est aussi le cas d’autres membres de mon équipe. Mais en plus de la connaissance, c’est surtout le dévouement, le travail en équipe et une réelle motivation qui sont indispensables à ce type de projets.

Quelle est votre réaction à cette fameuse mise sur Internet d’une partie des « archives officielles » françaises, d’observations sur les OVNI entre 1988 et 2006 ?

A.K : Je salue les Français pour avoir fait ce type de déclaration. Cela démontre (sur une échelle globale), le professionnalisme de ce service, et également ceux des fonctionnaires qui sont responsables de la recherche et de la collecte de ce type d’information.

Pouvez-vous nous dire s’il y a eu des observations d’OVNI durant ces derniers mois dans votre région ou dans le reste de L’Australie ?

A.K : Nous avons eu l’année dernière ce que nous appelons un "pic" ou "vague" d’activité d’OVNI en Australie. Naturellement, la plupart des ces rapports d’observations ont été expliqués. Cette année, l’activité a diminué considérablement (mais pas complètement). Et puis, le fait qu’il y est beaucoup moins de rapports d’observations ne veut pas dire nécessairement que l’activité soit moindre. Au lieu de cela, certains des rapports qui datent de cette année proviennent de plus en plus des régions isolées.

Couverture du DVD rassemblant les recherches du groupe en vente sur leur site

En ce qui vous concerne, quelles sont vos conclusions sur le phénomène OVNI ?

A.K : Approximativement, 20 % des observations d’OVNI demeurent inexpliquées. Pour cette raison, nous ne pouvons en tirer aucune conclusion. Il y a toujours des éléments pour certaines théories, mais elles ne résistent pas à un examen minutieux.

Pouvez-vous nous parler de vos recherches dans le domaine du Paranormal ?

A.K : Nous avons constaté qu’il y avait très peu d’intérêt pour la recherche sur les activités paranormales en Australie. Aussi nous avons décidé de combler ce vide en faisant de la recherche innovante et active. Nous expérimentons différentes idées et actions, particulièrement avec la spectrométrie extra-visuelle. Dans certains cas, des rencontres rapprochées et le Paranormal se complètent l’un l’autre. C’est un autre secteur sur lequel nous travaillons. D’ailleurs, une partie est disponible sur notre site.

Pouvez-vous nous dire s’il y a eu des livres qui soient sortis sur le phénomène OVNI ou les phénomènes paranormaux ces derniers mois en Australie ?

A.K : Il n’y a pas eu de nouveaux livres Australiens qui soient sortis ces derniers temps. Mais nous avons une publication bimensuelle The Phenomenon Times qui est disponible lors nos réunions publiques et qui fournit des détails concernant les derniers rapports d’observations non expliqués.

Souhaiteriez-vous dire quelque chose aux chercheurs Français sur les OVNI et le Paranormal ?

A.K : Je voudrais leur apporter mon soutien et leur dire de persévérer. Vous êtes dans un pays qui semble être ouvert sur ces deux phénomènes à la fois. C’est un gros avantage en soi. En conclusion, je voudrais mettre l’accent sur le travail en équipe. Travailler ensemble vous incitera à faire beaucoup plus.

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Interview faite par Internet en Août 2007
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Pour plus de renseignements : UFO PRSA

5 août 2007

OVNIS : Ce qu’ILS ne veulent pas que vous sachiez. Un livre bizarre de Pierre Lagrange. Notes de lecture par Gildas Bourdais

Ce nouveau livre de Pierre Lagrange a un curieux titre : qui sont donc ces « ILS », en majuscules, et que veulent-ils nous cacher, sur les ovnis ? Pour ceux qui ne connaissent pas Lagrange, le sous-titre peut faire croire que l’auteur va nous dévoiler les basses manœuvres des « debunkers », c'est-à-dire des gens qui s’emploient à mettre en doute, à dénigrer l’existence des ovnis : « Armée, services secrets, « debunkers » et autres maîtres de l’intox… ». Eh bien non ! C’est déjà le premier piège d’un livre qui en compte énormément, car c’est exactement le contraire que Lagrange s’emploie à démontrer, avec toutes sortes de raisonnements et d’arguments compliqués, dans ce livre de 370 pages : pour lui, les vrais debunkers sont ceux qui dénoncent le debunking, et plus précisément l’idée que les Etats-Unis possèdent, sur les ovnis, des connaissances secrètes qu’ils nous cachent. Oui, explique Lagrange, c’est vrai que les Américains ont pratiqué une politique de secret, mais c’est en réalité pour nous cacher qu’ils n’y comprennent rien ! Ecoutez bien cela, braves gens, il n’y a pas d’autre secret que celui-là. Et ceux qui pensent le contraire, s’appuyant sur de nombreux témoignages, ce sont eux les vrais menteurs, les vrais debunkers, les propagateurs d’une idéologie maniaque de la « conspiration », bref, d’un « complot anti-américain ». Voilà, résumée en quelques lignes, la thèse principale de Lagrange, qu’il martèle tout au long du livre, avec les arguments les plus tortueux et fallacieux, comme je vais essayer de le montrer.

L’un des angles d’attaque de Lagrange est de dénoncer un élitisme supposé de la part de ceux qui dénoncent le debunking. Ils pensent que le peuple n’est pas capable de comprendre les choses, nous explique Lagrange. C’est une vision du « grand partage » entre l’élite, qui sait, et le peuple ignorant ! Curieux argument. Comment cela se peut-il ? La « quatrième de couverture » nous ouvre déjà la voie :

« Il montre comment certains experts militaires français, dénonciateurs des prétendus complots de l’US Air Force, reprennent en fait la même démarche, jugeant le grand public trop immature pour être associé au débat et connaître la vérité sur les phénomènes ovni ».

Bigre ! C’est une accusation assez grave qui est portée là par Pierre Lagrange. On découvre rapidement, en accusé principal de cette forfaiture supposée, le Cometa et son fameux rapport de 1999, qui avait eu l’audace d’évoquer le problème du secret américain, notamment dans une annexe sur « Roswell et la désinformation ». Cela lui avait valu d’être attaqué quelques jours plus tard, avec une virulence extrême, par Pierre Lagrange justement, dans un article en pleine page de Libération du 21 juillet, intitulé : «Entre X Files et Independance Day, le rapport « d’experts » publié par VSD alimente la désinformation sur les ovnis en ridiculisant le sujet ». Il est vrai que Lagrange y était épinglé comme « victime » de la désinformation américaine, un mot plutôt gentil, à mon avis.

Essayons de comprendre le pourquoi de cette curieuse accusation d’élitisme, contre un groupe comme le Cometa qui a voulu, au contraire, attirer l’attention, à la fois du gouvernement et du public, sur ce sujet déprécié des ovnis. En fait, nous tenons là un premier exemple – il y en a beaucoup d’autres – d’un procédé très spécial de Lagrange consistant à retourner, à inverser les arguments. C’est ici le cas : leur rapport a été publié par l’éditeur de VSD Hors série, magazine populaire par excellence ! Drôle d’élitisme. On le leur a assez reproché, d’ailleurs… Mais posons-nous la question : où Lagrange veut-il en venir, avec cet argument saugrenu ? A l’idée suivante, élaborée dans la troisième partie, selon laquelle les partisans de théories « conspirationnistes », et les sceptiques qui dénoncent celles-ci comme étant « irrationnelles », sont aussi irrationnels les uns que les autres, et qu’ils font preuve d’un obscurantisme analogue, méprisant pour le peuple ignorant. C’est, pour reprendre les termes de Lagrange, « la théorie du complot obscurantiste contre la Raison » !

Là, je dois dire que Lagrange a bien travaillé pour brouiller les pistes et tout mélanger. On peut lui concéder, effectivement, qu’il y a une forme d’intégrisme chez certains rationalistes combattant de manière obsessionnelle tout ce qui semble menacer l’édifice de la science pure et dure. Un cas d’école est celui de l’Union rationaliste, longtemps présidée par l’astrophysicien Evry Schatzman, grand pourfendeur des ovnis. Mais, en le concédant, vous risquez d’entrer dans la dialectique subtile de Lagrange qui s’emploie ensuite à vous convaincre que, soupçonner des complots et des secrets, c’est tomber tout autant dans l’irrationnel ! Voilà l’astuce, le petit piège dans lequel il essaie de vous attirer. Incidemment, je crains pour Lagrange que son livre ne plaise pas plus aux sceptiques qu’aux ufologues, étant donné qu’il les renvoie dos à dos, en quelque sorte.

Voici un exemple de raisonnement très spécial de Lagrange, qui me vise directement, bien que je ne sois pas nommé. Dès la page 22, il brode sur l’idée que, même dans les rangs des ufologues, il paraît normal de mettre en doute les ovnis tant qu’on ne les a pas étudiés :

« En validant l’idée qu’il est normal de se montrer dans un premier temps sceptique sur la réalité du phénomène, ils laissent entendre que c’est le fait d’accepter cette réalité qui est finalement étrange. En avril 2007, au cours d’une émission animée par Yves Calvi, un ufologue expliquait, en s’inspirant d’une tradition bien établie, que, bien sûr, comme tout le monde, il avait commencé par être sceptique et que c’était là une attitude saine. En validant l’idée qu’il est normal de refuser l’existence des ovnis plutôt que de l’accepter, celui qui cherche à témoigner de son évolution par rapport au sujet apporte un argument supplémentaire en faveur de sa marginalité extrême ».

Notez bien ces expressions, choisies par Lagrange, de réalité finalement étrange, et de marginalité extrême. Il se trouve que l’ufologue non désigné, c’était moi, Gildas Bourdais, et je peux donc expliquer ce que j’ai dit à cette émission C dans l’air. Non, je n’ai pas du tout dit que « c’est le fait d’accepter cette réalité qui est finalement étrange » ! J’ai dit au contraire que, en 1969, après avoir été initialement intéressé par les ovnis, j’avais été convaincu de l’inexistence des ovnis par le rapport Condon, tel que présenté dans la presse à l’époque. Or, trois ans plus tard, en 1972, paraissait le premier livre de l’astronome Allen Hynek, qui avait été pendant vingt le conseiller scientifique de la commission ovni (« Livre Bleu ») de l’Air Force. Il y affirmait, de manière posée et réfléchie, la réalité des ovnis, et il m’avait alors convaincu. Hynek, avec ce livre important, avait justement fait sortir les ovnis de la marginalité où le rapport Condon les avait relégués. Autrement dit, j’ai expliqué exactement le contraire de cette idée de « marginalité extrême » que j’aurais, soit disant, alimentée selon Lagrange. Son livre est rempli d’arguments biaisés et tordus comme celui-là, et il faudrait écrire un autre livre pour les décortiquer et les désamorcer, page par page.

On retrouve, dans ce livre, la virulence de son article de Libération de 1999, qui contraste avec son comportement souvent assez « cool » à la télévision. Ainsi, ceux qui ont osé parler en France de ce problème de secret et de désinformation aux Etats-Unis, se font incendier par Lagrange, les uns après les autres. Il commence par déceler cette dérive calamiteuse chez Jean-Jacques Velasco, alors qu’il était encore le responsable du SEPRA. J’ai le plaisir de confirmer cette coupable dérive, en ayant discuté avec lui dès 1995 à l’occasion d’une émission de France 3 (on ne peut pas dire, incidemment, que France 3 ait progressé depuis : l’émission de 1995 était bien meilleure que la triste émission Pièces à conviction du 29 juin dernier). En juin 1997, également, Velasco avait contredit en direct, au journal de LCI animé alors par David Pujadas, Pierre Lagrange qui y présentait comme la Bible le second livre du Pentagone sur Roswell, intitulé bravement The Roswell Report. Case Closed. Ce livre, qui a fait beaucoup tiquer, même les grands médias américains, expliquait que les témoignages sur les cadavres non-humains vus à Roswell en juillet 1947 étaient une confusion avec des mannequins en bois pour essais de parachutes, qui avaient eu lieu dans les années 50, donc bien après. Mais Lagrange, lui, avait trouvé ce livre très bien : rien à dire, c’était la vérité, forcément, puisqu’elle venait du Pentagone ! Velasco, comme moi, n’était pas de cet avis, et je l’en avais remercié en direct.

Pierre Lagrange s’attaque, en premier lieu, au rapport du Cometa. Il se permet d’affirmer, par exemple, que c’est l’œuvre d’un seul homme (qui « tirerait toutes les ficelles ») pour en diminuer la portée, bien entendu. Il se fait ainsi l’écho d’une rumeur tenace, lancée notamment par Jean-Pierre Petit et Jacques Vallée. Laissons de côté les tristes règlements de compte personnels, et disons seulement que c’est complètement faux. Lorsque Lagrange a attaqué le rapport du Cometa en 1999, parallèlement avec Perry Petrakis et Jenny Randles sur Internet, j’ai décidé aussitôt de les défendre. J’ai alors fait la connaissance de ce groupe que je ne connaissais pas, et ils m’ont expliqué qu’ils avaient travaillé pendant trois ans dans des réunions régulières, animées par le général de l’armée de l’Air Denis Letty, chacun apportant sa contribution. Celles-ci étaient discutées par le groupe de travail, parfois âprement, jusqu’à un accord complet sur le texte final. Plutôt que de colporter ce ragot ridicule d’un rapport écrit pas un homme seul, Lagrange aurait mieux fait de se renseigner sérieusement.

Pierre Lagrange s’en prend, ensuite, violemment à François Parmentier et à son excellent livre OVNIS. 60 ans de désinformation (Editions du Rocher, 2004). Il accuse notamment l’auteur d’être à la botte du Cometa, dans un chapitre virulent, intitulé « OVNIS : trois cents pages de désinformation ! ». Il se trouve que je connais assez bien Parmentier, et je peux affirmer qu’il n’est pas du genre à être à la botte de qui que ce soit. Cette accusation est stupide, tout simplement. Il est vrai que Lagrange en prend pour son grade dans ce livre, qui est à lire par tous ceux qui veulent comprendre quelque chose de l’ufologie mondiale. Quoi qu’en dise Lagrange, qui ergote sur certains aspects difficiles, sur lesquels la plupart des lecteurs n’ont aucune idée, c’est un livre solide et bien documenté qui démonte avec précision la politique du secret aux Etats-Unis. Nombreux sont ceux qui ont salué ses qualités, tels Yves Sillard (j’y reviens plus loin), le professeur Auguste Meessen, et le journaliste Stéphane (pas Sylvain !) Allix. Je renvoie le lecteur à l’article du professeur Meessen, qui y commentait également mon livre sur Roswell à :

Mais voyons, sur un exemple, la démarche de Lagrange pour le critiquer.

Lagrange cite un document bien connu, la lettre du général Twining, qui est discutée par François Parmentier dans son livre. Rappelons que ce général, commandant les services techniques de l’armée de l’Air américaine (AMC, Air Materiel Command), avait signé une lettre, datée du 23 septembre 1947, faisant un premier bilan de cette vague de « soucoupes volantes », à la demande du général Schulgen, chef adjoint des services de Renseignement au Pentagone. La lettre confirmait d’abord la réalité des ces engins, avec une description précise de leur aspect et de leurs performances extraordinaires. Remarquons ici que cette lettre, classée secrète à l’époque, a été publiée… en annexe du rapport Condon de 1969, qui concluait à l’inexistence des ovnis. Or cette lettre, à elle seule, prouvait le contraire ! Mais venons-en au point qui fait encore débat aujourd’hui. Le général Twining exprimait ensuite l’opinion (au § f) qu’il serait peut-être possible, un jour, de construire des engins plus ou moins comparables, mais que ce serait extrêmement coûteux, en temps et en argent, et que ce serait au détriment d’autres projets importants en cours. La lettre prenait alors un tour curieux car le général Twining évoquait ensuite (§ g) la possibilité que ce soient malgré tout des engins « domestiques », inconnus de ses services comme de ceux du général Schulgen. Il y a une contradiction entre ces deux paragraphes. En réalité, il était hautement improbable que ces directions importantes de l’armée de l’Air n’aient pas été au courant d’un tel projet s’il avait réellement existé. Ces ovnis n’étaient pas des « engins domestiques » et, d’ailleurs, le général Schulgen, justement, en avait déjà informé le FBI par lettre du 5 septembre. On voit ainsi que la lettre de Twining devenait moins claire, tout d’un coup. Or, le général Twining mentionnait ensuite « l’absence de preuve physique sous la forme de pièces récupérées après un crash qui permettraient d’établir de manière indéniable l’existence de ces objets ». Voilà, clament tous les sceptiques sur Roswell, la preuve qu’il n’y a pas eu de crash. Seulement, l’argument est faible car il méconnaît le sens et la portée de la lettre, qui se terminait par un appel urgent à tous les établissements publics de recherche, aussi bien civils que militaires, pour transmettre et étudier impérativement toutes les observations et données disponibles sur les ovnis. En fait, si un ovni avait été récupéré en grand secret, début juillet, près de Roswell, cela ne pouvait absolument pas être évoqué dans une telle lettre, destinée à une assez large diffusion, et classée à un niveau moyen de secret. En revanche, cette lettre n’était pas du tout incompatible avec une telle découverte, et c’est ce que François Parmentier explique avec raison dans son livre. On peut faire la même objection à un document analogue, cité bien entendu par Lagrange, écrit par le colonel McCoy en 1948. Bien d’autres auteurs partagent ce point de vue, par exemple les excellents chercheurs américains Michael Swords et Bruce Maccabee. J’avais détaillé tout cela, notamment, dans mon livre OVNIS. 50 ans de secret, publié en 1997 par l’éditeur actuel de Lagrange (on a parfois, il faut l’avouer, l’impression de reculer !) Or, qu’en fait Lagrange ?

Faites bien attention à la suite du raisonnement. Lagrange reproche alors à Parmentier d’accréditer l’hypothèse du crash de Roswell en 1947, et donc d’une politique du secret de l’Air Force depuis cette date, et il s’exclame avec indignation que « défendre une telle thèse revient à réécrire l’histoire des sciences » (page 102). Comment peut-il monter ainsi sur ses grands chevaux ? Il faut citer ici le commentaire de Lagrange, tellement il est curieux et fumeux :

« Cette thèse suppose deux choses : qu’il existe un savoir positif sur les ovnis (et donc sur d’autres sujets) et que la définition de la réalité n’est pas le résultat d’un travail, mais d’un constat ». Et il conclut : «la thèse de Parmentier revient à dire que la réalité relève du constat, existe, que certains connaissent la vérité et qu’à partir de là il suffit d’obtenir des aveux des autorités ».

Pourquoi donc ne pourrait-on faire des constats ? Moi, je constate que j’ai les pieds sur terre (au sens propre). Je ne sais pas bien pourquoi, mais je le constate. Toute connaissance rationnelle, scientifique, commence ainsi, par des constats, me semble-t-il. Dans l’affaire de Roswell, que constatons-nous ? Que l’armée de l’Air avait commencé par annoncer la découverte d’un ovni, puis l’avait niée précipitamment avec une histoire de ballons, qui a varié dans le temps mais qui ne tient toujours pas debout, et que, en revanche, il y a une multitude de témoins crédibles, dont le nombre vient encore de s’accroître, sur la découverte d’un ovni. En conséquence de quoi, l’hypothèse d’un accident d’ovni maintenu secret mérite pour le moins d’être sérieusement considérée, au lieu d’être frappée de cette condamnation alambiquée.

Sur ces deux points, ballons et témoins, je renvoie le lecteur à deux de mes articles, le premier sur le livre de Karl Pflock (publié en français à l’instigation de Lagrange) : « Roswell, l’ultime enquête. Le flop de Karl Pflock », et le second sur le festival de Roswell et les nouveaux témoins, rassemblés dans le livre remarquable de Tom Carey et Donald Schmitt Witness to Roswell : « Le festival de Roswell 2007 et les nouveaux témoins sur l’accident d’un ovni ». On les trouvera sur le site du GREPI

Tout le chapitre de Lagrange sur Parmentier est de ce calibre-là, et le comble est atteint lorsqu’il qu’il finit par soupçonner son livre d’être « une vaste opération de désinformation », dans laquelle Lagrange englobe d’ailleurs le Cometa et d’autres, qui « imposent leurs idées paranoïaques au mépris du débat scientifique » (page 133) ! Citons encore une tirade digne de rester dans les annales de l’ufologie la plus ringarde :

« Parmentier a voulu établir un dossier digne des enquêtes de l’équipe d’Elise Lucet, il a tout juste réussi à sortir un mauvais sketch des Guignols » (Page 128).

