3 déc. 2009

CRYPTOZOOLOGIE : INTERVIEW DE PHILIPPE COUDRAY - GUIDE DES ANIMAUX CACHES - TRAITE DE CRYPTOZOOLOGIE


Philippe Coudray, vous venez de publier aux Editions du Mont, un très bel ouvrage intitulé Guide des animaux cachés - Traité de Cryptozoologie. Pouvez-vous nous dire dans un premier temps quel est le but d'un tel livre ? Comment vous êtes-vous intéressé à ce domaine qu'est la Cryptozoologie ?

Philippe Coudray : Au départ, on écrit toujours un livre pour soi-même, afin de fabriquer celui qu'on rêverait de trouver en libraire. Je me suis intéressé à la cryptozoologie le jour où mon frère m'a offert un livre de Robert Hutchison racontant une expédition yéti des années 80. J'ai ensuite cherché tous les ouvrages disponibles sur le sujet pour en savoir plus, et j'ai découvert, stupéfiait, que le yéti n'est que la pointe de l'iceberg... Les connaissances sont denses, mais éparpillées dans de nombreux ouvrages, ne présentant presque jamais de cartes. J'avais envie d'y voir plus clair. Ce livre a été fait dans ce but. J'y associe aussi le désir d'une vulgarisation du sujet afin de voir apparaître de nouveaux chercheurs.

Railalomena - Copyright P.Coudray


Ce qui me surprend le plus dans votre ouvrage, c'est la multiplicité de la présence de ces animaux cachés sur pratiquement chaque continent. Quel a été votre critère de sélection pour inclure (ou pas), ces animaux dans votre guide ?

P.C : En effet, chaque forêt primaire contient son animal caché. Cette multiplicité reflète l'étendue de notre ignorance, et l'étendue de la connaissance de la nature par les indigènes. J'ai éliminé très peu d'animaux, dans un souci d'exhaustivité : Seulement ceux pour lesquels les croyances superstitieuses se mélangent trop à des observations réelles, ce qui donne des animaux invraisemblables, comme le Chupacabra d'Amérique du Sud, qui doit correspondre à un être de type Bigfoot mais que certains décrivent comme sautant de toits en toits avec des ailes de chauves-souris, ou l'animal observé en Australie qui nage avec ses oreilles, à mon avis, une confusion avec le Bunyip, sorte de phoque marsupial qui lui, fait partie de mon livre.

Tête de Bigfoot - Copyright P.Coudray

L'intérêt de vôtre livre, c'est qu'il est parfaitement accessible au non-initié, c'est-à-dire à quelqu'un qui n'a jamais lu un livre de Cryptozoologie. Cela faisait-il partie du cahier des charges pour la création de ce guide ?

P.C : Oui, je pense que, sauf quand on parle de physique quantique, on peut être clair en parlant de tout. Ainsi, ce livre, qui servira d'aide-mémoire aux initiés, peut s'adresser aussi aux enfants. Le but est de créer de nouvelles vocations chez les jeunes pour assurer la continuité de la recherche.

Pour les 150 espèces d'animaux et d'hominidés, dont vous parlez, on trouve autant d'illustrations, vraiment très réussies, dont vous êtes l'auteur. A partir, de quel document, vous êtes-vous inspiré ?

P.C : Pour la plupart, il n'existe pas de photos. J'ai donc pris le risque d'une part d'interprétation personnelle, à partir des descriptions des témoins. Cependant, les "cryptides" sont mieux connus. : Ceux qui sont des animaux phéhistoriques survivants, comme le Moa, ceux qui ont disparu mais sont toujours observés, comme le Thylacine ou le grand pingouin, ou l'homme sauvage d'Asie Centrale dont on possède les photos du cadavre congelé découvert par Bernard Heuvelmans. Dans les autres cas, il s'agit uniquement de descriptions.

Empreinte d'Homme sauvage - Copyright P.Coudray

Pour chaque espèce, on trouve également dans votre guide, un système de localisation par carte géographique. Ce qui permet un répérage plus aisé et immédiat sur la Planète. Quel est pour vous le continent qui contient le plus d'espèces dites "inconnues" ?

P.C : J'ai passé beaucoup de temps à réaliser les cartes, car beaucoup de noms de rivières ou de régions ont changé ou sont introuvables. Je tenais beaucoup à cette localisation géographique visuelle. Je dirais que l'Afrique centrale est peut-être la région la plus riche, mais que l'Asie contient le plus d'hommes sauvages d'espèces distinctes. Nous manquons toutefois d'informations concernant l'Amérque du Sud.