L’émission de France 3, citée comme modèle : quelle gaffe ! Nous aurons la bonté de supposer que le livre était déjà imprimé avant la triste émission du 29 juin dernier.

Pierre Lagrange, en revanche, semble éviter de s’attaquer à la personne d’Yves Sillard, et à son livre collectif Phénomènes aérospatiaux non identifiés. Un défi à la science (Le Cherche Midi, 2007). Sillard, qui avait créé le premier groupe d’études ovni, le GEPAN, en 1977, alors qu’il était Directeur général du CNES, est maintenant président du comité de pilotage du nouveau service d’étude, le GEIPAN, et il reste donc un homme important, à ménager. Tout au plus, Lagrange déplore-t-il la présence de Parmentier dans le livre. Mais c’est cohérent avec les déclarations publiques d’Yves Sillard qui a bien critiqué publiquement, lui aussi, la politique américaine de secret sur les ovnis.

Que dire de l’abondante documentation ? Le livre de Lagrange peut donner une impression de sérieux, avec plus de 140 pages de documents en annexes. Mais c’est un dossier curieux, déséquilibré. Lagrange consacre pas moins de 43 pages aux débuts de la première vague de « soucoupes volantes » en 1947 (il aime cette expression désuète, un peu ridicule), avec l’observation de Kenneth Arnold, et l’affaire très obscure de Maury Island, au moins de juin, où entrent en scène pour la première fois des « hommes en noir ». Mais ensuite il passe directement aux démêlés de l’Air Force avec le FBI, avec une série de lettres qui commence le 10 juillet. Ces documents, certains très connus, sont intéressants car ils montrent une démarche tortueuse de l’Air Force pour mener en bateau le FBI, en lançant ses agents à la chasse aux « couvercles de poubelles et autres sièges de W.C », pendant que l’armée s’occuperait des cas sérieux. Mais la manœuvre, ayant été éventée, avait provoqué une grosse colère du Directeur Edgar Hoover dans une lettre célèbre au général McDonald. Cependant, il y a un gros trou entre les deux chapitres : rien sur l’affaire de Roswell ! Ou plutôt, Lagrange nous explique une fois de plus que ce n’était qu’un incident de rien du tout. Eh bien si, le communiqué de presse de la base de Roswell, révélant la découverte d’un « disque volant », et le démenti du soir, constitue le point culminant de la vague de 1947, comme on le voit bien, par exemple, dans le New York Times des premiers jours de juillet. La vague des « soucoupes » suscite alors de plus en plus d’intérêt, s’installant en première page, jusqu’au démenti de Roswell, qui fait le plus gros titre du journal du 9 juillet. Dès le lendemain, le sujet des soucoupes retombe en fin de journal, avec un petit article ironique (voir à ce sujet mon livre Roswell. Enquêtes, secret et désinformation, JMG, 2004). Il n’est pas exagéré de dire que le rideau du secret sur les ovnis est tombé, dès le soir du 8 juillet 1947, avec le démenti de Roswell. Ce n’est pas une petite affaire, mais vous n’avez aucune chance de vous en rendre compte en lisant le livre de Pierre Lagrange. La colère de Hoover est un épisode intéressant, mais mineur, en comparaison.

Il me faut encore commenter les critiques de Lagrange contre moi et mon livre sur Roswell, qui finissent pas arriver, page 199. Première critique : j’ai cité de travers, prétend Lagrange, l’ancien capitaine Sheridan Cavitt qui avait accompagné le Major Marcel sur le champ de débris de Brazel, en juillet 1947. Interviewé longuement dans le Roswell Report de l’Air Force, publié en 1995, c’était pour lui le moment où jamais de se rappeler qu’il avait trouvé un train de ballons « Mogul », or il s’y est refusé obstinément, s’en est tenu au mensonge initial de l’unique ballon météo. Cavitt s’est même payé le luxe de se moquer de Karl Pflock, l’appelant « notre meilleur debunker ». J’ai souligné que, par cette attitude, Cavitt apparaissait indubitablement comme un témoin négatif contre Mogul. Commentaire, méprisant, de Lagrange :

« Outre que l’on peut interpréter ce propos de façon bien plus prosaïque et qu’il faut s’appeler Gildas Bourdais pour y voir une preuve (les ufologues américains ont curieusement laissé de côté cette « preuve »), l’idée que l’Air Force ait pu laisser passer une bourde pareille dans son propre rapport relève soit du trait d’humour soit du suicide programmé ».

Cette phrase est sidérante d’esbrouffe désinvolte. D’abord, Lagrange se dispense de proposer une explication plus prosaïque : il lui suffit d’affirmer que c’est possible, en somme. Ensuite, il est faux que les ufologues américains n’aient pas remarqué cette curieuse déclaration de Cavitt. C’est Kevin Randle qui avait, le premier, attiré l’attention dessus, dans son bulletin Roswell Reporter du printemps 1995 (l’interview était de mai 1994). En 2001, J’ai cité cette phrase assez dévastatrice de Cavitt dans un message sur la liste UFO Updates, et le physicien Bruce Maccabee l’a commentée ainsi dans un message du 15 août 2001 (« Review of Pflock’s Roswell ») : « C’est pourquoi je dis que Cavitt est l’un des témoins les plus solides en faveur de Roswell comme événement non ordinaire (« anomalous »). Amusant ! » Il faut savoir que Maccabee est très pince-sans-rire. Il a d’ailleurs écrit tout un commentaire sur Cavitt, intitulé « Cavitt Emptor », sur son site

Pour étayer l’idée que l’Air Force n’aurait pas laissé passer une telle bourde dans son Roswell Report, Lagrange fait plus loin ce commentaire élégant : « Si l’armée avait voulu désinformer à tout prix, il lui était facile de manipuler le témoignage de Cavitt » (p. 200). Eh bien non, ils ne l’ont pas fait, car ils ont peut-être eu l’intelligence, tout simplement, de se douter que Cavitt, découvrant cela, aurait pu réagir publiquement. A mon avis, ce n’est pas une bourde, ni une plaisanterie. C’est un message de Cavitt, qui dit à peu près ceci : « Ecoutez, j’ai déjà avalé en 1947 un gros mensonge avec le ballon météo. Ne me demandez pas d’en avaler un autre, plus gros encore, avec Mogul ».

Dans la même veine, Lagrange se moque de moi quand je remarque que le vieux professeur Charles Moore, qui a soutenu le scénario du train de ballons Mogul, avouait dans son livre ne pas se souvenir du lancement en question, ce qui ne l’avait pas empêché d’affirmer qu’il avait sans doute été lancé dans la nuit , et de bricoler les données météo pour arriver à le faire atterrir sur le champ de débris. En fait, le responsable en chef des lancements, Albert Crary, a écrit dans son journal que le lancement avait été annulé pour cause de temps couvert cette nuit-là (voir mon article cité plus haut). Autre commentaire désinvolte de Lagrange : « Si Moore était le manipulateur que prétend Bourdais, pourquoi donc aurait-il inventé cette explication de ballons sans inventer aussi les souvenirs qui vont avec ? » Il se trouve que j’ai correspondu avec Charles Moore. C’était un homme coléreux mais qui avait un fond d’honnêteté. Il s’était persuadé de la justesse de la théorie Mogul, mais ne se rappelait pas du lancement. Figurez-vous, Lagrange, qu’il n’était pas du genre à inventer un faux souvenir !

Lagrange croit pouvoir m’épingler à nouveau, au sujet de Karl Pflock. L’ayant rencontré en 1995 au congrès du Mufon, je l’avais obligé à admettre qu’il y avait eu, au-dessus du champ de Brazel, une violente explosion. Or, des ballons météo gonflés à l’hélium ne peuvent certainement pas provoquer une énorme explosion. Pflock en avait convenu de mauvaise grâce, mais cela ne l’avait pas gêné pour réaffirmer deux heures plus tard, lors du panel final du congrès, la théorie Mogul. Bagatelle, ironise Lagrange : « Pour moi, c’est plutôt la preuve que Pflock voulait se débarrasser de Bourdais et de ses remarques « à côté de la plaque » sans trop le froisser ». Et voilà, il ne faut pas se gêner, selon Lagrange, on peut toujours raconter n’importe quoi !

Encore un exemple et je m’arrête. J’ai expliqué, dans mon livre sur Roswell, que Irving Newton, l’officier météo de Fort Worth que le général Ramey avait convoqué brièvement dans son bureau pour identifier le ballon météo et sa cible radar, a fait des récits différents de l’incident. Dans le premier, rapporté aux enquêteurs privés, il dit que le Major Marcel, qui était là, avait essayé de se donner une contenance en lui demandant s’il ne voyait rien d’anormal. Mais dans son second récit, fait aux enquêteurs de l’Air Force et publié dans le Roswell Report, il a modifié légèrement son récit, juste ce qu’il fallait pour faire passer Marcel pour un idiot. Totalement faux, s’exclame Lagrange : « Il suffit de lire les témoignages pour constater que Newton ne varie pas d’un pouce et ne se contredit aucunement » (p. 201).

Eh bien si, il a changé son récit, Newton ! Il en a même donné trois versions, en fait. Je l’ai expliqué en détail dans mon livre Roswell. Enquêtes, secret et désinformation (p. 233). Dans la première version, Newton ne mentionne même pas la présence de Marcel (version racontée à William Moore, publiée dans son livre de 1980, pp. 39-40 de l’édition de poche). Il n’était resté qu’un instant, avait identifié immédiatement les restes d’un banal ballon météo avec sa cible radar, et avait été congédié When I had identified it as a balloon, I was dismissed »).

Dans une deuxième version, racontée à Randle et Schmitt et publiée dans leur premier livre (UFO Crash at Roswell, 1991, pp. 73-74), Newton commence à dire que Marcel cherchait à sauver la face en lui demandant s’il était bien sûr qu’il s’agissait d’un ballon normal : « Newton dit qu’il pensait que Marcel essayait de sauver la face et ne pas avoir l’air d’un idiot qui ne pourrait faire la différence entre un ballon et quelque chose d’extraordinaire » (« Newton said that he tought Marcel was trying to save face and not seem to be a jerk who couldn’t tell the difference between a balloon and something extraordinary »).

Puis, lors d’un nouveau témoignage publié par l’Air Force (premier rapport de juillet 1994, puis Roswell Report d’octobre 1995), Newton prétend que Marcel a ramassé des bouts de baguettes de la cible radar et a essayé de le convaincre qu’il y avait dessus des inscriptions extraterrestres. Newton ajoute qu’il y avait bien des inscriptions délavées, de couleur rose ou lavande, sans « rime ni raison » (un bon point pour Mogul !), mais que Marcel ne l’avait pas convaincu que c’étaient des écrits extraterrestres (« While I was examining the debris, Marcel was picking up pieces of the targets sticks and trying to convince me that some notations on the sticks were alien writings. There were figures on the sticks, lavender or pink in color, appeared to be weather faded markings with no rhyme or reason (sic) He did not convince me that these were alien writings »). Il y a là un flagrant délit de mensonge éhonté car, sur les photos très détaillées de ces débris, on ne voit absolument aucune inscription !

Encore un mot sur Newton. Le professeur Charles Moore m’a passé des documents, dont une lettre de Newton à Robert Todd, écrite en 1993. Il y racontait même que, dans ces débris de Fort Worth, les baguettes de la cible radar n’étaient pas en bois mais en plastique solide (« I don’t think the beams were wooden, but rather a tough plastic »). Or le Roswell Report de 1000 pages ne parle nullement de cibles radars montées sur baguettes en plastique. Enfin, il faut savoir que le Major Marcel avait suivi des cours sur les radars, à Langley en 1945, et n’ignorait rien de ces modestes cibles radar ! Disons le clairement, Irving Newton a raconté n’importe quoi, et il faut s’appeler Pierre Lagrange pour ne pas voir la dérive de son témoignage, très opportune pour l’Air Force.

En bref, que penser de tout cela ? Il y a une idée simple et forte qui s’impose une fois de plus, celle d’un très gros problème de secret sur les ovnis, principalement aux Etats-Unis, qui commence à l’époque de l’incident de Roswell, et même peut-être avant. Et la question que l’on peut se poser, plus que jamais, c’est : combien de temps cela va-t-il pouvoir encore durer ?

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Gildas bourdais - Août 2007
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