Teh-lma - Copyright P.Coudray



Je remarque aussi qu'un même animal peut prendre plusieurs noms différents, selon les témoignages de plusieurs tribus d'une même région. Pensez-vous que le nombre d'animaux peut-être alors considérablement réduits, compte tenu de ce facteur important ?

P.C : Il est en effet possible que certains cryptides puissent être réunis en un seul, quand les noms différents s'accompagnent de descriptions peu précises donc différentes. Ainsi, les nombreux nains velus d'Afrique ne sont peut-être qu'une seule espèce. Toutefois, il a existé de nombreux espèces d'Australopithèques en Afrique. Il y a plusieurs types de chimpanzés et de gorilles, il y a le bonobo... Donc il peut aussi y avoir plusieurs espèces de nains velus. Seule leur découverte pourra trancher. On retrouve le même problème pour les "dinosaures d'Afrique". Globalement je ne pense pas que ce facteur réduirait considérablement le nombre d'espèces.

Lion forestier - Copyright P.Coudray

Pensez-vous qu'il existe en France (compte tenu de la désertification de certaines régions depuis de nombreuses années), des espèces dites "inconnues ou disparues" ?

P.C : Contrairement à l'Amérique du Nord qui contient d'immenses forêts, tout le territoire français est quadrillé de routes, autoroutes, clôtures... Il reste très peu de forêts originelles. Toutefois, des hommes sauvages de type Asie Centrale ont été décrits jusqu'à une époque récente dans les Alpes et les Pyrénées. A cause de l'exode rurale et du retour des friches, il est possible qu'il y ait un retour dans les Alpes, au même titre que le loup. Des témoignages très récents vont dans ce sens (2001, frontière de l'Italie et de la France). Et dans les Pyrénées françaises pourraient contenir une population relique très réduite, mais cela reste vraiment à démontrer ! De plus le ver à pattes autrichien pourrait exister aussi dans les grottes des Pyrénées. Des varans ont été décrits dans les Pyrénées, au sud de Lourdes, jusqu'à la fin du XIXe siècle. Enfin, les côtes marines françaises peuvent être le théâtre d'apparitions inattendues. Il ne faut négliger aucune piste !
De tous les animaux dont vous parlez dans votre livre, quel a été celui pour lequel vous avez eu une tendresse particulière ?

P.C : Je suis particulièrement sensible aux hominidés, et peut-être attiré particulièrement vers les nains velus du Mozambique, à la toison rousse et la démarche élégante, de mignons petits bipèdes !


Oucoumar - Copyright P.Coudray

Pensez-vous que toutes ces espèces inconnues sont en danger, compte tenu de la pollution à outrance, et de la destruction par l'homme, des habitats naturels ?

P.C : Oui, beaucoup sont en danger. Toutefois, les grandes forêts d'Amérique du Nord, qui abritent le Bigfoot, ont des chances de perdurer. Il en est de même de la plupart des forêts de montagnes, difficilement accessibles et peu praticables pour la culture. La biodiversité sera sauvée par les montagnes !


Petit Yéti Himalayen - Copyright P.Coudray

C'est anecdotique, mais j'ai vu que la Région Languedoc-Roussillon, avait soutenu, la réalisation de votre ouvrage. Quand on sait que le monde scientifique voit d'un très mauvais oeil ce domaine majeur qu'est la Cryptozoologie, comment expliquez-vous qu'une institution ai pu soutenir la parution de votre guide ?

P.C : Je n'ai pas eu l'occasion de rencontrer les personnes de la Région Languedoc-Roussillon qui ont soutenu l'ouvrage. C'est la région des Editions du Mont. J'habite Bordeaux. On peut trouver dans les institutions, et même dans le monde scientifique des esprits ouverts, c'est finalement une question de personnes.
Pouvez-vous nous dire si vous avez d'autres projets dans le même domaine ?

P.C : Je souhaite que ce livre se vendra suffisamment pour générer des rééditions tous les trois ou quatre ans, que je mettrai à profit pour y inclure les nouvelles découvertes éventuelles. Par ailleurs, j'ai l'intention de continuer les voyages en Colombie Britannique à la recherche du mystèrieux Bigfoot, qui s'est manifesté en 2008 autour de notre camp par de violents coups de bâtons contre les trons d'arbres. Je suis convaincu que le Bigfoot n'est pas rare et que des pièges optiques finiront par le photographier.

___________________________________________________________
Interview faite par Internet en Novembre 2009
__________________________________________________________

Aucun commentaire: